samedi 8 novembre 2008

Au PS


Quelques commentaires sur les résultats du vote interne au Parti Socialiste.


- La motion soutenue par S.Royal (en fait le premier signataire en est Gérard Collomb, maire de Lyon) est arrivée en tête, à la surprise de beaucoup, avec 29%. F. Hollande, toujours premier secrétaire, avait répété, il y a peu, ce qu’il avait dit auparavant, à Wingles, aux chantiers PS du Pas-de-Calais, que la synthèse devrait se faire autour de la motion arrivée en tête, et il espérait fortement que ce serait celle qu’il soutient, à savoir celle de Delanoë. Il semblerait qu’il soit revenu, hier, de manière alambiquée, sur cette position… Ségolène Royale avait clairement affirmé, notamment au moment des Présidentielles, combien elle se sentait proche du Modem. C’est contre ce positionnement que les autres motions se sont déclarées. La crise financière aidant, Ségolène R a affirmé, ces dernières semaines, qu’elle était " à gauche toute ". Ce changement de pied ne va pas faciliter sa volonté de se poser comme leader du Parti et, à vrai dire, son show, au Zénith, en octobre, que certains ont comparé aux séances extatiques des Evangélistes états-uniens, lui a fait perdre une certaine crédibilité…


- Le texte signé par Delanoë, est arrivé à 4 points de celui de SR. Le Maire de Paris a du être déçu, car il avait déclaré espérer plus de 50% (il n’a réalisé que 38% sur Paris !)… Lui a coûté très cher le fait qu’il se soit déclaré libéral : certes, il a précisé, ensuite, qu’il était libéral politiquement et pas économiquement. Mais le mal (!) était fait, d’autant plus que ces dernières semaines, la mode est plutôt à l’anti-capitalisme et par assimilation (cela mériterait d’ailleurs d’être approfondi) à l’anti-libéralisme. Seule leur volonté partagée d’être le leader a empêché que lui et Martine Aubry ne se rapprochent (les egos, diront certains, dont je ne suis pas ; on ne peut pas chasser d’un revers de main l’ambition, en politique comme ailleurs : encore, faut-il, à un certain moment, savoir se retirer…pour le bien commun).


- Martine Aubry (que j’ai soutenue) n’a pas de raison d’être déçue, malgré ce qu’elle disait, en privé, hier : son score (au coude à coude, avec la motion de Delanoë, au moment où j’écris) est celui que l’on prévoyait généralement. La "dame des 35 heures", s’est magistralement imposée, en mars dernier, à Lille et dans la Métropole, après avoir démontré toutes ses qualités de gestionnaire. Tout au plus peut-on regretter qu’elle n’ait pas plus sillonné les sections PS de France, car, dans certaines régions, ses résultats sont très faibles…


- La gauche du Parti, menée par Benoît Hamon a obtenu 19%, bien au-delà des pronostics. La crise et sa jeunesse (41 ans) l’ont bien servi… C’est un garçon brillant et qui ne figure pas parmi les " éléphants " du Parti : le renouveau du PS se fera avec des personnes comme lui. Notons la démission de Jean-Luc Mélanchon et de Marc Dollez (du Nord), figures de prou du PS, depuis longtemps. Arguant du fait que l’ancrage à gauche du Parti n’était plus réel, ils sont partis avant le Congrès de Reims, ce qui me fait dire que cela était prémédité : c’est décevant de la part de ces hommes de qualité. Nul doute qu’il vont tenter de créer l’équivalent du parti allemand " De Linke ", en essayant de rallier les communistes, et ceux tentés par le nouveau parti de Besancenot, mais qui refusent de rester à l’écart des affaires, comme le prône le facteur le plus connu de France (je n’ai pas dit du Nord, car Dany Boon prétend à ce titre, chez nous…)
Je crois que Benoît Hamon est incontournable dans les alliances qui vont se nouer.



Remarques personnelles :


- Il faut absolument que les alliances soient conclues avant Reims, afin d’éviter un nouveau Congrès de Rennes, qui serait la mort du PS actuel. " Le sacre ou le massacre de Reims " disait Daniel Percheron, dans une belle formule, hier matin.


- Je pense que Ségolène Royal ne peut pas fédérer le PS, ce qui ne signifie pas que quelqu’un de sa motion puisse en être le pivot. Honnêtement, je ne vois pas qui, pour l’instant…En tous les cas, il faudra attendre ses propositions , tout en sachant qu’une très grande partie des 70 % sont prêts à s’allier…


- Delanoë déçu, je crois qu’il ne s’accrochera pas au leadership qu’il envisageait. Ce qui laisserait la place libre pour Martine Aubry, qui occuperait ainsi la rôle qu’elle (nous, dit-elle) souhaitait : centrale (politiquement, s’entend). C’est mon premier choix, je ne saurais le cacher !


- Si cela n’était pas possible, mon second choix (sans que cela soit péjoratif) se porterait sur Benoît Hamon, qui serait un symbole du renouveau et de la qualité de la nouvelle génération montante au PS.

- En tout état de cause, Martine A et Benoît H sont appelés à jouer les premiers rôles dans l’avenir du PS. Ce n’est pas un scoop de dire que tous les 2 sont, depuis plusieurs mois, prêts à travailler, ensemble, à l’avenir du PS et de la gauche en général (tous les 2 ont un discours propre à rallier le PC et les Verts).


Enfin, je souhaiterais exprimer ce que j’attends de la nouvelle direction du PS :
- une nouvelle organisation, permettant aux militants de s’exprimer, en sachant s’émanciper, quand il le faut, des élus;
- une modernisation des pratiques : parité, limitation des mandats, place aux minorités, insuffisamment représentées, respect des valeurs (peut-on admettre les "incidents" signalés tels qu'achats de cartes, refus de faire voter des militants pourtant à jour de cotisation, militant votant sciemment 2 fois, observatrices sorties au moment du dépouillement...?) , " moralisation "…
- une remise à plat du corpus idéologique autour des réalités quotidiennes : augmentation du pouvoir d’achat, justice fiscale, justice sociale, solidarité Nord/Sud, prise à bras le corps de la crise écologique pour en faire un moteur de notre développement…


En bref : redonner espoir… ("yes, we can"…)

3 commentaires:

  1. assez insupportable votre conclusion clin d'oeil à Obama. Et cette récupération tous azimuts de la victoire d'Obama! En transposant cet événement en France, vous oubliez de préciser que cette victoire est la victoire du Parti Démocrate, le parti le plus à même de se réjouir de cette victoire ne peut être que le MoDem. Obama n'est pas un homme de Gauche, ce n'est pas un socialiste, et encore moins un homme de la gauche de la Gauche. C'est tout simplement un Humaniste.
    Quant au PS, il va tout droit à l'implosion si les militants ne sont pas respectés, et les militants ont encore une fois choisi Ségolène Royal, malgré la présence des éléphants. Si Aubry fait ce score, c'est uniquement gràce à notre région, celle du déterminisme et des suiveurs. Les penseurs sont ailleurs!

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  2. C'est d'abord la victoire d'un homme. Et Bayrou n'est qu'un français de souche. On ne peut le comparer à Obama. De plus, les Etats-Unis connaissent un système de bipartisme absolu. Or le Modem souffre de n'être qu'un OPNI (Objet Politique Non Identifié) typiquement français.

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  3. Modem et Ségolène.
    Ne confondons pas tout. Ils ne sont ni cousins , ni amis; ils peuvent certes, sur un projet, se retrouver non sans difficultés si on en juge aux réactions de refus prononcées au ps par au moins 7O% des suffrages exprimés par les adhérents.
    l
    La période des amours " recomposés" peut cependant être envisagée à en juger par le pas de recul amorcé par Marie Noëlle LIENEMANN qui vient, contre toute attente, de monter au créneau pour sauver ce qui peut l'être et trouver des vertus à la bonne fée.
    A propos M. ALPERN, je trouve quelque plaisir à vous lire ces temps-ci.

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