dimanche 22 mars 2009

La fin des repères? Le glas des idéologies?



Avant d'aborder ce sujet, oh combien délicat, mais fondamental pour l'Homme, puisqu'il concerne son existence même, sa présence sur terre, je souhaiterais rappeler l'environnement spirituel du soussigné.


1- Je n'ai été élevé dans le cadre d'aucune religion (ce qui démontre bien que l'éducation n'a pas besoin d'être religieuse). Ayant évolué de l'agnosticisme à une position aujourd'hui plus athéiste, je suis un laïque (je tiens à cet orthographe) militant ( la laîcité est la source du progrès chez les individus, mais aussi des sociétés).
Je considère que les religions n'ont que rarement œuvré en faveur de l'Homme, et que la tolérance, l'avènement de la libre-pensée et l'exigence des droits de l'Homme ont été 3 étapes fondamentales pour l'Humanité. De ce fait, je suis optimiste pour l'Homme et pense que la paix universelle s'établira sur terre, dès que les 3 principes rappelés ,ainsi que le message d'amour (de fraternité) diffusé par les religions (je leur reconnais cela), seront étendus à toute la terre.

2- C'est dans ce cadre que j'aimerais placer ma réflexion sur un moment historique, qui vient de se produire, en l'espace de quelques semaines.

L'Église catholique romaine a successivement pris les décisions suivantes:

- Le Pape a réintégré, au sein de son Église, une communauté dite d'intégristes, qui s'étaient opposés au concile Vatican II, qui marquait une évolution de l'Église, et qui me semble , a, depuis, été considéré comme un évènement en phase avec son temps (ce fut également mon opinion à cette époque). Ces intégristes n'ont rien changé à leurs opinions, c'est Rome qui a bougé en leur faveur. Tant et si bien qu'un des Évêques réintégrés a tout de suite réitéré ses propos négationnistes sur l'inexistence de l'Holocauste perpétré par les Nazis contre les Juifs et propagé par certains penseurs d'extrême-gauche et surtout l'extrême droite (rappelez-vous le fameux "détail de l'Histoire" de Le Pen). Stupeur immédiate partout.


- L’archevêque de Recife (Brésil) a excommunié la mère d’une enfant de 9 ans ayant avorté de jumeaux à la suite d’un viol, ainsi que toute l’équipe médicale. Certes, le Conseil national des Évêques a désavoué l'archevêque et nié l’excommunication. Survenue dans la foulée de l'affaire précédente, dans une Église brésilienne, pas connue pour être conservatrice, cette nouvelle décision a également interpellé tout le monde.

- Il y a quelques jours, dans l'avion qui le transportait vers le Cameroun, le Pape Benoit XVI a une nouvelle fois surpris, en déclarant que "distribuer des préservatifs n’est pas une solution pour lutter contre l’épidémie du sida" ! Alors que 1 million d'enfants meurent chaque année en Afrique du sida...Seules façons de combattre efficacement ce fléau: l'abstinence et la fidélité...
Sur un continent aussi meurtri et où les mœurs sexuelles n'ont pas subi les tabous de nos sociétés, tabous d'ailleurs propagés par les religions, ces déclarations heurtent de front les réalités.

Je n'ai pas besoin ici de rappeler combien la majeure partie des hommes sur terre ont depuis quelques dizaines d'années perdu leurs repères: alors que le progrès semblait être la panacée pour sortir la planète des ténèbres, des guerres mondiales, des génocides, des dictatures, des idéologies néfastes, des épidémies et aujourd'hui une crise économique sans précédent, ont éradiqué le moindre espoir en l'avenir: et voilà donc qu'une des plus importantes écoles de pensée, en quelques semaines, vient de fermer la porte à ceux qui espéraient encore trouver un idéal, un réconfort, une explication ou une aide face aux défis de ce monde.

Des experts trouveront certainement des explications à cette rupture avec la réalité...Je me permettrai seulement cette réflexion, que je sais critiquable: les religions, en général, et cela est valable pour ces idéologies ou ces utopies qui ont voulu réformer le monde, n'ont qu'un tort: c'est de nier, à un moment donné, la liberté de l'Homme. Les croyants veulent vivre leur foi, mais en fonction des réalités de ce monde, et, surtout, sans aliéner leur liberté, cette grande victoire qu'ils ont su conquérir, au moins dans notre monde occidental, depuis le siècle des Lumières. Les Églises n'ont jamais perçu que les Hommes, même attachés à elle, avaient intégré cette liberté, et elles ont toujours pensé que la direction des consciences pouvaient s'exercer comme dans l'Ancien Régime.
Vous remarquerez que les idéologies (communisme, maoïsme...) ont pu s'exercer dans des populations qui n'avaient pas ou peu eu la Révélation des philosophes des Lumières (et pourtant Catherine de Russie avaient su se faire entourer de quelques-uns d'entr'eux). Mais qu'elles ont su, bien plus tard, elles aussi,desserrer l'étau plus (Russie) ou moins (Chine) fortement

3- Pour résumer ce dernier point: les idéologies, et plus précisément, dans le cas présent, les religions ne pourront retrouver leur autorité que le jour où elles laisseront leurs ouailles faire avancer elles-mêmes leur foi.
Ceci est également vrai pour l'Islam, dont l'islamisme, sa partie la plus radicale, correspond à la dictature d'il y a quelques siècles, de nos Églises occidentales sur le pouvoir politique et sur nos consciences. Il n'y a pas beaucoup de différence entre l'application de la charia et les contraintes de l'Inquisition. Et l'on en revient à cette idée de la laïcité, qui détache la sphère spirituelle de l'espace politique. Mais là encore, sur la laïcité, se pose la question de savoir pourquoi nous n'arrivons pas à partager notre idée française de la laïcité avec celle des autres pays occidentaux. Comment, malgré cette séparation bien comprise entre le sacré et le bien public, n'arrivons-nous pas à des conclusions identiques (exemple du voile islamique). Vous le voyez, là encore, beaucoup de débats en perspectives...

Pour en revenir à cette idée de perte des repères, quelle religion ou quelle philosophie saura nous indiquer le chemin à suivre pour évoluer dans nos cheminements privés et dans nos démarches citoyennes?
Y a-t-il une spiritualité laïque, ou une transcendance supérieure aux autres transcendances?

4-Au delà des questions de foi, personnelles à chacun, quel est le point, quels sont les points sur lequel ou sur lesquels tous les hommes pourraient s'entendre? Qu'est-ce qui fait que les hommes pourraient converger vers l'intérêt général, sans privilégier leurs intérêts personnels. Quel est le bien commun à tous les Hommes? Comment fait-on converger liberté de pensée, liberté individuelle, intérêt général, bien commun, solidarité et...fraternité? Quel espace commun ici et là-bas? Quel est le moteur de l'Humanité?
Et pour être plus prosaïque: quelle Société voulons-nous: celle de l'éphémère ou celle du durable? La notion de pouvoir politique est-elle compatible avec le devoir du mieux-vivre ensemble?


Voilà pourquoi je parlais de moment historique: les récentes décisions de l'Église catholique sonnent-elles définitivement le glas des idéologies? Les Hommes ne doivent-ils pas assumer ensemble leur avenir, dans un espace où seule leur liberté servirait de guide? En sommes-nous capables? J'y crois, très fortement.

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