dimanche 2 août 2009

"PS: les militants déboussolés" (Article Nord-Eclair)

Le quotidien régional Nord-Eclair s'est penché, ce jour, sur le sujet des militants désemparés d'un PS soumis à de fortes turbulences.

Il s'agit, en fait de 2 articles: l'un reprenant des paroles d'adhérents et d'ex-adhérents, l'autre, une reprise partielle de ma lettre ouverte à Martine Aubry (l'intégralité de ce courrier se trouve sur le présent blog en date du 25 juillet: "Martine, il faut choisir")


Après l'échec du PS aux européennes de juin et face à la crise de leadership qu'il traverse, de nombreux militants socialistes se disent déçus, parfois désabusés, d'autres voulant croire que leur parti peut encore changer et les mener à la victoire.



Nathalie Morgant, 43 ans, du pôle écologique du PS, confie s'être détournée « pour la première fois » du parti qu'elle avait rejoint en 1995, pour voter Europe-Écologie aux européennes, « comme beaucoup autour de moi », dit-elle.
Trouvant « dommage » que « les militants ne soient pas mis en valeur par la direction » et en ayant assez des « petites phrases » des dirigeants, l'enseignante attend de « voir le projet » pour décider de son avenir au PS. Son mari, lui, a déjà quitté le parti.



« Orphelin » et « désabusé »
« On est devenu un parti trop "intello", coupé de la base », déplore l'élue municipale de Parigné l'Évêque, près du Mans, « déçue » par les propositions socialistes face au programme « simple, clair et concret » de Daniel Cohn-Bendit.
Celle qui avait voté Martine Aubry au congrès de Reims juge que la première secrétaire « n'est plus super légitime » après son rappel à l'ordre maladroit à Manuel Valls et la défaite des européennes.
Sur son blog, Marc Vasseur, militant du Nord - Pas-de-Calais depuis 1993, se sent « orphelin et désabusé » et estime que Martine Aubry a « fermé la porte à toute idée de rénovation ». « Vais-je rester dans le Parti de la sclérose ? », « Pourquoi devrais-je continuer à être dans un parti pour la seule sauvegarde de quelques caciques ? », s'interroge-t-il.
Un sympathisant du Creusot qui n'a pas voté PS « pour la première fois depuis 34 ans », estime que son parti « marche sur la tête ». « Où est la cohérence d'un parti dont les dirigeants dénoncent les heures supplémentaires, mais qui ont bridé trop de revenus des ménages en instituant les 35 heures que plus aucun socialiste ne défend quand il parle en privé », demande-t-il.
Plus optimistes, d'autres militants pensent que le PS peut encore changer.
Alexie Lorca, 47 ans, adhérente à Montreuil, ne voit « pas qui à gauche peut représenter une alternative à Nicolas Sarkozy, à part le PS ». Pour elle, la victoire d'Europe-Écologie aux européennes est « celle d'un seul scrutin » .
Dans une lettre-réponse à Bernard-Henri Lévy sonnant la « mort » du PS, elle et d'autres militants disent croire « encore à l'aventure et au travail collectif » en vue de 2012.

« Prises de position "socialicides" »
Des étudiants socialistes de Sciences-Po Paris jugent également, sur leur blog, que « malgré la défaite cuisante (des européennes), la fin du monde n'est pas pour demain » : « les électeurs de gauche sont là » , « reste à se reprendre et se reformer avant de partir en campagne à nouveau, car rien ne sert de montrer les dents lorsqu'on est édenté ».
Défendant Martine Aubry, un militant anonyme fustige les « prises de position "socialicides" si faciles » des « quadras » du PS, comme Manuel Valls ou Arnaud Montebourg.
Pour Alain Detavernier, blogueur socialiste d'Istres (Bouches-du-Rhône), le PS qui « a été mauvais parce que ses dirigeants l'ont été », est « devenu la machine électorale de quelques notables bourgeois ». « Les militants socialistes doivent reprendre le pouvoir », « c'est d'eux et d'eux seuls que dépend l'avenir » du parti, insiste-t-il.
Et « si le PS se ressaisit, avec les Verts et cette gauche naissante (NPA inclus), demain, comme dirait quelqu'un, "Ensemble tout sera possible" », écrit-il, calquant le slogan de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.








Alain Alpern vient d'adresser une lettre à Martine Aubry. Une lettre ouverte qui reflète les inquiétudes, dit-il, d'un « militant sincère ». Le conseiller régional y rappelle son soutien à la première secrétaire. Mais aussi les conditions - pour le moins élevées - qui lui semblent nécessaires pour que le PS aille mieux.


Chère Martine, « Puisqu'il semblerait que cela devienne une coutume au PS, je t'adresse publiquement ce courrier. Oh ! bien sûr, il n'aura pas le même impact médiatique que ton échange avec Manuel Valls, ne serait-ce que parce qu'il émane d'un modeste militant, sans section véritable (n'ayant jamais voulu adhérer à celle d'Hénin-Beaumont, récemment dissoute : tout le monde s'en fiche, mais j'ai quand même été accueilli par des camarades d'une section voisine). Et je ne suis pas animé des mêmes intentions que le Maire d'Evry.
Militant à Béthune, de 1978 à 1991, date à laquelle je démissionne (...), j'adhère aux Verts de 1997 à 2007. (...) Je reviens au PS en juin 2008, sachant que tu allais probablement en prendre les rênes (...). Si Manuel Valls dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, il n'est nullement question d'avaliser son positionnement politique. Certes, je pense aussi que tout est à revoir de fond en comble (...) Tu sais mieux que moi comment s'est mis en place un système de vassaux et de suzerains, dans presque toute la France. Ce système voulu par F. Mitterrand, a permis la réussite électorale du PS, avec un chef majoritairement reconnu, mais dès le chef disparu, tout le système féodal s'est refermé sur lui-même (...) J'ai cru, et je le crois encore, que tu étais la seule capable de tout changer (...) » Et Alain Alpern poursuit : « Pour cela, je pense, Martine, que tu te dois de faire deux choix (...).
Le premier, c'est de te consacrer presque entièrement au travail herculéen (du PS). Il faut que tu abandonnes la fonction de première magistrate de la ville de Lille, tout en restant Présidente de Lille-Métropole, afin de te consacrer aux affaires internes du parti. Il faudrait ensuite que tu annonces que tu ne sera pas candidate aux Présidentielles de 2012. Bien que, à mon avis, tu sois l'une des rares à en avoir la stature. Je te prie de croire en mon total soutien dans ces moments difficiles. »

3 commentaires:

  1. Ben oui il y a de quoi estre deboussolé lorsqu 'on voit ceci :
    http://www.dailymotion.com/video/x7yws2_rocard-le-nouvel-ami-de-sarkozy-y_news

    Ne riez pas c 'est vous qui payez ROCARD ...ET SARKO sait si bien l 'utiliser ...

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  2. Nous sommes déboussolés parce que ceux qui sont sensés fixer les orientations en fonction de quelques principes fondamentaux se sont fouvoyés.
    La structure PS, comme toute structure vieilissante qui n'a pas su se renouveler, tourne pour elle-même. Elle est devenue un club d'élus qui n'accepte que ceux qui aideront le système à ronronner et à se reproduire. A ce petit jeu, il se trouve toujours quelques "jeunes" pour prendre la relève, s'assurant ainsi une carrière politique qu'ils n'auraient certainement pas s'ils avaient dû se mettre en quête d'un travail dans la société civile.
    Une analyse du nombre de professionnels de la politique est à mener dans la fédération... quoique "Marianne" de juillet ait déjà bien dégrossi la situation.
    La position de MN Lienemann est à ce propos fidèle à elle même: elle dénonce après coup un système qu'elle a largement contribué à maintenir, ce qui ne fait qu'en ajouter au malaise des militants déboussolés qui ne peuvent que regarder les professionnels se battre pour occuper des postes, sans objectif, sans doctrine, et souvent avec une suffisance qui donne à tout cela un parfum de déliquescence.
    Cimares

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  3. Le Parti est devenu de droite, c'est pourquoi je l'ai quitté.

    Mais je ne fais pas plus confiance à Dany le Rose Parme qui fait le jeu de l'ultralibéralisme à Bruxelles.

    Peut être éventuellement JL Mélenchon?

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