lundi 23 novembre 2009

Dalongeville : l'homme par qui la faillite héninoise est arrivée (2/2)

Le ciel n'a-t-il pas fini de tomber sur les Héninois ? dimanche 22.11.2009, 05:04 La Voix du Nord PAR PASCAL WALLART

« On se demande, s'il n'y a pas une malédiction sur cette ville ? », s'interrogeait il y a quelques mois Marie-Noëlle Lienemann. Qui a depuis lors pris la poudre d'escampette de cet Hénin-Beaumont n'arrivant pas à se dépêtrer d'une poisse lui collant aux basques depuis quelques années. D'où quelques questions légitimes qui taraudent aujourd'huiles Héninois...

Que faut-il attendre ou craindre de la remise en liberté de Gérard Dalongeville ? « Il est sorti prison, il a purgé sa peine, il a le droit de revenir quand même ! », s'insurgeait, hier, une mamie au comptoir d'un café du centre-villeBien évidemment, non, si Gérard Dalongeville a été extrait de sa détention, il ne pourra pas regagner Hénin-Beaumont avant le jugement de l'affaire. Que l'on espère dans le courant 2010...

En attendant, rien ne l'empêche, loin de ses bases, de se défendre, tirer des plans sur la comète et préparer un retour au premier plan dont il rêve. Sauf que le passage de la justice pourrait se traduire par une éventuelle remise en détention et une peine d'inéligibilité.
Que peuvent changer les trois recours actuellement en instruction ? Le premier recours à être examiné pourrait être la demande d'annulation du décret présidentiel ayant révoqué Gérard Dalongeville. Dans la foulée de l'arrêté de suspension fraîchement annulé par le tribunal administratif de Lille pour insuffisance de motivation, ce dernier, bâti sur le même moule, pourrait bien subir le même sort. Et donc remettre virtuellement Gérard Dalongeville en position de maire, puisque s'il n'est pas révoqué, les élections de juin dernier pourraient être considérées comme caduques. Un cas de figure sans précédent sur le territoire français... Toutefois, si ce cas se présentait, le préfet évoque plutôt la prise en urgence d'un nouvel arrêté de révocation. Motivé celui-là. Mais qui pourrait bien entraîner... de nouvelles élections municipales. Auxquelles pourrait participer Gérard Dalongeville ? Rien de moins sûr.
Mais l'ex-maire a encore deux cartouches dans le fusil. La première : un recours visant à demander l'inéligibilité de Daniel Duquenne, le nouveau maire d'Hénin-Beaumont, de par sa fonction de... directeur à la Région. La seconde cartouche ? Eh bien il s'agit d'un second recours, cette fois-ci en annulation de l'élection municipale. Une procédure dans laquelle l'a également rejoint, avec un autre argumentaire, le FN Steeve Briois.

Y a-t-il un maire en ville ?
Le moins que l'on puisse dire, depuis cet été, c'est que ce n'est pas une vague d'enthousiasme qui a accueilli l'arrivée de la liste « Alliance républicaine » en mairie. On lui reproche pêle-mêle, une trop grande complaisance envers son opposition FN un manque d'autorité et de perspectives dans la conduite des affaires, quand ce n'est pas un certain amateurisme mais aussi de n'avoir pas résisté au chant des sirènes lorsqu'un ex-soutien de Gérard Dalongeville, le leader MRC, Jean-Marie Alexandre, est venu proposer son appui logistique. Un coup de mou amplifié après le récent accident cardio-vasculaire dont a été victime Daniel Duquenne. Un maire dont on se demande quand il sera en capacité de reprendre ses fonctions

Plus dure sera la chute

Les années passant, les « affaires » héninoises se structurent. Et c'est désormais un intermédiaire qui se charge de cette besogne occulte, un cabinet-conseil de la métropole devenu passage obligatoire pour faire des affaires dans cette bonne ville d'Hénin-Beaumont. ...

Un système bien cadenassé, seuls quelques rares hommes de confiance du maire en étaient les rouages, tandis que la masse des autres élus au mieux ignorait tout, au pire faisait semblant de ne rien voir du jeu pervers mis en place.
Du côté des « services », la sonnette d'alarme ne sera jamais tirée. Et pour cause, le maire ne voulant pas qu'un directeur général des services trop zélé mette le nez dans le système bien huilé mis en place. D'où la décision de confier pendant plusieurs années la gestion des services à un privé, à quelques années de la retraite. Qui ne posera aucune question gênante et préservera l'omnipotence du maire. Son successeur, promu de manière interne regardera également la retraite se profiler, sans imaginer faire la moindre vague...
Un jeu de trésorerie parallèle qui est alimenté via des facturations bien fantaisistes, la ville réglant petit à petit à tour de bras des prestations non effectuées et parfois même incongrues par rapport à la nature même des entreprises employées. Sociétés de surveillance, de nettoyage, de travaux publics, elles se pressaient alors au portillon héninois, flairant la bonne aubaine. Un proche du maire représente le symbole même de cette manière de faire, celui-ci devenant le plus gros fournisseur de la Ville en vendant à la collectivité absolument tout, du papier toilettes aux abris d'entraîneurs, le tout à des prix bien éloignés de ceux du marché. Mais en toute légalité apparente.Les affaires se règlent rubis sur l'ongle via des entreprises paravents. L'une d'entre elles gère un restaurant du centre-ville où Gérard Dalongeville a lui-même quelques intérêts familiaux. Et où la surfacturation des repas d'aînés ou patriotiques est monnaie courante.Un jeu d'argent qui, bien évidemment, attirera rapidement des convoitises. Petit à petit, les entreprises ayant respectablement pignon sur rue commencent à être remplacées par des hommes d'affaires beaucoup moins respectables. Et des collusions que certains ne manqueront de qualifier de mafieuses finiront par faire du système héninois une machine infernale et incontrôlable.
Le début de la fin est proche... Pendant que les affaires prospèrent à Hénin-Beaumont, a contrario d'un budget qui, lui, devient de plus en plus alarmant (au point d'être désormais régulièrement dans le collimateur du préfet et de la chambre régionale des comptes), Gérard Dalongeville renoue petit à petit avec le PS de ses premières amours.En 2003, grâce aux bons offices de l'appui de toujours, Jean-Pierre Kucheida, le maire d'Hénin-Beaumont fait acte d'allégeance en offrant sur un plateau d'argent les bijoux de famille héninois, à savoir le vaste patrimoine immobilier de la SAEMIC. La société d'économie mixte de l'Héninois sera dorénavant absorbée par l'hydre Artois Développement, outil d'aménagement devenu au fil des années le véritable bras armé du PS dans le Pas-de-Calais.

L'année suivante, en devenant un supporteur inconditionnel de Daniel Percheron lors des régionales, le maire d'Hénin-Beaumont redevient progressivement persona grata dans les cercles socialistes. Où certains réseaux travaillent d'arrache-pied pour lui refaire une virginité politique... Ainsi, régulièrement, les caciques se succèdent à Hénin pour chanter les louanges de l'ex-fils prodigue redevenu fréquentable. « Vous avez un bon maire, gardez-le ! » se hasarde même à lancer Jean-Pierre Kucheida lors d'une mémorable cérémonie de voeux, face à des socialistes héninois médusés. Le tabou est tombé. Dalongeville, l'honni, sait désormais que les jours sont comptés avant qu'il soit officiellement convié à revenir dans la famille socialiste.Vers 2005-2006, le périmètre héninois ne satisfait plus Guy Mollet. Son Journal du pays est alors en difficultés et un sauvetage in extremis de la liquidation judiciaire (Gérard Dalongeville mettra carrément 50 000 euros sur la table pour sauver « son » journal) ne lui offre qu'un ultime répit.
Alors ce dernier prend son bâton de pèlerin pour aller chercher des affaires extra muros.
L'homme a deux destinations de prédilection, dont la région de Carcassonne où il s'est enferré dans un projet de villages-vacances... qui ne verra jamais le jour.
Un peu plus loin, dans les Landes, à Léon, le maire l'a chargé de trouver un acheteur pour une résidence de vacances appartenant à la Ville d'Hénin-Beaumont, abandonnée depuis plusieurs années et tombée en conséquence dans un état pitoyable. Pour ce faire, de multiples déplacements en avion-taxi en direction de Dax ou Biarritz seront autorisés par le maire pour une ardoise totale prohibitive de plus de 100 000 euros... Elles permettront à M. Mollet de voler du Luxembourg au Touquet en passant par Cannes et Carcassonne.

À Hénin, en 2007-2008, de nouvelles entreprises débarquent d'on ne sait où pour effectuer divers travaux, pas toujours nécessaires d'ailleurs, mais toujours à des tarifs prohibitifs, à la piscine ou au centre culturel de l'Escapade par exemple. Une entreprise à la réputation sulfureuse, partageant son activité entre Meurthe-et-Moselle et Luxembourg, entre ainsi dans la danse héninoise et désire même y implanter son siège social. Et elle n'est pas la seule... Autour d'Hénin-Beaumont, d'autres partenaires en affaires réussissent également à avoir leurs entrées en mairie. Où, curieusement, ils font bientôt la pluie et le beau temps, le maire leur octroyant des marchés incroyables. Qui commencent à faire grincer des dents chez certains cadres municipaux se rendant compte qu'on ne contrôle plus rien à l'hôtel de ville.
C'est ainsi que, pour changer quelques carreaux dans les douches d'une salle de sports municipale, un entrepreneur local dont la boîte vient d'être liquidée débarque avec de la main-d'oeuvre clandestine pour poser la faïence manquante. Prix de la facture acquittée à une société ne disposant même plus d'un numéro de SIRET : 25 000 euros. Cher du carreau ! Hurlements en retour pour les municipaux découvrant le pot aux roses alors qu'ils ont, eux, reçu la consigne de se serrer la ceinture, afin de suivre les consignes édictées par la chambre régionale des comptes ayant, depuis 2004, mis les finances héninoises sous perfusion.« Faut rien dire, faut surtout rien dire ! », tente-t-on de calmer à la Direction des services « Tout a été acté dans le bureau du maire, tout va bien ! » explique-t-on alors sans ambages pour justifier l'injustifiable.

Tout va bien mais les finances coulent à un rythme inimaginable, les pressants amis travaillant pour la Ville se rémunèrent à prix d'or : tarif de la sonorisation d'un événement, salle Wilquin, alors qu'il suffit de passer un câble pour se passer d'un prestataire : 6 000 euros mise à disposition de signaleurs pour la course de la Sainte-Barbe (des bénévoles habituellement) : 4 990 euros... La gestion occulte de la Ville devient même surréaliste lorsque des appartements loués dans le Douaisis, au titre de logements sociaux, se métamorphosent en repaires de chaudes soirées pour chefs d'entreprises et élus amis. Qui tremblent aujourd'hui de voir leur nom mêlé à l'affaire héninoise. Bref, rien ne va plus dans le royaume héninois... Le 7 avril dernier, alors qu'il ne se doute pas encore que le destin, sous forme d'une équipe du SRPJ, va frapper à sa porte, Gérard Dalongeville se prépare à débuter sa journée sur les chapeaux de roue. Sur le coup de 8 heures, il a rendez-vous avec Guy Mollet qui a apparemment enfin trouvé l'oiseau rare, un dentiste roubaisien à même de racheter la ruine qu'est devenue la résidence de Leon.
Las, l'affaire ne sera jamais conclue, la grande vie héninoise va, quelques heures plus tard dans le bureau de la juge d'instruction Véronique Pair, tomber comme un fragile château de cartes.

17 commentaires:

  1. l'hydre adevia bras du ps
    et ben on dirait que ca commence à secouer la fourmiliere
    meme si ca reste encore flou

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  2. Quell épopée. Un romancier aurait écrit l'aventure de ce Rastignac du 21e siècle, on aurait crié à l'exagération. A HB, il en est rien. Et ce n'est sans doute pas fini : On parle à nouveau d'élections ...

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  3. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  4. Je ne m'explique pas la situation sur les blogs héninois:

    - l'AR: plus rien. Au même niveau de communication que celle de la municipalité: silence radio

    - MJS: plus aucun commentaire. Personne ne se soucie de donner de l'info à ce sujet. Finalement comme pour l'AR, aucun respect pour les citoyens

    - FN: marinidolâtrie ou attaques personnelles, frisant souvent la diffamation ou l'insulte. Messages filtrés. Aucun intérêt

    - PC: bonne info.

    - Modem: toujours difficile à saisir: style alambiqué, polémiques incompréhensibles pour le profane...Un point positif: pas de censure sur les commentaires, mais il y en a si peu...

    - Heureusement, il y a le vôtre: pas de censure (sauf déchaînement à l'origine évidente), pas d'attaque de personne, sujets variés...Humour, sérieux, avisé...
    Merci à vous

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  5. Plusieurs questions à vous, Alain:

    Croyez-vous à des élections municipales prochaines? Si oui, dans quel délai? Le FN peut-il gagner? Que faire pour éviter cette catastrophe? Avez-vous des ambitions personnelles? Croyez-vous que P.Ferrari puisse être maire d'Hénin-Beaumont? En règle générale, que pensez-vous du Nouvel Elan pour Hénin-Beaumont?
    L'AR peut-elle être réélue?

    Désolée de vous mettre ainsi sur le grill!

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  6. j'adhère complétement aux propos de l'anonyme de 7h50
    t et m

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  7. A Anonyme de 8H: je vais répondre à vos questions par un article ce soir ou demain matin. En tous les cas merci...

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  8. faux la censure est presente sur le blog modhaim si on ne va pas ds leur sens

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  9. Pour un observateur extérieur, l'alliance républicaine semble de plus en plus discréditée et se rapprocher d'anciens alliés de Dalongeville, notamment Alexandre.

    La plupart des membres du nouvel élan, même si à la fin MM Noêl et Ferrari se sont effectivement opposés à Dalongeville, se feront toujours reprochés une certaine complaisance envers Dalongeville.

    La plupart ont gouverné avec lui un certain temps sans se rebeller.

    Quant à la droite classique, elle n'a aucune chance sur le territoire du bassin minier (surtout avec la politique Sarkozienne).

    L'extrême gauche peut faire un bon score mais elle ne passera pas (situation classique).

    Cette situation ne pourra que faire le jeu du FN qui a perdu les dernières élections de peu.

    Cela craint si de nouvelles élections municipales doivent être organisées en cas d'annulation du décret de révocation de Dalongeville.

    A mon avis, vous êtes le seul à pouvoir éviter le désastre de la prise de pouvoir à Hénin- Beaumont par le FN, vu votre plus grande neutralité vis à vis de Dalongeville que les membres du nouvel élan.

    Ou les électeurs héninois devront ils choisir le candidat fantaisiste (échappé du vol au dessus d'un nid de coucou) dont j'ai oublié le nom.

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  10. Anonyme de 9H25: vous avez anticipé certaines remarques de mon prochain article. Cela me conforte dans certaines analyses et je vous en sais gré...

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  11. @ anonyme de 10 h 54

    La censure est également pratiquée sur le blog communiste si on est pas partisant de leurs idées.

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  12. ce n'est pas parce que 1 personne frequente Alexandre,que tout le monde suit. Idem pour le FN. ça vous plait 11h25 de dire des conneries et les autres aussi. Pour le croire il me faut des noms, autrement c'est de l'intox.

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  13. A 13h34

    Vous auriez même dû ajouter qu'il y a les 3/4 des Héninois qui ne connaissent pas Alain Alpern.
    Bonne journée

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  14. A 13h34

    Vous auriez même dû ajouter qu'il y a les 3/4 des Héninois qui ne connaissent pas Alain Alpern.
    Bonne journée

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  15. C'est vrai qu'à lire le message de 11H34, on a envie de censurer pour intolérance...On doit pouvoir exprimer son désaccord sans insulter les autres, d'autant plus que les injures décrédibilisent le propos...

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  16. A anonyme 24 novembre 2009 7h50
    Je tente de faire vivre un blog apolitique relatant l'histoire d'Hénin-Beaumont.
    Ce blog comptabilise un cinquantaine de visites par jour.
    Ne présente t-il aucun intérêt?
    J'essaie pourtant d'y rafraichir le devoir de mémoire de nos concitoyens.
    J'essaie aussi de faire entendre qu'il y a eu des cadres qui se sont insurgés, ont été mis au placard, ou sont partis...
    Peut-être accepterez-vous de m'accorder une petite visite? Peut-être apprendrez-vous alors que les militants de l'Alliance peuvent avoir des opinions divergentes sur la politisation de l'équipe majoritaire actuelle.
    http://une-ville-exsangue-henin-beaumont.kazeo.com/

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  17. En tant qu'observateur extérieur, je ne peux que me baser sur les informations qui circulent sur le net.

    Que Monsieur Bouquillon soit allé rejoindre J.M Alexandre, ce n'est pas un ragot, c'est un fait.

    Maintenant, il est dit que Madame Duquenne veut prendre la tête d'une nouvelle section PS alors que l'hôte de ce blog voulant recréer une telle section avec Monsieur Ferrari s'est vu opposé un refus sec de la Fédération PS du Pas de Calais.

    La force de l'AR était qu'elle était apolitique. D'ailleurs, son refus d'alliance au second tour était compréhensible de ce point de vue.

    Les héninois quelquepart ecoeuré des partis politiques ont donc voté assez fortement pour l'alliance qui est arrivée première (des listes démocratiques) au premier tour.

    La suite, on la connaît.

    Et que font les têtes pensantes de l'AR au bout de quelques mois: ils se repolisent ou plus exactement ils renouent avec le système des partis qu'ils n'avaient fait que dénoncer tout au long de la campagne électorale des municipales de juillet 2009.

    Tout ceci est signe d'une stratégie qui n'est pas linéaire. Plus exactement, les électeurs de l'AR peuvent (peut être à juste titre?) penser qu'ils ont été trahis et que Hénin valait bien cette trahison.

    Par ailleurs, et ceci n'est que mon simple avis, hormis Monsieur Duquenne sur qui tout semblait reposer, l'alliance ne semble pas compter de réelles carrures.

    Et vu l'état de santé actuel de Monsieur Duquenne indisponible, tout semble aller de traviole en ce moment: beaucoup d'erreurs de stratégie et d'amateurisme.

    Anonyme 11H25

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