lundi 12 avril 2010

Peut-on encore sauver le Développement Durable? (1)

Sous le titre un peu provocateur du présent écrit, je voudrais mettre en évidence que ce qui semble un combat évident pour certains est très loin d'être gagné malgré des avancées culturelles indéniables.
Je tenterais ci-dessous d'évoquer les freins structuro-culturo-institutionnels à la généralisation du concept, puis de donner ensuite quelques exemples de chemins qui restent à parcourir.
Je resterai sur l'exemple français principalement, mais, en conclusion, seront évoquées quelques pistes de solutions, à l'échelle internationale.


1- Les freins au développement durable (DD)

1-1 Les freins économiques

A- Les entreprises: même si, aujourd'hui, la mode est au DD dans les milieux économiques, force est de dire que cela répond à plusieurs raisons, pas toutes aussi citoyennes qu'on pourrait se l'imaginer:

- économiser l'énergie par exemple est une démarche plus gestionnaire (réduction des coûts) qu'écologique. Certes, lutter contre le gaspillage est tout à fait encourageant, mais beaucoup d'entreprises estiment avoir fait du DD à partir du moment où elles ont réduit les coûts de chauffage ou d'eau. Passer à la mise en place d'énergies renouvelables de substitution aux énergies fossiles est déjà une démarche supplémentaire moins évidente, parce que moins rentable à court terme.

- quant à franchir le pas sur le dialogue social, la formation ou la lutte contre les discriminations, bref à exercer leur Responsabilité sociale liée à l'environnement, ce que les entreprises ont habillé du sigle RSE (Responsabilité sociale et environnementale), c'est plus une démarche marketing. Il s'agit de valoriser leur image en interne autour d'un projet culturel motivant , et, en externe, autour d'un concept vendeur d'image de marque positive. Pourquoi pas, en effet?

- très rares sont les entreprises qui franchissent le pas vers l'entreprise citoyenne, c'est à dire, celle qui tient compte de l'intérêt général: par exemple, la santé des consommateurs, leur satisfaction qu'ils soient aisés ou pas, exclus ou non.... En fait, c'est l'entreprise qui partage des richesses (en l'occurrence les profits), non pas seulement avec les actionnaires, mais avec les clients, sans parler de redistribution vers les exclus (en France ou ailleurs). Evidemment, on peut me taxer de doux rêveur, parce que nous sommes dans un monde capitaliste où le profit est roi, et dans lequel l'injustice en est la conséquence directe. Et bien, non seulement certaines entreprises l'ont fait en mobilisant leur personnel, mais aussi elles ont également séduit leurs détenteurs de capitaux, comprenant que cette ouverure citoyenne était aussi une ouverture de débouchés. Que l'on songe au développement du microcrédit  ou de la tontine africaine importée chez nous (avance de trésorerie dans un groupe solidaire). 

- en fait, tout est à inventer en ce domaine. En restant réaliste, disons que l'utilisation, par les entreprises de l'expression RSE à la place du  mot DD (développement durable) démontre bien le grand pas (entre RSE et DD il manque "économie") restant à franchir. Autre exemple: la non-prise en compte de la préservation de la biodiversité dans les démarches entrepreunariales.

B- Les lobbys industriels

Je n'insisterai pas sur ce point. On connait la résistance des industries chimiques à faire contrôler leurs produits avant mise sur le marché (exemple du programme REACH de l'Union Européenne, projet qui eut tant de mal à naître), la lutte contre la fiscalité écologique (taxe carbone), etc... Bien sûr, seule l'approche européenne et surtout mondiale est efficiente.

C- Les lobbys agricoles

Quand on connait le savoir-faire de la FNSEA, bien aidé par nos gouvernants, pour maintenir une agriculture intensive, polluante, peu respectueuse des hommes (consommateurs, paysans, citoyens), les résultats obtenus étaient prévisibles:  produits chers, de qualité médiocre; terres malmenées, exode rural, problèmes sanitaires, etc...

1-2 Les freins politiques

"L'écologie, ça commence à bien faire" vient d'annoncer le Président de la République, marquant une rupture avec ses velléités précédentes. Et donnant ainsi le déclic de la démobilisation sur le sujet!
Rien d'étonnant à cela après les 2 échecs de ces derniers mois:
- l'échec du sommet de Copenhague: la crise économique et financière a mis fin à une action concertée de tous les pays pour mettre en place des mesures destinées à lutter contre le réchauffement climatique. L'Europe n'a pas su s'imposer comme un leader crédible.
- le Grenelle environnement I, reprenant les principes généraux d'action, adopté à l'unanimité des parlementaires, n'a donné aucun résultat. La mesure phare a même été abandonnée: la taxe carbone, dévoyée dans son application, n'a pas résisté aux multiples attaques et a été rendue incompréhensible. On regrettera de ne pas l'avoir mise en œuvre avant que que le prix du pétrole ne flambe, évènement inéluctable: l'offre va diminuer et la demande ne cesse d'augmenter...

1-3 Les freins pseudo scientifiques.

Quelques scientifiques (tous non-spécialistes du climat) ont jeté le trouble dans la population, en émettant des doutes, sur des bases fausses et erronées, sur les travaux des milliers de scientifiques qui ont travaillé depuis des années sur le thème du réchauffement climatique. Les "climatosceptiques" nient que l'homme soit responsable du réchauffement: la conclusion est donc qu'il ne faut pas limiter les activités humaines. Claude Allègre, à la tête du mouvement, se compare à Galilée et a déjà refusé un débat à l'Académie des Sciences. Un autre vient de lui être proposé pour discuter du livre qu'il vient d'écrire et qui serait bourré d'erreurs...
Nul doute que cette polémique participe du mouvement général de recul de toute volonté d'action...

Nous verrons, dans une deuxième partie, quelques secteurs d'activités démontrant tout ce qu'il reste à faire pour laisser à nos descendants une terre vivable...Rien d'infaisable, mais il va falloir bouger pour sauver le DD et donc la vie sur Terre!

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