jeudi 2 décembre 2010

Les primaires, nouvelle machine à perdre pour les socialistes ? Le Monde 3/12/2010

AA: Je réponds non à cette question et fais part de mes arguments à la fin de cet article du Monde


Pourquoi le cas DSK perturbe-t-il le processus ? La gauche peut-elle trouver son leader ?





Le dépôt de candidature ne doit pas être ouvert avant juin 2011. Pourtant, ils sont déjà cinq candidats déclarés à la primaire qui doit désigner le prétendant socialiste à l'élection présidentielle de 2012. Dernière en date, Ségolène Royal, mardi 30 novembre. Pour la direction du PS, rien que de très banal. Mais pour le député de l'Isère, André Vallini, proche de François Hollande, c'est le signe que " la direction ne semble plus maîtriser le dispositif des primaires ". Que s'est-il passé depuis un an pour que les primaires, présentées comme le sésame pour 2012, soient en passe de ruiner l'unité du parti ?

La pierre angulaire de la rénovation Ce processus démocratique de désignation du candidat devait être la clé pour sortir de la bataille des courants et de la crise de leadership qui a précipité les défaites de 1995, 2002 et 2007. Pour sortir de la spirale infernale, le 28 août 2009, à l'ouverture de l'université d'été de La Rochelle, Martine Aubry proposait de mettre en chantier la rénovation du PS, avec pour pierre angulaire des primaires " ouvertes et populaires ".
Le parti s'était déjà essayé à une primaire, modestement en 1995, entre Henri Emmanuelli et Lionel Jospin, puis avec plus d'ambition en 2006 (Royal-Fabius-Strauss-Kahn), mais le vote avait été circonscrit aux militants. Désormais, le candidat socialiste sera choisi, en deux tours, par tous les Français qui se reconnaissent dans les valeurs de la gauche. Pour participer, il suffira aux citoyens d'être inscrits sur les listes électorales, et de s'acquitter d'un euro.
Conçue comme une " dynamique électorale ", inspirée du modèle américain, la compétition devait être encadrée par des règles de financement et d'organisation. En reprenant le flambeau de la rénovation, réclamée par les militants et les quadras, la première secrétaire, affaiblie par la défaite du PS aux européennes de juin 2009 et sa victoire contestée au congrès de Reims, lançait aussi sa propre reconquête du parti. " Les primaires populaires sont le début d'une forme de relation politique à la société ", avait-elle plaidé.
Un sondage BVA réalisé du 30 novembre au 1er décembre auprès d'un échantillon représentatif de 1 182 personnes, semble d'ailleurs attester d'un début d'intérêt. 31 % des Français envisageraient d'aller voter si les primaires avaient lieu dimanche prochain.

Le " pacte " de novembre 2008 Mais à peine les militants avaient-ils approuvé le principe que les primaires ont été tuées dans l'oeuf par la direction. Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn, les deux présidentiables soucieux de limiter la compétition, confiaient s'être entendus pour ne pas s'affronter aux primaires et se départager en amont, dans le secret de leur discussion. Le 24 septembre, sur France Inter, Claude Bartolone, proche de la première secrétaire, avait clairement précisé le futur contour des primaires : " Il y aura entente. Je suis persuadé qu'il y aura comme candidature celle de Dominique Strauss-Kahn ou celle de Martine Aubry. Nous pourrions nous orienter vers des primaires de ratification. "
La déclaration avait suscité la colère des outsiders, François Hollande, Manuel Valls, Arnaud Montebourg. L'accord entre M. Strauss-Kahn et Mme Aubry remonte à novembre 2008. A la veille du congrès de Reims, les deux anciens ministres de Lionel Jospin avaient conclu à Marrakech, dans la résidence de DSK, un " pacte " pour empêcher Ségolène Royal de s'emparer du parti et, au-delà, pour prolonger l'alliance pour 2012.
Avec l'aide des fabiusiens et des strauss-kahniens, Mme Aubry est parvenue à s'installer rue de Solférino. M. Strauss-Kahn est resté à Washington pour poursuivre sa mission à la tête du Fonds monétaire international (FMI). A dix-sept mois de la présidentielle, ni l'un ni l'autre n'ont fait acte de candidature. M. Strauss-Kahn est contraint par son mandat à la plus stricte réserve. Par ricochet, Mme Aubry ne peut se déclarer et oblige le parti à une course de lenteur.

Un calendrier tardif pour DSK Pour ménager son allié, retenu officiellement à Washington jusqu'en 2012, la première secrétaire a imposé un calendrier très tardif : dépôt des candidatures pas avant juin 2011 et campagne à l'automne 2011. Le candidat socialiste ne devrait être connu qu'à la mi-novembre, cinq mois seulement avant l'échéance présidentielle. Ainsi, M. Strauss-Kahn pourra-t-il assumer le G20, dont la France a pris la présidence, et ne pas quitter le FMI prématurément. Pour justifier ce calendrier, la direction du parti ne cesse de vanter les avantages d'une campagne courte et les risques d'épuisement d'une longue préparation !
Le principal parti d'opposition se trouve suspendu à un candidat, grand favori des sondages, mais dont nul ne sait s'il a vraiment envie d'abandonner son mandat international pour concourir à la course présidentielle française. Selon l'enquête BVA, 41 % des Français qui envisagent de participer aux primaires se prononceraient pour DSK, 16 % pour Mme Royal, et 14 % pour Mme Aubry.
Résultat, alors que Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages, le PS souffre d'un manque d'incarnation et de souffle. Les outsiders n'ont pas d'espace. Toute tentative de différenciation de leur part est perçue comme autant de division. A force de repousser l'échéance, le parti a déjà pris du retard en termes d'organisation. Tout reste à faire : récupérer les listes électorales, se doter d'une autorité indépendante, cartographier les bureaux de vote, créer des logiciels de transmission des résultats, déployer des équipes, fixer les règles précises de financement, etc.

Le retour de Ségolène Royal Mardi, L'ex-candidate de 2007 est venue briser le scénario pour tenter de capitaliser sur ces paradoxes. Elle s'est posée en garante des primaires. Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry se trouvent pris au piège de leur pacte. Martine Aubry s'est efforcée depuis six mois de faire revenir Ségolène Royal dans le cadre du parti et de la convaincre d'abandonner sa stratégie de contournement.
Cette dernière a joué l'air de l'unité, comprenant le bénéfice à tirer d'un rapprochement avec son ex-rivale du congrès de Reims. Mais une fois revenue dans le rang des présidentiables, elle s'est immiscée dans le pacte pour mieux le dénoncer et justifier une candidature. Le parti est au comble de la confusion, englué dans ce pacte à deux puis à trois, puis à deux, incompréhensible. Les militants s'impatientent. Il est loin, le rêve américain. 

Sophie Landrin
© Le Monde


Commentaires AA:

- Je pense que la date la désignation du candidat socialiste est trop tardive. Je sais bien que, comme en amour, plus le désir monte, plus le dénouement est grandiose. Mais, une campagne d'un an n'est pas superflue, quand on sait que le candidat de la droite est déjà en campagne et qu'il tient toutes les rênes de la communication: non seulement il sait faire, non seulement il a une machine derrière lui, l'Ump, menée par l'ambitieux Copé, mais, de plus, il a le pouvoir et mène le tempo à sa guise. Il faut revoir le calendrier et désigner le candidat PS en juin (quoiqu'on en pense, juillet et août sont favorables à une campagne, parce que les Français sont disponibles).

- Les primaires sont une belle occasion de faire participer les Français au débat national qui s'installera forcément. Éviter une nouvelle défaite nécessite de ne pas s'éparpiller et je ne vois pas pourquoi, on empêcherait 2 candidats, soucieux d'éviter la division, de faire un ticket commun (même si cette notion n'existe pas en droit constitutionnel français): l'un se présente et annonce quel sera le futur 1er Ministre. C'est transparent et je ne vois pas ce qui empêche les autres candidats d'en faire autant...Pour ma part un ticket Aubry/Strauss-Kahn a ma préférence, alliant un candidat apprécié de la droite, une partie de celle-ci rejetant Sarkozy, et une candidate apparaissant comme de gauche, non seulement par la gauche du parti, mais aussi par l'extrême-gauche et les écologistes (en vue du second tour). J'aimerais que Martine Aubry soit la première femme Présidente de la République...

- On peut comprendre que Ségolène Royal soupçonne un tel scénario et estime qu'elle serait le dindon de la farce: son annonce de candidature, surprenante dans le contexte d'apaisement au sein du PS, me semble être un geste désespéré pour reprendre la main...

En tous les cas, les aspirations des différents candidats me semblent légitimes et ne sont pas symptomatiques d'une relance de la "machine à perdre". Surtout que la qualité des candidats n'est pas à remettre en cause: en dehors du sérieux de DSK, de la caution de gauche Martine A, on ne peut qu'apprécier la jeunesse de Manuel Valls (il n'est pourtant pas ma tasse de thé), la fougue de Montebourg, l'intelligence de Hollande et le style enflammé de la Présidente de Région de Poitou-Charente...


2 commentaires:

  1. l'élu P.S. marseillais, GUERINI,
    plus fort que le protégé du P.S. RIPOUX 62,DALONGEVILLE.
    que fera ,martine, avec guérini.
    la méme chose qu'à hénin...c'est à dire rien,rien de rien.

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  2. Etendre cette primaire à l'ensemble des forces progressistes (PC, écolos) me semble indispensable.
    Notre 5ème est entré pour de vrai dans un régime présidentiel.

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