jeudi 31 mars 2011

Est-ce vraiment étonnant?

La Voix du Nord- Edition Hénin- 28/3

Albert Facon :« Il faut aider Hénin ! » 
 
"Cette phrase-là, on l'a déjà entendue à de multiples reprises depuis 2009 mais elle est souvent restée lettre morte. Hier soir, alors que Montigny fêtait « son » Jean-Marie, le député de la 14e était plus que préoccupé. Lui qui, l'an prochain, désire se représenter devant les électeurs, a bien compris qu'Hénin pouvait représenter un piège mortel. Et le Courriérois plaide désormais pour qu'on se porte au chevet héninois «  et qu'on mette le paquet, cette ville en a besoin ! ». Avec notamment un coup de pouce au logement, tout d'abord, de Kennedy à la ZAC où, en usant ses godasses sur le terrain, le député a découvert des situations inadmissibles. «  C'est incroyable alors que notre parti a toutes les manettes en mains. Moi je vais emmener Percheron et Génisson ici qu'ils voient ça. L'habitat, on peut agir dessus et si on travaille bien là-dessus, je vous dis qu'on regagne 10 points... Et puis, du côté humain, il faut en finir avec tous ces gens qui veulent être chefs en 2014. Arrêtons les conneries ! Et également du côté de la fédération. Catherine avait dit qu'elle allait faire renaître une section PS à Hénin. Là il y a urgence, d'autant que j'ai rencontré ici il y a une centaine de gens bien en capacité de tout faire redémarrer ! »


Que d'aveux dans cette déclaration!

- "notre parti a toutes les manettes en mains". L'ancien Président de Pas-de-Calais Habitat sait de quoi il parle: effectivement, le PS contrôle les plus gros bailleurs sociaux  ainsi que les "aménageurs". Pourquoi pas, après tout, si les politiques menées étaient efficaces...Sauf que tout le monde sait que ces organismes sont des "pompes à fric" et des structures à caser les copains (élus, souvent, mais pas seulement)...voir les rapports Adevia et Soginorpa. Il est effectivement "inadmissible" que vous n'ayez rien fait, vous avez raison!

- Ainsi le député de la circonscription qui, apparemment, n'avait jamais mis les pieds à Kennedy et à la ZAC, découvre que "c'est inadmissible" (je pense que cet adjectif va coller à la peau du futur ex-député). Qu'il demande à son ami Jean-Marie Picque de l'emmener dans certains quartiers de Montigny, complètement délabrés, où certains attendent depuis des années que la Soginorpa viennent faire les travaux! Puisqu'il veut maintenant"emmener Percheron et Génisson" pour "qu'ils voient ça" , pourquoi ne l'a-t-il pas fait avant, lui qui est député depuis 23 ans (avec une interruption de 4 ans, certes)? Pourtant, vu ses brèves apparitions à l'Assemblée Nationale, il avait le temps de s'occuper de sa circonscription. D'autant plus que Dalongeville, qu'il a fait élire, puis qu'il a soutenu jusqu'à la fin, avait bien dû lui en parler. Rappelons au député qu'Hénin-Beaumont est la ville centre de sa circonscription, et il est étonnant qu'il n'ait jamais mis les pieds à Kennedy et à la ZAC, sinon il aurait découvert cette situation "inadmissible", depuis longtemps. Vous devriez également, Monsieur le Député, faire un tour à Darcy... Il est vrai que, pendant longtemps, vous cumuliez tellement de mandats que vous ne pouviez être partout à la fois: Maire, conseiller général (ou même un temps conseiller régional), député, sans parler du District Hénin-Carvin(nous n' oublions pas non plus que vous fûtes Député-Maire et Président de l'Agglo à la fois!).

- "L'habitat, on peut agir dessus et si on travaille bien là-dessus, je vous dis qu'on regagne 10 points".
Cela confirme 2 choses:

* que vous n'avez rien fait pour l'habitat jusqu'à présent "alors que notre parti a toutes les manettes en mains"; en particulier, lorsque vous étiez Président de Pas-de-Calais Habitat, député, Président d'Agglo, conseiller général ou régional!

* l'image que vous avez des citoyens qui, sur un claquement de doigts, vont voter pour vous, parce que vous avez décidé de rénover leur habitat! Le roitelet Facon veut rassurer ses gueux! Non, Monsieur Facon, la politique, ce n'est pas cela: on respecte les gens, on ne fait pas de promesse que l'on ne sait pas tenir, on ne joue pas au seigneur qui va "emmener" ses suzerains sur place pour partager cette vision horrible de la plèbe pataugeant dans la fange (oui, oui les relations maitres/obligés datent d'il y a fort longtemps...). Cela me fait penser à cette époque où les aristocrates et les bourgeois se faisaient peur en allant voir le spectacle des sauvages que l'on avait rassemblés sur un marché ou une foire et leur jetaient quelques pièces pour soulager leur propre conscience...( voir le film "La Venus Hottentote", mais je pense que vous n'allez pas au cinéma: vous n'avez pas le temps, n'est-ce pas?). Vous, vous allez emmener, de la même façon, Percheron et Génisson "voir ça" afin qu'on jette quelques subventions... "Voir ça": quel dédain pour la réalité! "Ça", ce sont des individus qui souffrent, qui attendent que l'on s'occupe d'eux. A la différence du FN qui fait, aussi, semblant de s'apitoyer sur eux (Briois dit: "les boeufs", cela vaut bien votre "ça"), vous avez les moyens de changer les choses...et vous n'avez absolument rien fait! Le même populisme et le même mépris que le FN!

- Vous souhaitez vous représenter à la députation! En 2007, aux législatives, vous n'aviez obtenu que 45% des voix dans la ville-centre socialiste (Hénin-Beaumont). Aujourd'hui, alors que le FN est largement majoritaire à HB, et dépasse les 35% dans les autres communes, la circonscription n'est peut-être pas encore perdue pour les Républicains, sauf si...vous êtes candidat. Vous avez été le fossoyeur du PS dans la circonscription (Leforest, Evin, Dourges...) et, d'ailleurs c'est pour cela que vous avez perdu l'Agglo. Votre image est catastrophique et vous pensez battre Marion Le Pen? Un second tour Facon/Le Pen me fait penser à un second tour des Présidentielles Sarkozy/Le Pen! La peste ou le choléra? Face à un parti politique raciste, nous n'aurions qu'à choisir un candidat PS dont les propos racistes sont notoires ou un candidat UMP qui court après le FN?

Espérons que le PS 62 saura enfin entendre ce qui sourd de la population, à savoir que vous ne pouvez incarner une alternative crédible au FN...

La catastrophe de Fukushima au Japon pose quatre graves problèmes de santé


Texte écrit par Jean-Luc Véret, Président de la Commission Nationale Santé d’Europe Ecologie – Les Verts
Médecin de Santé Publique

Les fortes doses

Les effets de la radioactivité sur les êtres vivants dépendent des doses reçues, mesuré en Sv (Sievert)
- à partir de 1 Sievert, SV, ( ou 1OOO milliSv), les personnes sont malades dans les heures et les jours qui suivent. Elles souffrent de vomissements, maux de tête, diarrhées, puis diarrhées sanglantes, puis elles perdent leur capacité de défense, en particulier contre les microbes.
- à partir de 5 Sv, une personne sur deux va mourir rapidement
- à partir de 10 Sv, 100 % des personnes vont mourir
Les informations concernant les travailleurs de la centrale de Fukushima sont extrêmement inquiétantes : pour certains, ils reçoivent ces fortes doses en une ou deux heures. C'est pourquoi l'attitude de ces travailleurs a été qualifiée d’héroïque par le président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire française (ASN). Beaucoup ont déjà reçu des doses mortelles. Il faudra envoyer de très nombreuses personnes successivement sur le
site car elles ne peuvent rester que très peu de temps sur les parties les plus exposés.

Les faibles doses

Le problème des faibles doses est très différent. Les faibles doses augmentent le nombre de cancers dans la population dans les dizaines d'années qui suivent une irradiation et peuvent se manifester pendant au moins 40 ans. Par ailleurs elles déclenchent des anomalies génétiques, qui pourront n'apparaître qu'après plusieurs générations.
La dose admise dans des conditions normales de fonctionnement de l'industrie nucléaire est de 1 miliSv par an pour l'ensemble de la population, et on accepte 20 fois plus pour les travailleurs du nucléaire.
Une part significative de la population japonaise est aujourd'hui concernée par le dépassement de ces doses.
Mais il faut savoir que les connaissances scientifiques internationales admettent aujourd'hui qu'il n'y a pas de seuil de toxicité au-dessous duquel le risque serait nul. Toute dose de radioactivité augmente le taux de cancers dans la population. Il existe une radioactivité naturelle comme il existe des cancers «naturels». Toute dose de radioactivité augmente le nombre de cancers.

La contamination

On peut se protéger d'une irradiation en s'éloignant de la source. Mais la situation est différente en cas de contamination par des particules radioactives qui sont alors présentes sur la peau, absorbées dans l'air que l'on respire ou dans l'eau et les aliments que l'on mange. Dans ce cas les particules radioactives peuvent s'intégrer dans le fonctionnement du corps humain. L'iode 131 se fixe dans la thyroïde, le césium137 dans les muscles, le strontium 90 dans les os. Ils peuvent y entraîner des dégâts sur les cellules voisines même si la dose délivrée à l'ensemble du corps est infime.
De plus, dans le cas où des personnes sont contaminées, lorsqu'elles s'éloignent de la source de pollution, elles restent porteuses de la petite source fixée dans leur corps, dans certains cas pour des dizaines d'années. On comprend alors que la toxicité puisse être importante pour des doses très faibles en termes d'irradiation. De ce point de vue, la population concernée est énorme.
L’Iode 131 perd la moitié de son activité en 8 jours et 99% en un peu moins de 3 mois. C’est pourquoi on peut se protéger avant une contamination annoncée en saturant la glande thyroïde par de l’iode non radioactif. Le Césium 137 perd la moitié de son activité en 30 ans et 99% en 300 ans. La durée de vie du strontium 90 est à peu près identique à celle du césium 137.

Le MOX

S'ajoute aux difficultés énoncées ci-dessus le fait que le réacteur numéro trois fonctionne au MOX, combustible préparé à l'usine de La Hague, qui consiste à mélanger à l'uranium une part de plutonium 239. Ce plutonium n'existait pas dans la nature il y a un siècle et a été produit par l'activité des humains. Il présente un danger particulier par sa toxicité très forte en cas de contamination aérienne. La dose toxique est de l’ordre du millionième de gramme et peut provoquer un cancer du poumon s’il est inhalé. De plus, il perdra la moitié de son activité en 24 000 ans et 99 % de son activité en 240 000 ans !
Autrement dit, cette pollution est définitive.

De ce point de vue, la France a une responsabilité particulière en tant que producteur du MOX, dont une livraison devait être effectuée en mars au Japon…


En conclusion, Les Japonais sont très loin de maîtriser la catastrophe de Fukushima, ses conséquences portent sur de nombreuses générations et concernent au moins la population de tout l’hémisphère nord.

mercredi 30 mars 2011

Réalités financières et autres

Ainsi  le déficit financier de la ville d'Hénin-Beaumont aurait été "épongé"...

"Arrivés en juillet 2009 avec un passif de 12  millions d'euros de fonctionnement plombant sa trésorerie, l'équipe de l'Alliance républicaine a eu une obsession, jamais prise en défaut, celle de s'attaquer à ce monstrueux déficit." écrit le journaliste de La Voix du Nord, P.Wallart, dans l'édition d'hier.

 C'est effectivement ce qu'a annoncé le maire lundi soir et l'on ne pourrait que s'en réjouir. Mais à y regarder de plus près, la nouvelle soulève quand même pas mal de questions:

- D'abord, le déficit n'était pas de 12 millions! Dans son avis du 8 juin 2009, la CRC avait évalué le déficit global et consolidé à la fin de l’exercice 2008, à un montant global de 9 056 744,54€. Voir page 5: http://www.ccomptes.fr/fr/CRC18/documents/Avis/NPA2009163164.pdf

- Quand on sait, de plus, que la CRC avait imposé à G. Dalongeville, en 2009, des mesures drastiques confirmées par l'arrêté préfectoral du 28/7/2009 (soit après l'élection de la nouvelle équipe), avec notamment une hausse des impôts locaux de 10%, on se dit que la diminution du déficit de 2009 (arrêté à 1 694 723,30€ comme le rappelle la CRC  dans son avis 2010-131 du 24/6/2010 page 7 voir références ci-dessous) est le fait partagé de G. Dalongeville (dont l'équipe a mis en place les procédures de mandatement exigées par la CRC, certes c'était peu, mais...), le Préfet (qui a imposé le budget rectifié en juillet 2009) et l'équipe Duquenne (qui a appliqué les directives préfectorales: encore fallait-il les appliquer, c'est à mettre au crédit de l'équipe municipale);

- Pour résumer: les 9 056 744, 54 de déficit ont été résorbés en 2 ans: 7 338 032, 51 en 2009 grâce surtout au Préfet, le reste (environ 1, 7 million environ) en 2010. Très bien, mais il faut rester modeste...

- D'autant plus que dans l'avis précité de juin 2010, la CRC insiste (http://www.ccomptes.fr/fr/CRC18/documents/Avis/NPA20100131.pdf):
«Le seul redressement budgétaire ne constitue pas une assurance d’un redressement pérenne sur le long terme, comme l’a montré l’expérience passée : les réformes structurelles d’amélioration sont indispensables pour accompagner les mesures d’économie ». Et de les énumérer:
*Opérations d’engagement et de mandatement à améliorer
*Des décisions budgétaires insincères à revoir
*Une information budgétaire et comptable présentant des incohérences
*Des errements persistants en 2010 à corriger.

- Je rappelle également, ci-dessous, que la réduction drastique a fait perdre de vue ce qu'est la gestion d'une ville, à savoir:

* des investissements minimum (ce que la CRC avait préconisé à hauteur de 3 millions par an), pour la simple raison que l'on ne peut décaler certains remplacements de matériels ou réparations, parce que plus on attend et plus cela coûte cher. Or les investissements ont été inférieurs à un million par  an en 2009 et 2010.

* Des études et des concertations préparant les investissements  pluriannuels futurs. C'est seulement à partir de maintenant qu'elles pourraient avoir lieu (à condition d'élaborer au préalable un projet) et cela retardera d'autant les programmes. Cela s'appelle gérer l'avenir...

 * l'espoir, cet investissement immatériel pour que les citoyens constatent que la ville est dirigée, tout en tenant compte de leur avis. Cela signifie: communication, transparence, concertation, projet...

C'est l'absence complète de gestion autre que financière qui fait que le FN est passé de minoritaire en juin/juillet 2009, à virtuellement largement majoritaire aujourd'hui. Cela fait partie du déficit légué par G. Dalongeville, mais celui-là ne s'est pas résorbé, mais, au contraire, largement creusé: c'est même devenu un gouffre!

Le FN est-il devenu un parti comme les autres? Le Monde 30/3/2011

A en croire un sondage BVA publié lundi 28 mars dans Les Echos, une majorité de Français (52 %) estiment désormais que le Front national " devrait être considéré comme un parti comme les autres ". Soit dix points de plus qu'en septembre 2010 (42 %).

Entre-temps, le FN a changé de visage. Marine Le Pen a accédé à la tête du parti, a affiché sa volonté de rompre avec " les nostalgiques bottés et casqués, la matraque à la main ", et a soigneusement évacué les marqueurs traditionnels de l'extrême droite du discours frontiste. Désormais sont mis en avant les thèmes de la République, de la démocratie, de la laïcité.

Reste à savoir quel contenu il en est donné. Un changement de discours n'induit pas automatiquement un changement de la nature politique profonde d'un parti.
S'il y a rupture sur des symboles, le FN demeure bel et bien un parti d'extrême droite. C'est d'abord la formation politique, hors groupuscules, située le plus à droite de l'échiquier politique français. Ensuite, si le FN s'est inscrit dès sa fondation dans une optique légaliste - c'est à ce titre qu'il refuse la qualification d'extrémisme -, il diffère néanmoins des autres partis par sa remise en cause assumée de principes constitutionnels fondamentaux.

Rupture sur l'Histoire Contrairement à son père, Marine Le Pen ne relativise aujourd'hui ni l'Occupation ni la Shoah. " Ce qui s'est passé dans les camps (...) est le summum de la barbarie ", a-t-elle déclaré le 3 février dans Le Point. Ce faisant, elle rompt avec un certain héritage : le FN comptait, parmi ses fondateurs, en 1972, un nombre non négligeable d'anciens collaborationnistes. La rhétorique antisémite a disparu des propos publics des nouveaux dirigeants de ce parti, tout comme le recours systématique à la théorie du complot.
Cet abandon, pour important qu'il soit, ne permet cependant pas de faire tomber la qualification d'extrême droite pour le FN. Comme le rappelle le politologue Jean-Yves Camus, " toute l'extrême droite n'a pas été antisémite ou collaborationniste ". L'antisémitisme n'a, en effet, pas été l'apanage de cette seule famille politique. Et l'extrême droite a pu compter dans ses rangs des résistants.

La préférence nationale et le bloc de constitutionnalité " Je ne me satisfais pas que le FN répudie l'antisémitisme dans son expression publique tant qu'il désigne d'autres catégories de la population comme responsables des maux de la France ", ajoute par ailleurs M. Camus.
Au coeur du programme du FN, reste et demeure la préférence nationale, en matière d'embauche, de logement, d'aides sociales, " afin que les Français soient prioritaires chez eux ". Numéro deux du parti et vice-président chargé du projet, Louis Aliot en fait même " un point non négociable ".
Problème : cette proposition est contraire à la Constitution en son principe d'égalité de tous les citoyens ainsi qu'aux dispositions communautaires. " La préférence nationale découle d'une vision ethnique de la nation, fondée sur le droit du sang, relève Sylvain Crépon, sociologue spécialiste du FN. Marine Le Pen a beau essayer de donner un visage humain à la xénophobie, cela reste de la xénophobie. "
En janvier 1998, Catherine Mégret, alors maire FN de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) avait créé " une allocation municipale de naissance " qui offrait 5 000 francs de l'époque aux couples " français ou européens " pour " encourager la natalité ". Cette mesure a été cassée par le juge administratif pour inconstitutionnalité. Les dirigeants du FN sont bien conscients de la difficulté légale d'application. Du coup, le bloc de constitutionnalité est perçu comme un verrou à faire sauter.

La démocratie plébiscitaire Qu'il s'agisse de la préférence nationale ou du rétablissement de la peine de mort, le FN récuse ce que M. Aliot nomme " la contestation du pouvoir dans la République par des moyens détournés ". Comprendre, donc, les obstacles constitutionnels et de droit européen.
Pour appliquer leur programme, Marine Le Pen et ses proches misent sur le référendum. Il s'agit d'opposer ainsi la légitimité populaire à celle du juge constitutionnel. Pour Sylvain Crépon, c'est là un vrai marqueur d'extrême droite. " Cette dernière a toujours mis en avant la démocratie plébiscitaire, par défiance envers la représentation électorale. "

Les cadres frontistes Le congrès de Tours n'a pas donné lieu à une scission. L'aile radicale des soutiens de Bruno Gollnisch, issue de L'Œuvre française, groupuscule antisémite et pétainiste, est toujours au FN. Certains - tel Alexandre Gabriac, qui a été suspendu après la publication d'une photo le montrant faisant le salut nazi - ont même été candidats aux cantonales. " En Italie, les fascistes historiques sont partis après le changement d'orientation impulsé par Gianfranco Fini. Tant qu'il n'y a pas clarification, on ne peut pas dire de Marine Le Pen que c'est la "Fini française", ni qualifier le FN de parti national populaire ", note M. Camus.
A différents niveaux, des soutiens de Mme Le Pen jurent avec l'image lissée que la nouvelle présidente du FN veut donner à son parti. Le Front national compte parmi ses cadres des militants de l'extrême droite " dure ".
Ainsi le responsable du FN à Chauny (Aisne), Jean-Jacques Luisetti, revendique sur son profil Facebook comme centres d'intérêts : " La LVF - Légion des volontaires français contre le bolchevisme, créée en 1941 - , Pétain, Degrelle, Jeanne d'Arc, Mein Kampf. " L'une des figures frontistes du département n'est autre que Michelle Dall'Ara, ancienne du Parti national français européen (PNFE), formation néo-nazie active du milieu des années 1980 à la fin des 1990.
Thierry Maillard, le patron du FN à Reims, candidat à Reims-9 lors des cantonales, affiche sur un de ses sites le portrait du collaborationniste Jacques Doriot sous le titre " Grand Jacques, reviens, ils sont devenus fous ! ". Il existe également des radicaux, dans l'entourage proche de Marine Le Pen. Y compris parmi les nouveaux venus, comme Laurent Ozon, influencé de longue date par le Grece (club de pensée ethno-différentialiste, élitiste, antidémocratique et néopaïen). Lequel a pu écrire récemment : " Je ne vois plus de peuple dans cette foule grasse, curieuse et malade. "

Abel Mestre et Caroline Monnot

mardi 29 mars 2011

" Le FN est ostracisé, ses idées banalisées " Le Monde 30/3/2011

Entretien avec Florence Haegel, politologue, Centre d'études européennes (Sciences Po)




Vous êtes l'auteur d'un article, " Sarkozy a-t-il radicalisé la droite française ? ", à paraître dans la revue " French Politics ". Pour vous, l'UMP a-t-elle contribué à banaliser le Front national ?
 
Face à la montée de l'extrême droite, les partis conservateurs européens ont opté, ces dernières années, pour différentes stratégies allant de l'isolement, comme en Belgique, à l'alliance, comme en Autriche ou en Italie. En France, l'UMP a choisi une voie médiane qui consiste à bannir toute idée d'alliance avec le FN au niveau national tout en cooptant ses principaux thèmes. En gros, le parti est ostracisé, mais ses idées sont banalisées.


L'élection de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP en 2004 a-t-elle modifié les relations entre droite modérée et droite radicale ?

Quand on regarde l'histoire du RPR puis de l'UMP depuis trente ans, on a souvent coutume d'opposer les années Chirac aux années Sarkozy. C'est en partie exagéré.
Face au FN, le RPR de Jacques Chirac a fluctué. L'étanchéité n'a pas été totale. Certains lieux ont ainsi servi de passerelles, comme le Club de l'horloge dans les années 1980. Par ailleurs, il est arrivé au RPR de puiser très largement dans les idées du FN. Souvenez-vous par exemple de son programme législatif de 1993 : on y trouve, entre autres, la condamnation de la polygamie, la promotion de l'" exception nationale ", l'appel à une " expulsion sans mansuétude " des immigrés en situation irrégulière, ou encore un projet de réforme du code de la nationalité.

Vous ne voyez donc pas de différence entre le RPR chiraquien et l'UMP sarkozyste ?

Si. Il y a, selon moi, deux grandes différences. La première est que Nicolas Sarkozy, contrairement à Jacques Chirac, a explicitement dit qu'il voulait " décomplexer la droite française ". Avant lui, ce type de discours était honteux. Sarkozy, lui, a affiché et tenu une stratégie de reconquête des électeurs du FN.
La deuxième différence est que cette " radicalisation ", prise à la fois dans son sens étymologique de retour aux racines et de dérive extrémiste, a été promue dans le cadre de la campagne présidentielle. De ce point de vue, la comparaison des univers sémantiques des candidats est éloquente. Beaucoup plus que Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a fait campagne sur le thème du retour à l'ordre social et moral, sans compter les références à l'identité nationale. Ce qui lui a permis, en 2007, de reconquérir une partie de l'électorat du FN.

Le corollaire de la banalisation du FN serait donc, d'après vous, une radicalisation de l'UMP?

Depuis 2007, un nouveau seuil a été franchi. En associant, dans son discours de Grenoble du 30 juillet 2010, immigration et insécurité, thèmes qu'il distinguait auparavant, Nicolas Sarkozy s'est directement placé sur le terrain du FN. En même temps, l'UMP n'est pas un bloc réifié. Aujourd'hui, la Droite populaire, qui compte trente-cinq députés et dont une vingtaine de membres siègent dans l'appareil du parti, jouit certes d'une visibilité et d'une influence inédites. Mais on le voit bien : même dans une UMP radicalisée, les idées du FN comme la stratégie à adopter face à lui divisent.

Propos recueillis par Thomas Wieder
© Le Monde

Conseil municipal du 28/3/11

Triste conseil municipal; peu de public, "humour ras des pâquerettes", cacophonie par moments, niveau très faible des débats...

Le Maire, très combatif en début de conseil, s'est essoufflé par la suite: sa courtoisie habituelle l'a entraîné dans la connivence  avec S. Briois. Des plaisanteries souvent incompréhensibles par les présents...
Le FN, en dehors de ses litanies habituelles (UMPS...), fait très pâle figure...le départ de M. Le Pen laisse le camp de l'opposition en ruines...

2 sujets importants ont été traités:

- le compte administratif de 2010: le déficit de 12,2 millions n'existe plus. Il a été résorbé en 2 exercices. Même si la majorité s'auto-félicite, force est de reconnaitre que ce sont les contribuables héninois qui ont payé les augmentations fiscales nécessaires pour boucher les trous creusés par Dalongeville. De plus, l'absence d'investissement et la suppression des postes d'intérimaires ont complété le "serrage de ceinture". Le problème, c'est qu'aucun projet n'ayant été étudié, aucune étude n'ayant été prévue, nous avons pris 2 ans dans la vue avant qu'un réel dossier d'investissement ne sorte de terre.

- le débat d'orientation budgétaire a permis de constater que dorénavant 6 millions d'euros seront consacrés, annuellement, aux investissements. Mais ne rêvez pas, ce ne sera que du colmatage: entretien de routes, d'écoles, remplacement de véhicules (utilitaires et d'entretien), l'Eglise Saint-Martin, chauffage au bois de la piscine (qui alimentera également l'Escapade et la Médiathèque), éclairage public...
Par contre, mauvaise nouvelle: les impôts ne baisseront pas avant 2013...

Quelques petites phrases, souvent involontaires:

- "nous ne sommes plus sous la tutelle de l'Etat" (E. Binaisse). Sauf que la tutelle a disparu avec les lois de décentralisation de...1981". Aujourd'hui, l'Etat "contrôle" les collectivités dans la situation d'Hénin: tout est dans la nuance...
- "nous allons devenir un sous-Oignies" (exemple longtemps de ville en ruines). S. Briois
- "en 2011, on va pouvoir commencer à travailler" (O. Cogo);
- "en 2009, nous étions pourtant sur la même longueur d'onde, mais plus maintenant". SB à EB
- le maire parle de "papier-coller" au lieu de copier/coller...
- "les associations coûtent cher à la ville" (EB);
- "on va voter sur le débat d'orientation budgétaire pour lequel on n'a pas à voter" (EB). Finalement on n'a pas voté, parce que cela ne servait à rien: d'ailleurs pour nous prouver qu'il fallait voter, le Maire nous a lu un article du Code (des collectivités locales) qui précisait qu'effectivement...il n'y avait pas à voter (sic!)
- "dites-moi, pour une fois, que c'était bien" (EB à SB);
- "chers amis" lancés en direction des conseillers FN, par le Maire, pour leur demander s'ils avaient encore quelque chose à dire...Nous ferons comme si cela avait été lancé à la cantonade, vers tous les conseillers. Encore une fois, l'affabilité du maire prend le dessus sur ce qu'il pense réellement. Beaucoup ont sursauté en entendant ce lapsus...N'empêche que se comporter avec les conseillers FN comme s'il s'agissait de républicains entraine des confusions de la sorte...

- "Merci, Monsieur le Président", a dit, au maire, un conseiller municipal (certes récemment mis en place...). M Binaisse (Bizeness s'appellera-t-il lui-même, en écho à ce sobriquet peu respectueux que l'on retrouve sur le blog du FN) lui fit remarquer que l'on pourrait l'appeler ainsi en 2014 (à la CAHC?)

Sinon, une organisation de séance qui laisse à désirer: des petits papiers distribués pour... un vote à mains levées! Le maire, mal conseillé, qui sort à 2 reprises au moment où on présente le compte administratif (il ne doit sortir qu'au moment du vote et doit donc être présent au moment où on vote sur la présidence de séance pour le remplacer: non seulement on n'a pas désigné de remplaçant mais le maire est sorti les 2 fois pendant l'exposé du compte administratif!), oubli de présenter le rapport sur Adevia (oubli rattrapé par le plus grand des hasards)...

Ah! pour la petite histoire, on a passé 7 minutes sur une délibération sur le financement d'une formation des agents municipaux au maniement de bâtons de défense (appelés "tonfas"). Aussi passionnant que le reste de la séance qui a duré près de 2 heures30...


lundi 28 mars 2011

Le FN est largement majoritaire dans la ville d'Hénin-Beaumont.

Nous ne reviendrons pas ici, sur la victoire difficile du candidat PS soutenu par l'ensemble des républicains. Rappelons seulement que JM Picque est souvent passé au 1er tour et qu'en 2004, il a réalisé 73,5% au second tour, soit près de 20 points de plus que cette année!

Confirmation de ce que l'on savait depuis quelque temps, mais que, bien sûr, les principaux responsables de ce fiasco déniaient, le FN est majoritaire aujourd'hui à Hénin-Beaumont. Là où, dans les 7 bureaux concernés par les cantonales, il a réalisé, hier, 51,73%, il avait fait 44% au second tour des municipales de 2009,. Ce qui par simple extrapolation indique que, sur les 18 bureaux héninois, il doit planer à un minimum de 56%, alors que, lors de ces élections de 2009, le FN, au paroxysme de sa montée, croyait-on, avait réalisé 47,62%!

1- Comment en est-on arrivé là?

- Rappelons d'abord qu'en juin/juillet 2009 eurent lieu des élections municipales faisant suite à la révocation du maire, G. Dalongeville, poursuivi pour de nombreuses malversations...Ces élections furent emportés par une liste apolitique de gens de bonne volonté, mais totalement inexpérimentés et certainement pas préparés, ni par leur expérience professionnelle, ni par leur parcours personnel, à gérer une une ville endettée jusqu'au cou et menacée par le FN. 

- 5 erreurs très graves furent alors commises par la nouvelle équipe:

* ayant réalisé 20% des voix au 1er tour des municipales, non seulement elle refusa toute alliance, même de pure forme avec les autres forces politiques, mais, au second tour, une fois élue, elle dédaigna ceux qui avaient appelé à voter pour elle au second tour, en ne les associant pas, de façon indirecte, aux affaires de la ville;

* de plus, elle conserva le déjà maigre encadrement municipal, qui avait obéi, le petit doigt sur la couture, à G.Dalongeville, et dont la compétence professionnelle avait été pointée du doigt par la Chambre Régionale des Comptes. Des élus, vite dépassés, conseillés par des cadres limités en nombre et qualité: on se doute que pour gérer une ville en faillite, cela n'avait aucune chance de réussir...

* tant bien que mal, sous la pres sion du Préfet, après des augmentations d'impôts qui font d'Hénin-Beaumont la ville la plus taxée de France, les finances se sont assainies. Difficile de faire autrement sous l'œil contraignant de l'Etat. Malheureusement cette cure forcée ne fut accompagnée d'aucune vision d'avenirni de transparence afin de donner quelque espoir à une population livrée à elle-même;

* il fut souvent rappelé ici qu'un service minimum aurait dû être assuré: lancement d'études pour préparer des jours meilleurs, des mesures d'économies visibles, notamment énergétiques, une attention particulière à la population (probablement que le manque d'assurance des élus les a empêchés d'aller vers les gens), etc. Ce dernier point est certainement une des clefs pour expliquer le ras-le-bol de citoyens sans aucun repère, de telle sorte qu'une très grande majorité des citoyens ne connait pas le nom de son maire (il faut dire, de plus, que le maire élu victime d'un AVC et d'une menace d'inéligibilité, dut démissionner rapidement après son élection...), ce dernier ne faisant rien pour y pallier!

* de plus des erreurs (visibles, celle-là!) furent commises: notamment une tentative d'auto-augmentation de leurs indemnités par les élus, dans des proportions indécentes; le refus, sans consultation de quiconque, d'autoriser l'implantation d'une entreprise souhaitant créer plus de 600 emplois. Cerise sur le gâteau (de plus en plus indigeste), aussitôt élue, cette majorité s'est jetée dans les bras de partis politiques discrédités par leur soutien abusif à Dalongeville (MRC et PS), soutien dont la justice pourrait (pourra?) peut-être en expliquer les raisons prochainement..

2- Quelles conclusions en tirer?

La municipalité est bien responsable de cette hausse présumée de plus de 8 points du vote FN dans la ville. Elle a fait faillite dans 3 domaines:
-elle a été incapable de gérer la commune (pas de réforme des procédures internes, aucune mesure pour améliorer les compétences du personnel); l'assainissement des finances n'étant même pas à mettre à son crédit!
- elle n'a pas su communiquer avec la population: les élus ont peur des citoyens et ne vont pas vers eux; ils n'ont aucun projet;
- sa stratégie de relation cordiale avec le FN est une catastrophe...Non seulement, avant d'être élus, certains avaient activement travaillé avec le FN, mais, de plus, les relations ont continué ensuite. Jusqu'à l'incroyable erreur commise ce dimanche: confier la présidence du bureau dans lequel votait Marion Le Pen, sous l'œil des caméras, à une élue frontiste, embrassée, avec beaucoup d'effusions, par
la Présidente du FN, qui n'en demandait pas tant...Cela confirme bien l'amateurisme d'élus dépassés par les évènements!

3- Comment s'en sortir?

S'il en est encore possible, en 3 ans, la majorité municipale ferait bien:
- d'en terminer avec le dédain dans lequel elle tient, depuis son élection, les hommes politiques démocrates, qui n'ont  eu, pourtant de cesse de leur indiquer qu'elle faisait fausse route. Plusieurs cartons jaunes annonciateurs du carton rouge d'aujourd'hui...
- de cesser son copinage outrancier avec le FN;
- de sortir de son "splendide isolement".

Le Maire et ses élus sont-ils capables de se remettre en question après cet échec annoncé depuis longtemps? 
Préfèreront-ils s'enfoncer dans leurs certitudes?
Il reste 3 ans pour changer une situation fortement compromise: il faudrait un geste fort pour tenter de renverser la vapeur...
La patrie en danger permit à des devanciers célèbres de ranger leurs couteaux et leurs susceptibilités afin que l'intérêt général triomphe. En effet, il reste le mince espoir que de nombreux abstentionnistes aient boudé les urnes parce qu'ils ne voyaient pas dans les candidats en présence une solution à leur désespoir...

Enfin, rappelons qu'un recours du FN tendant à faire annuler les élections cantonales, suite à un tract anonyme, mensonger et diffamatoire du PS, a toutes les chances de prospérer.
Le délai mis ainsi à disposition (3 à 6 mois), avant d'éventuelles nouvelles élections, sera-t-il l'occasion de se ressaisir?

On peut l'espérer, mais pour cela, faut-il encore mettre son mouchoir dans la poche (pour empêcher les haines de sortir) et accepter les réalités (La Voix du Nord rapporte des propos du Maire annonçant que le FN venait de connaître un échec...).

L'agenda 21 met du vert dans le quotidien (3)

Le Monde Magazine 25/3/2011

Chassez le naturel, il revient au galop ? La vérité est que le développement durable est devenu un enjeu essentiel dans la politique en général et dans la gouvernance locale en particulier. François Goulard, ancien ministre du gouvernement Villepin et maire (UMP) de Vannes, ne pensait pas que son hégémonie régionale pourrait être remise en cause lorsqu'il y a deux ans les édiles du cru ont dû nommer le président du nouveau Parc régional naturel du golfe du Morbihan. Surprise : c'est le turbulent maire – et écolo de la première heure – de la petite commune de Saint-Nolff qui fut élu à sa place ! Joël Labbé porte une veste en cuir et de longs cheveux gris. Une gueule de barde breton. A Saint-Nolff, cet enfant du pays, fils d'agriculteur, entré en 1977 au conseil municipal, a fait inscrire sur la façade de l'hôtel de ville : "Commune du monde""Un truc proposé à la fin de la guerre par les surréalistes dont les principes étaient pionniers par rapport à l'agenda 21 : respect de la vie sur la planète, ouverture au monde, mondialisation et humanisme…"


Epinglée à côté de son bureau, cette citation apocryphe : "Il n'est pas obligatoire d'être fou pour travailler ici, mais ça aide." Inspiré par la candidature de René Dumont à la présidentielle de 1974, il a créé sa liste municipale en 1995. "Une fois élu, nous avons d'abord montré que nous savions gérer – l'assainissement, les routes, les budgets… Puis nous avons pu donner à la ville une orientation inhabituelle." Saint-Nolff a banni les OGM, lancé un programme d'énergies renouvelables et créé un festival de rock qui rassemble chaque année plus de 20 000 personnes. Et Joël Labbé a toujours été réélu depuis. "Pourtant, en 2004, sans opposition au conseil municipal, j'ai eu le sentiment qu'on patinait, qu'on n'innovait plus. C'est là que j'ai pensé à l'agenda 21."
Son projet phare : la construction d'un éco-quartier. Quatre ans de travail pour monter le dossier. Des venelles sans voitures, des maisons qui économisent l'énergie, des chauffages solaires et la récupération des eaux de pluie. Des prix bas et quelques logements sociaux. Et pour mettre tout cela en place, un plan local d'urbanisme drastique et des terrains agricoles constructibles achetés à des tarifs modérés. "Certains disent “C'est stalinien !” ; moi je réponds : on est là pour défendre l'intérêt public. Ici, explique-t-il avec ce mélange d'assurance et de timidité qui le caractérise, on fait de la politique ! Ce n'est pas un gros mot !"
Sous ses énormes sourcils broussailleux, Jean-Claude Pierre dégage une énergie incroyable malgré ses 73 ans. "Il n'y a pas de prêt-à-porter du développement durable,Chaque communauté doit élaborer son propre modèle. On ne gagnera pas les uns contre les autres. Nous avancerons par la pratique, pas par le discours. Le mouvement se fait en marchant." Et de citer ce "vieux proverbe chinois" qui lui tient à cœur : "J'entends, j'oublie. Je vois, je retiens. Je fais, je comprends." martèle-t-il. 

CHANGER LES COMPORTEMENTS
C'est à Jean-Claude Pierre que le maire de Saint-Nolff a fait appel pour mettre en place son agenda 21. L'homme est une figure du mouvement environnementaliste. En 1969, il a créé l'association Eaux et rivières de Bretagne pour protester contre l'installation d'un élevage piscicole industriel. "J'ai commencé par m'intéresser au saumon, puis des saumons, je suis passé à la rivière, de la rivière au bassin versant, du bassin versant à l'homme… Et puis, au bout de quelques années de combats, nous avons compris que la contestation du modèle productiviste ne pouvait pas se limiter aux démarches contestataires, qu'il nous fallait aussi être une force de proposition. Nous avons alors créé Nature et culture, parce que ce qui peut nous faire changer de paradigme, ce n'est pas l'économique ou le financier, c'est le culturel, c'est l'esprit, j'oserais même dire, c'est le spirituel."
Militant infatigable, il donne aujourd'hui deux ou trois conférences par semaine dans des collèges, des universités, devant des associations, des élus, des chefs d'entreprise et, avec son association Nature et culture, anime une dizaine de démarches agenda 21. Pour le Finistère, il a formé tous les agents du département. "Ce n'est pas seulement une histoire d'écologie. L'environnement nous oblige à repenser les solidarités. Avec nos semblables, avec les générations futures, avec le vivant en général."
Alors que Jean-Claude Pierre fait visiter Lorient, ville pionnière dans la gestion de l'eau dès le début des années 1980, il arrête sa modeste voiture devant une cité HLM du port, rénovée il y a quelques années par l'architecte Roland Castro : "Vous ne remarquez rien ?" Euh… Ben… Euh… "Mais les graffitis, voyons ! Les graffitis ! Il n'y en a pas un seul… Si les gens aiment leur immeuble, l'endroit où ils vivent, ils ne le détériorent pas…"

Toujours en recherche, toujours persuadés qu'il faut partir du particulier pour aller au général, faire bouger la base pour ébranler les hautes sphères, les militants bretons travaillent aujourd'hui à mettre au point un "agenda 21 des familles". Avec Internet comme moyen de s'autodiagnostiquer et la remise en question individuelle pour nécessité absolue. "Le citoyen ne peut pas demander à l'élu d'être vertueux si lui-même ne l'est pas. Nous n'arriverons pas à changer notre modèle de développement si le Breton moyen ne change pas son comportement. Et c'est notre travail de l'accompagner dans cette démarche."

Dans le train qui me ramène vers Paris, je me demande si je suis bien agenda 21. Si je suis assez solidaire, impliqué socialement, concerné par l'état du monde, et si ma gouvernance personnelle ne manque pas de transversalité. Promis, dès la semaine prochaine, je me fais une réunion avec moi-même.

Laurent Carpentier

Fin

dimanche 27 mars 2011

Résultat des cantonales à Montigny/Hénin

Résultat du second tour des cantonales:
JM Picque (PS): 55,26%
S. Briois: 44,75% (1er tour: un peu plus de 35%)

Sur HB, le candidat FN réalise 51,73% sur une partie moins favorable de HB que celle des 11 autres bureaux.
Je confirme ce que j'écrivais en début d'après-midi: en cas de municipales, aujourd'hui, à HB, un premier tour donnerait 46% au FN, 56% au deuxième tour.

Rappelons qu'il y a 20 mois, aux municipales de 2009, au maximum de la haine contre Dalongeville, le FN réalisait 47,62%. Plus de 8% gagné pendant cette période! 

Qui est responsable?

A quelques heures du résultat des cantonales...


Le Front National a réalisé un peu plus de 35% des votants au 1er tour des cantonales de Montigny, dimanche dernier. Il est fortement improbable qu'il emporte le canton ce soir tant la marge de manoeuvre théorique de l'autre candidat est large: 65 % des électeurs n'ont pas voté FN au 1er tour. Mais il ne rassemblera pas ces 2/3 électeurs autour de lui. Pour plusieurs raisons:

- l'abstention pourrait être plus forte qu'au 1er tour (près de 59% pourtant): en particulier, ceux qui ne voteront pas pour JM Picque, le candidat socialiste et qui ne veulent pas voter FN. Ils avantageront, de ce fait, le candidat d'extrême-droite arrivé en tête;
- la volonté délibérée d'électeurs (j'espère peu nombreux) qui voteront FN après avoir voté pour un des candidats éliminés, considérant leur choix de dimanche dernier, comme celui de la protestation...
- le vote d'électeurs de droite (mais l'UMP n'a réalisé qu'un peu plus de 2%) qui se sentent proches des thèses racistes développés par le FN.

Cela signifie que, en théorie, JM Picque devrait réaliser au moins 60% ce soir. En deçà, il y aurait beaucoup de questions à se poser. Rappelons que c'est un canton ou JM Picque gagnait dès le 1er tour et qu'en 2004, il l'avait emporté au second tour avec plus de 68% des voix (73,5% à Montigny, 63,2% à HB).

Si la victoire quasi-vraisemblable de JM Picque se dessine, c'est grâce à Montigny où il a réalisé 40% (53% en 2004), sans qu'il puisse s'attribuer forcément l'ensemble des voix de P.Ferrari (9%), celles-ci étant constituées en grande partie par des opposants au PS (elles devraient, en partie, et  malheureusement, rejoindre la cohorte des abstentionnistes, ce qui favorise le FN..

C'est donc à HB que la surprise devrait être de taille. Quelques chiffres:
- Résultats FN sur les 7 bureaux des cantonales d'HB: 43,25%. Mêmes bureaux aux municipales 2009: environ 37,5% soit une progression de 6,25 points soit 16,60%
- Résultats FN municipales 2009 sur les 18 bureaux: 39,30%, au 1er tour. Si on projette les 16,60% sur les 18 bureaux, on arrive à près de 46%. C'est donc le score théorique du FN sur HB dans un 1er tour de municipales aujourd'hui à Hénin-Beaumont! 
- Entre le 1er tour et le second tour des municipales 2009, le FN avait progressé de 8,32 points soit plus de 21%. Si on prend pour référence le score de référence théorique de 46% au 1er tour de municipales qui auraient lieu ce jour, au second tour ("toutes choses étant égales , par ailleurs, disent les statisticiens, pour se prémunir d'éventuelles erreurs!), le FN serait à près de 56%!

(Attention, ces projections ont été réalisées, concernant les municipales de 2009, en fonction des pourcentages et non du nombre de voix, ce qui ne devrait pas changer grand chose à ces résultats).

- A vérifier, ce soir, après le résultat du second tour sur les 7 bureaux d'Hénin.

Effrayant, n'est-ce pas?

L'agenda 21 met du vert dans le quotidien (2)

Le Monde Magazine 25/3/2011


Devant une salle comble, cinq ans après la mise en place de la démarche, Vincent Delahaye, maire centre droit de Massy (Essonne), étale son bilan. Depuis les quinze ruches installées "et leurs milliers de nouvelles Massicoises", jusqu'à l'éclairage public : "- 8 % en dépenses d'énergie, soit 17 000 euros d'économies !" Ses mots-clés : "projets partagés", "initiatives", "nos envies communes", "civilité" ne suffisent pourtant pas totalement à masquer la difficulté qu'il y a à faire vivre le consensus et la discussion. On trouve, dans ces réunions publiques, toujours un dingue au premier rang qui aimerait qu'on mange les pigeons pour s'en débarrasser, un écolo-poujadiste dont la réunion de copropriété et le trajet à vélo sont les seuls baromètres et un maire qui, comme partout, vous expliquera qu'entre l'environnement et lui, c'est une histoire d'amour qui remonte à l'Antiquité.

LE SYNDROME DU CAPTEUR SOLAIRE
"On n'avance pas de façon foudroyante en tout, convient Catherine Lafeuille, responsable convaincue du projet agenda 21 à la mairie de Massy, mais chaque année nous montons le curseur. Toutes les constructions sont désormais évaluées en performance énergétique, nous n'utilisons plus aucun produit phytosanitaire dans les espaces verts, nous avons installé 86 containers enterrés pour remplacer les vide-ordures et nous soutenons des entreprises d'insertion, par exemple pour la récupération d'ordinateurs, qui sont reconfigurés pour être revendus 100 euros aux habitants nécessiteux. Bien sûr, nous avons plus de mal avec les transports qui ne sont pas une compétence communale, ou en ce qui concerne l'implication des entreprises et des bailleurs sociaux… Mais ce n'est que le début. Tous ces microprojets, mis bout à bout, induisent de vrais changements."
"Je dois dire qu'en novembre au Congrès des maires de France, j'ai été frappé par le monde présent à la table ronde sur le développement durable. Pour autant, j'ai bien peur que tout cela ne soit avant tout du marketing", s'inquiète Jean-François Caron, maire Vert de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), dont les innovations environnementales dans les plaines de l'Artois font figure d'exemple.
"Attention à l'exercice de style qui sert d'alibi, attention aux contrefaçons et aux effets d'affichage ! 95 % des élus restent sur des schémas assez lourds. On réfléchit aux robinets, aux ampoules, pas sur le modèle de croissance." C'est ce qu'il appelle "le syndrome du capteur solaire" : je construis un gymnase, je mets quatre générateurs photovoltaïques sur le toit et je fais la couverture de mon bulletin municipal pour montrer que j'ai fait un geste pour la planète.


Député et maire d'Orléans, aujourd'hui rapporteur du Grenelle 2 et président de la commission du développement durable à l'Assemblée, Serge Grouard en convient : "Le risque, c'est que ça devienne la tarte à la crème. L'autre écueil étant l'inertie des services : si vous n'êtes pas en permanence en train de mettre la pression, la machine revient à sa marche originale." C'est en 2004 que Serge Grouard a établi un agenda 21 à Orléans, misant sur la participation, mettant en place des ateliers jusque dans les foyers sociaux.
Sept ans après, le député UMP déchante : "On peine à voir les plus jeunes, les moins de 30 ans. On retombe toujours sur les mêmes gens. Et puis, le forum citoyen que nous avons créé, s'il continue de fonctionner – il s'y dit des choses intéressantes –, a tendance désormais à être instrumentalisé politiquement. Certains y viennent pour faire de la retape, pour vous discréditer. Cela peut devenir très stérile. Du coup, des gens s'en vont, et je les comprends…" L'opposition à Grouard ne dit pas autre chose.

Laurent Carpentier

A suivre

L'agenda 21 met du vert dans le quotidien (1)


LE MONDE MAGAZINE | 25.03.11


"Monsieur le maire, vous vous mettez dans la salle et vous vous taisez.– Mais cela va partir dans tous les sens !
– Et alors ? Est-ce grave ?…"
On l'appelle l'agenda 21. Et la façon – transversale et participative – dont ce "programme d'action pour le XXIe siècle" est discuté dans les communes n'est pas la moindre des révolutions qu'il soulève. Créé lors du sommet de la Terre de Rio en 1992 pour mettre sur des rails le développement durable dans ses trois piliers indissociables – l'économique, le social, et la préservation de l'environnement –, l'agenda 21, en donnant la parole aux citoyens, se révèle ni plus ni moins l'occasion de repenser la démocratie.

Jouarre, Seine-et-Marne. Des cryptes mérovingiennes, de vieilles bâtisses, des épandages de pesticides, un projet d'exploitation de pétrole de schiste et 4 000 habitants qui font la navette entre la capitale et cette petite ville pépère à une heure de Paris en roulant vers l'Est. Nuit noire, –2°C au thermomètre, et trois épisodes des "Experts" sur TF1. Vingt-cinq personnes sont pourtant réunies sous les néons de la salle du conseil. Le maire (ex-gaulliste, ex-chiraquien, encore sarkozyste), ses adjoints, deux opposants notoires, un vieux paysan, une mère de famille ivoirienne, des chevelures grises et des perruques blondes. Et puis aussi un conseiller en développement durable, François Camé, autrefois journaliste à Libération, pour animer cet atelier de l'agenda 21. Thème du jour : "Education et petite enfance". La règle du jeu est claire : on ne parle que pour faire une proposition d'action concrète. Sinon : silence !

Évidemment, cela commence par un long silence… Gabriel finit par se lancer. L'accent du Midi, la fibre écolo et un emploi chez Disney, il annonce qu'il va être papa : "Il n'y a pas en ville d'assistance maternelle qui puisse accepter un nourrisson. Alors, on pourrait peut-être créer…" Un grand homme propre sur lui, grand-père à la voix conciliante, propose de remplacer les couches-culottes par des couches lavables à la halte-garderie. Une femme dont le mari est artisan plombier suggère d'utiliser la géothermie pour chauffer la crèche…
Ouh la la… C'est ça la "démocratie délibérative" chère au philosophe allemand Jurgen Habermas ? Une discussion de parents inquiets dans une vieille mairie devant laquelle on a posé un cendrier et deux buis en pot ? Il y a de quoi être déçu. Sauf qu'on ne sait jamais où une discussion peut vous mener.
"Si les gamins mangeaient bio à la cantine, ce ne serait pas plus mal… – Mais à la halte-garderie chacun apporte la nourriture pour son enfant, non ? – Oui, et ce n'est pas facile, quand on travaille, de préparer un repas.
– C'est sûr, le petit pot a encore de beaux jours devant lui ! Faire cuire des légumes, tout ça, cela ne correspond pas à nos modes de vie. Moi, le matin, j'ai deux heures de transport ; je bosse à la Défense.
– Parlons-en, des transports…"

A quel moment est-on passé du sourire crispé au brainstorming politique, je ne saurais dire. A quel moment cette assemblée plutôt conservatrice est-elle tombée dans une étonnante remise en question du modèle de société dans lequel elle vit ? Le fait est que, l'air de rien, nous voici discutant croissance, choix de société, vivre mieux, vivre ensemble, avenir de la planète… Maire, élus, citoyens, tout le monde joue le jeu. "Vous savez, sourit Gabriel, l'opposant écolo, ce qui s'est passé ce soir, c'est du jamais-vu ! Jusqu'ici, on était face à une majorité très fermée avec un petit groupe de gens qui décidaient seuls. Et puis, aux dernières élections, on a protesté parce que les services municipaux eux-mêmes utilisaient une décharge sauvage qui pollue les eaux. Le maire s'est senti en danger. Il a été faire un tour au Salon du développement durable, il a trouvé cette société de conseil, Etik-presse, et c'est comme ça qu'il a lancé l'agenda 21. C'est sans doute opportuniste, mais franchement, on s'en moque. C'est le résultat qui compte."

GOÛT POUR LA POLITIQUE
Serait-il donc possible que grâce à cette appellation barbare – agenda 21 –, la France soit en train de se convertir petit à petit au développement durable et à la discussion collective ? Sur 37 000 communes de l'Hexagone, seulement un millier se sont engagées dans un agenda 21. Seulement ? C'est énorme. D'autant que le mouvement est contagieux et, depuis l'an passé, s'accélère. Piscine chauffée aux billes de bois à Carhaix (Finistère), Pedibus – un système de ramassage scolaire… à pied – à Gestel (Morbihan), cours d'éco-conduite pour les habitants de Changé (Mayenne)…
De la ville basque d'Anglet à Besançon, dans le Jura, l'imagination est au pouvoir. Départements, écoles (plus de 500 établissements scolaires), et entreprises s'y mettent. Le "Think global, act local" (Penser mondialement, agir localement) serait-il autre chose qu'un slogan ? Mille révolutions minuscules, de celles que l'on ne voit pas venir.
"S'il faut choisir entre la pâquerette et l'homme, je pense qu'il faut agir sur l'homme pour agir sur la pâquerette." C'est avec ce genre de formule que le consultant François Camé a emporté l'adhésion du maire de Jouarre. Mais en ce qui le concerne, tout est parti d'un amer constat politique : "Il y a un fossé croissant entre les électeurs et leurs représentants. Et la défiance est dans les deux sens. Quand les administrés réclament tout et n'importe quoi de façon infantile, les élus ont tôt fait de les prendre en grippe. La démocratie est une porcelaine extrêmement fragile, si on laisse le fossé se creuser, c'est la fin. D'où la nécessité de retisser des liens. Vous savez, la vraie question c'est : pourquoi ces gens quittent TF1 pour venir nous voir ? Ma réponse, c'est que, quoi qu'on en dise, il y a une appétence terriblement forte pour la politique."

Laurent Carpentier

A suivre


samedi 26 mars 2011

Fukushima, silences coupables

 Froid dans le dos, parce qu'on accuse le gouvernement français (les gouvernements successifs) de ne pas être transparent sur le nucléaire: chasse gardée, lobbys de certaines grandes écoles, d'EDF, d'Areva...dénoncés depuis des années. Faudra-t-il aussi attendre une catastrophe en France  pour enfin savoir ce que l'on nous cache?
Lisez ces silences coupables au Japon..

LEMONDE | 26.03.11 |
 Sous-informés par les autorités, de plus en plus conscients du risque d'une catastrophe dont ils sont, pour la plupart, dans l'incapacité d'évaluer la gravité, les Japonais sont désormais d'autant plus inquiets que fait aujourd'hui surface, à la lecture de la presse et grâce aux témoignages d'experts nucléaires diffusés sur des chaînes privées de télévision ou sur des blogs, l'arrière-plan nauséabond de ce drame : la puissance de ce que, par pudeur, on nomme le "lobby nucléaire".
Un milieu riche et puissant dont le coeur bat au ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie (METI), qui a la haute main sur la politique nucléaire, et dont les ramifications comprennent la Fédération des compagnies d'électricité (FEPC), l'Agence de sûreté industrielle et nucléaire (NISA), les groupes industriels qui construisent les centrales - Toshiba et Hitachi en tête - et les opérateurs.
Ce lobby, qui voit d'anciens hauts fonctionnaires des ministères et agences liés au nucléaire "pantoufler" dans des compagnies d'électricité, est passé maître dans l'art de verrouiller l'information. Il finance d'importantes campagnes publicitaires dans la presse et à la télévision pour assurer que le nucléaire est parfaitement sûr.
L'arrivée au pouvoir, en 2009, d'une nouvelle majorité n'a pas modifié la donne, car le Parti démocrate du Japon (PDJ) s'appuie sur la puissante confédération syndicale Rengo, dont l'une des principales composantes est la branche regroupant les travailleurs du secteur de l'énergie, très attachée au nucléaire.
Cette collusion à grande échelle entre la haute administration, les agences de surveillance, les constructeurs de centrales et les opérateurs fait non seulement taire les oppositions mais aussi évacuer toute question sur le nucléaire. Ce n'est pourtant pas faute de preuves - étayées par des documents - de négligences, de mensonges par omission ou de pures falsifications. Ces agissements s'étaient traduits, en 2002, par la mise en cause des dix compagnies d'électricité du pays pour dissimulation d'incidents dès les années 1970, début du nucléaire dans l'Archipel. La compagnie d'électricité de Tokyo (Tepco), propriétaire et opérateur des centrales de Fukushima, était la première visée.
S'ajoutent cette fois des témoignages - appelés à être vérifiés et remis en perspective - d'anciens de Tepco. Mais, pour l'instant, "brutes de décoffrage", ces révélations font froid dans le dos. Si elles reflètent la réalité, il apparaît que les opérateurs - Tepco, certes, mais aussi ses homologues - ont fait passer la rentabilité à court terme avant l'impératif de sécurité à long terme, ou, dans le meilleur des cas, n'ont pas suffisamment pris en compte le risque dans un pays à forte activité sismique et à tsunamis.

Les centrales de Fukushima étaient conçues pour résister à une vague de 5,5 mètres en prenant comme référence celle qui avait frappé le Chili en 1956... Les réacteurs ont résisté au séisme et se sont arrêtés automatiquement, mais le système de refroidissement, insuffisamment protégé, a cessé de fonctionner. Deux ingénieurs de Toshiba qui ont participé à la conception de la centrale de Fukushima, cités par le quotidien Tokyo Shimbun, estiment qu'un "risque trop bas" a été retenu comme base de calcul.
Du bout des lèvres, le ministre de l'économie a reconnu que "lorsque la situation de crise aura été maîtrisée, nous devrons examiner la gestion de Tepco". Certes, mais entre-temps, combien de victimes seront-elles dénombrées ?
Un ancien ingénieur de Toshiba, qui témoigne anonymement, est plus direct : "Ce n'est pas à une catastrophe naturelle que le Japon est confronté, mais à une catastrophe provoquée par l'homme." Un long article du Wall Street Journal reprend les données exposées par Hidekatsu Yoshi, député communiste et ancien ingénieur nucléaire, qui a démontré, dans un livre paru en 2010 s'appuyant sur des documents de la NISA, que la centrale de Fukushima est celle qui, dans tout le Japon, a connu le plus grand nombre d'incidents, dont une quinzaine d'accidents entre 2005 et 2009, et que ses employés ont été les plus exposés aux radiations au cours de la décennie écoulée. Est également pointé le recours, pour la maintenance des centrales, à des sous-traitants souvent inexpérimentés, qui paient aujourd'hui un lourd tribut à la lutte contre la catastrophe.

La réaction tardive de Tepco est également mise en cause. "Tepco a pris en compte le danger avec lenteur", a déclaré un haut fonctionnaire à l'agence de presse Kyodo. Dans les deux premiers jours qui ont suivi le séisme et le tsunami, le souci de préserver les équipements semble l'avoir emporté sur la prise en compte du risque pour les populations.
Les 8 employés d'Areva, entreprise française leader mondial du nucléaire, qui étaient présents sur le site au moment du séisme, ont rapidement pris la mesure du danger puisqu'ils ont été parmi les premiers à partir. Areva n'avait pourtant jamais émis la moindre crainte sur des risques présentés par les centrales de son client Tepco.

Philippe Mesmer et Philippe Pons

La compétence d'une candidate du FN...

Vu sur le blog de David Noël (http://www.lheninois.com/): un exemple (caricatural?) de candidat FN


http://www.dailymotion.com/video/xhltyy_quiz-elections-cantonales-mireille-barde-fn_news#from=embed

Chassez le naturel, il revient au galop!

Salut nazi, photo de SS... le FN face aux images gênantes de deux candidats

LEMONDE.FR | 25.03.11 |

Sur le site Nouvelobs.com, photo d'Alexandre Gabriac, candidat FN aux cantonales 2011 à Grenoble.
Sur le site Nouvelobs.com, photo d'Alexandre Gabriac, candidat FN aux cantonales 2011 à Grenoble.DR

Le Front national a annoncé, vendredi 25 mars, la suspension du parti d'Alexandre Gabriac, un de ses candidats aux cantonales ayant été photographié faisant le salut hitlérien devant un drapeau nazi. Un peu plus tôt dans la journée, le FN, embarrassé par ces images, avait annoncé des sanctions, mais seulement après une "enquête", le principal intéressé affirmant qu'il s'agit d'un montage. Le secrétaire général du parti, Steeve Briois, a indiqué que le candidat est "suspendu du FN et, d'ores et déjà, ne représente pas le FN au second tour des cantonales".
Confronté au cliché, Alexandre Gabriac a dit ne pas reconnaître l'image : "Cela ne me dit rien du tout. De toute façon, j'avais reçu il y a quelque temps une lettre anonyme m'avertissant que des montages effectués par des anarchistes circuleraient", s'est justifié celui qui est qualifié pour le second tour de ce dimanche, à Grenoble 6, avec un score de 20, 30 %. Il a ajouté qu'il avait l'intention de porter plainte contre le site Internet du Nouvel Observateur, qui a publié l'image vendredi 25 mars. Aurélien Viers, rédacteur en chef du NouvelObs.com, a démenti qu'il s'agisse d'un montage. "Nous avons vérifié qu'il s'agit bien de lui, nous avons toute une série de photos, nous avons pris la plus emblématique", a-t-il affirmé.

Il y a plusieurs mois déjà, en octobre 2010, un autre cliché d'Alexandre Gabriac faisant un salut nazi a été publié par le réseau antifasciste Reflex. Cette image est datée de 2008 et aurait été prise lors d'une réunion de l'Œuvre française, un groupe pétainiste et antisémite. La photo, qui montre le membre du comité central du Front national, le bras tendu, en chemise bleue, assis à une table, provient d'un site d'extrême droite espagnol, selon Reflex.

"FAIRE LE MÉNAGE" AU FN
Steeve Briois a précisé à l'AFP qu'Alexandre Gabriac serait ensuite "exclu", car il y a "de fortes chances pour que cette photo soit réelle". "Il faudra qu'il nous prouve que cette photo est un montage", a-t-il affirmé. Le FN n'avait-il pas connaissance de cette première photo de salut nazi quand il a investi Alexandre Gabriac ? Non, affirmait plus tôt dans la journée Steeve Briois, joint par Le Monde.fr. Ce dernier avait alors annoncé la convocation d'une commission de discipline pour lundi, soit après le second tour, mais les choses se sont manifestement accélérées.
"Nous voulons envoyer deux signes, a-t-il déclaré en commentant la décision de suspension, d'abord qu'au Front national, il n'y a pas de place pour des personnes qui ont cette idéologie, et ensuite un message à tous ceux qui seraient tentés de venir au Front national pour faire de l'entrisme, et je pense à l'Œuvre française", a-t-il poursuivi.
M. Briois a par ailleurs affirmé : "Cette photo provient du ministère de l'intérieur, quarante-huit heures avant le second tour des cantonales, pour essayer de déstabiliser le FN." Le ministère "fait une grave erreur parce que le FN prend ses responsabilités. Des gens comme ça, on les vire. Ils n'ont pas leur place au Front. Ce sera un bon moyen de faire le ménage au sein du FN", a ajouté M. Briois.

DES FACTEURS INTERNES À LA DÉCISION ?
Si la direction du FN proche de Marine Le Pen réagit aussi promptement, c'est aussi peut-être parce qu'Alexandre Gabriac, conseiller régional et secrétaire régional du FNJ en Rhône-Alpes, est un soutien actif de Bruno Gollnisch. "C'est la fédération du Rhône... Il y a un nid de gens qui ont voulu squatter le FN et en faire un groupuscule", a expliqué Steeve Briois au Monde.fr. Le bras droit de Marine Le Pen affirme que tous les membres de l'Œuvre française seront exclus du FN. Le secrétaire général refuse de reconnaître que cette affaire est aussi un bon prétexte pour les membres de la tendance Marine Le Pen, en quête de respectabilité, d'affaiblir un courant rival au sein du parti.

Alexandre Piquard

Des images nazies sur la page Facebook d'un autre candidat FN aux cantonales

Edouard de Brisoult, candidat FN qualifié pour le second tour dans un canton près de Lyon, à Rillieux-la-Pape, semble lui aussi avoir un goût pour l'univers nazi. Sur son compte Facebook, on trouve par exemple une photo de soldats SS, signalée par le blogueur Al-Kanz. Ainsi qu'une série d'images de l'Œuvre française,, le groupe pétainiste et antisémite qui organisait la réunion au cours de laquelle une des deux photos de salut d'Alexandre Gabriac a été prise. A 18h30, vendredi, la page Facebook avait disparu. Edouard de Brisoult affirme cependant que cette page n'est pas la sienne : "Je ne suis pas nostalgique du 3e Reich, et en aucun cas je ne suis néonazi", explique-t-il au Progrès.
Joint par Le Monde.fr, Steeve Briois, bras droit de Marine Le Pen, affirme : "Sur la base des éléments que vous me donnez, Edouard de Brisoult prendra la porte, comme Alexandre Gabriac." Soulignons que l'un comme l'autre sont membres de la fédération du Rhône, connue pour ne pas être proche de la ligne de Marine Le Pen, attachée à tenter de rendre le FN respectable en apparence, plutôt que sulfureux.