dimanche 20 mars 2011

L'abstention, grande gagnante des cantonales ?

  LEMONDE.FR | 18.03.11 |


Les élections cantonales des 20 et 27 mars pourraient donner lieu à un nouveau record : celui de l'abstention. En France, la plus faible mobilisation électorale de la Ve République (hors référendums) a été atteinte en 2010 lors du premier tour des régionales, où 53,77 % des inscrits ne se sont pas déplacés aux urnes. En 2011, on s'oriente à nouveau vers un taux d'abstention "dépassant les 50 %", estime Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof).
La démobilisation des Français pour ces élections peu médiatisées peut s'expliquer notamment par le contexte international, qui incite peu à prêter attention à un scrutin local. Par ailleurs, les conseils généraux se renouvellent par moitié : seulement 2 023 cantons sont concernés en 2011. Un fractionnement de l'électorat qui n'encourage guère la mobilisation nationale des grands partis, dont certains semblent avoir fait l'impasse sur ces élections.

UNE CAMPAGNE "MEZZA VOCE"

Au sein du PS, la campagne a été étouffée par la "course à la primaire", avance Frédéric Dabi, directeur du département opinions et stratégies d'entreprise de l'IFOP. Parallèlement, l'UMP a conduit une campagne "mezza voce", poursuit le politologue, allant même jusqu'à "oublier" le logo du parti présidentiel sur les affiches et les sites de campagne. Un cadre de la Rue La Boétie reconnaît que la campagne a été menée du bout des lèvres, estimant que "les élections locales, de tout temps, profitent à l'opposition nationale". Pascal Perrineau, lui, estime qu'"une abstention massive reflète un malaise global des citoyens vis-à-vis de l'offre politique. Dans ce cas, il pèsera sur l'ensemble des partis".
Pourtant, tous les Français ne boudent pas les urnes. Cécile Braconnier, universitaire et co-auteure, avec Jean-Yves Dormagen, de La Démocratie de l'abstention (Gallimard, 2007), dresse le profil du Français qui ne ratera pas un scrutin : "C'est un homme, il est plutôt diplômé, il a une position sociale supérieure et il est âgé."
A ce profil, s'ajoute un facteur spécifique aux élections cantonales. Car si les urbains se montrent peu empressés de faire valoir leur voix dans ce scrutin, les ruraux, plus concernés par les enjeux locaux, y demeurent davantage attachés. "L'électorat traditionnel de la droite se mobilise régulièrement", confirme Pascal Perrineau. Cela pourrait "compenser" une partie de la désaffection "de l'électorat de la majorité présidentielle qui a choisi l'abstention comme moyen d'exprimer son mécontentement", estime le directeur du Cevipof.

L'ÉLECTORAT UMP DÉMOTIVÉ ? 

Un scénario qui, sans surprise, ne fait aucun adepte au PS : "Les premiers à souffrir de l'abstention seront les candidats UMP. Leur électorat est démotivé", juge Christophe Borgel, secrétaire national chargé des élections.
Alors qu'il ne compte aucun sortant, le Front national entend bien marquer le scrutin en gagnant ses premières cantonales. Reste pour les cadres frontistes à mobiliser un électorat volatil. "L'électeur FN alterne, de scrutin en scrutin, entre l'abstention, la droite traditionnelle et le Front national, analyse Cécile Braconnier. Mais le FN pourrait profiter d'un effet conjoncturel, comme le sondage favorable à Marine Le Pen." Du côté du parti frontiste, on assure assister, depuis deux mois, à une arrivée massive de nouveaux adhérents en provenance de l'UMP.
A cette conjoncture particulière s'ajoute la modification réglementaire qui impose à un candidat d'obtenir le vote de 12,5 % des inscrits pour se maintenir. Elle pourrait également bénéficier au Front national et exclure de nombreux candidats de la majorité présidentielle du second tour. "Un piège initialement conçu par le gouvernement pour éviter les triangulaires, qui se retourne contre la droite", analyse un spécialiste. "Le FN devrait être en mesure de se maintenir au second tour dans près de deux cents cantons", avance Fréderic Dabi pour l'IFOP.

L'UMP NE SE DONNE "AUCUN OBJECTIF"

Au PS, Christophe Borgel dresse un pronostic semblable, mais espère que les candidats FN qualifiés pour le second tour se heurteront à un front républicain, même si l'UMP a officiellement refusé tout désistement au profit d'un candidat de gauche : "Je ne vois pas le FN gagner un seul canton", assure M. Borgel.
La majorité présidentielle, consciente de sa faible cote de sympathie auprès de ses propres électeurs, compte sur l'implantation de ses élus locaux pour conserver des territoires et s'apprête, en cas de lourde défaite, à pointer du doigt l'abstention. La gauche, qui compte déjà 58 présidences de conseil général, ambitionne de conquérir quatre à cinq nouveaux départements, dont les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Alpes, la Côte-d'Or, l'Aveyron et le Jura. L'UMP, elle, fait profil bas : "Nous ne nous donnons aucun objectif", assure-t-on rue La Boétie. Pour le parti présidentiel, la simple reconquête d'un ou deux départements au PS permettrait d'éviter de subir une Bérézina totale à un an de la présidentielle.

Eric Nunès

1 commentaire:

  1. J'habite puis de 40 ans la commune de Hénin , à mon grand regret aujourd'hui. Depuis toutes ces années j'ai répondu comme chaque membre de ma famille , présent à chaque scrutin et j'ai même connu la honte d'aller voter Chirac en un triste dimanche de 2002 . Mais aujourd'hui je pense ne plus jamais aller voter , j'en suis même certain .La démocratie à laquelle je suis tant lié n'est pas réciproque de la part de ceux de qu'on élit . Le tramway est la parfaite démonstration de cela; Il ne passera pas dans le quartier 'du bord des eaux " , dans la rue du maréchal Juin car les habitants sont hostiles à ce projet , et nous boulevard ALLENDE , Gabriel Péri : on pue ? ce projet imposé par la force , voir menace lorsque Mo Wéry ose parler de procédure d'utilité publique , projet débile imposé lors de soit disant réunions publiques et etc , bref certains seront punis pour longtemps afin de faire plaisir à d'autres ; à ce jour , impossible de vendre un logement alors que l'on doit partir pour raisons professionnelles , personne ne veut plus acquérir , même les "marchands de sommeil " , leurs clients ne veulent ni connaitre le son des travaux , ni celles des vibrations et sonneries toutes les trois minutes , bref un enfer nous est envoyé et , je réitère ,pendant 40 ans j'ai voté et à ce jour c'est fini , j'espère par miracle pouvoir quitter l'enfer qu'est devenu cette ville .Je me souviens d'un lecteur disant boycotter les commerçants annonçant non au tramway en ville , cet idiot ce met il à la place d'artisans , commerçants qui se retrouveront sans clients ni revenus , facile à dire ces conneries lorsque l'on est salarié , salarié qu'entre parenthèses , je suis .

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