Hénin-Beaumont, le FN, vus par le...New York Times: le calice jusqu'à la lie!

Ci-dessous, donc, la traduction de l'article paru dans le New-York Times, une des références de la presse mondiale

N'étant pas un spécialiste de la traduction, j'ai laissé, ci-dessous, le texte original pour ceux qui souhaitent le lire dans sa version anglaise. C'est dans cette dernière que j'ai traduit les textes accompagnant les photos.

J'ai mis quelques points d'exclamation, d'interrogation ou commentaires quand cela me paraissait nécessaire.

A vrai dire, je ne suis pas sûr qu'il y ait de quoi se réjouir de la notoriété de la ville...

 

 

Le malaise social engendre la montée du Parti d'extrême-droite en France

HÉNIN-BEAUMONT, France. Le Front National, parti d'extrême-droite, sous la nouvelle direction de Marine Le Pen, provoque des frissons dans le monde politique français, dans le cadre des manœuvres pour les élections présidentielles de 2012. Madame Le Pen, moins encline à semer la discorde que son père, J.M Le Pen, obtient environ 20% dans les récents sondages, la mettant au même niveau que les principaux partis de droite et de gauche

Le FN est bien placé dans les sondages à HB.

La force du parti repose sur le désamour envers les principaux courants politiques. Mais il se nourrit également du malaise social ressenti par la population dans des villes pauvres et anciennement industrielles, comme celle-ci située près de Lille, dans le Nord de la France. Les emplois sont rares, les immigrants nombreux (AA: faux! Dans le Nord Pas de Calais, et, plus encore, dans le Pas-de-Calais, le nombre d'immigrés est inférieur à la moyenne nationale; de plus, il régresse! Autre affabulation: le nombre d'immigrés, d'origine maghrébine, à Hénin, est un des plus faibles du Bassin Minier!) et la France parait submergée dans un vaste monde de concurrence venant de la Chine, l'Inde, le Brésil et même des nouveaux pays membres de l'Union Européenne. 

Madame Le Pen a laissé tomber les critiques contre les Juifs, marque de son père, pour une critique des Musulmans et de leur soit-disant manque de volonté de s'assimiler dans la société française et d'accepter les valeurs françaises, y compris la laïcité. Elle s'en prend également au pouvoir exercé par l'Union Européenne et sa "souveraineté partagée", présentant Bruxelles comme un ennemi et faisant vœu de sortir la France de l'euro, et de restaurer le franc.

Au premier tour d'élections municipales pour des conseils locaux (AA: en fait, il s'agit des élections cantonales...) le FN a réussi, sur le plan national, aidé en cela par un taux d'abstention record de plus de 55%, un score de 15%, comparé aux 12% de 2004; tandis que le l'UMP du Président Nicolas Sarkozy a obtenu environ 17% et les Socialistes, qui sont traditionnellement très forts, localement, ont atteint les 25%.

Cependant, dans cette ville  de 26 000 habitants, le FN a réalisé 43,2%, battant même les socialistes (21%), qui ont dominé, pendant longtemps, le Nord industriel. Le leader frontiste local, S. Briois, 38 ans, devrait pouvoir emporter le premier siège de son parti dans une élection locale, dans le département du Pas-de-Calais (AA: cela s'est révélé faux), un territoire anciennement charbonnier, près de la frontière belge. A Hénin-Beaumont, le chômage plane à environ 16%.

M. Briois est né près de Seclin, d'un père communiste, mais est devenu membre du FN à 15 ans. " J'ai converti chacun dans ma famille", dit-il. "Ils ont tous une carte de membre du parti".

M. Briois conserve un air jeune et un grand sourire, mais il possède aussi un talent d'organisateur. Le parti a construit des liens étroits avec la population par du porte-à-porte, des réunions régulières, et une volonté d'écoute  et de traiter directement les problèmes des gens, en ce compris les logements abordables aussi bien que les tensions avec les Musulmans (?) qui arrivèrent, après la seconde guerre mondiale, dans la région, en provenance d'Afrique du Nord, pour travailler dans les mines et les usines.

"On nous présente comme un mouvement extrémiste, raciste, antisémite et sexiste, qui nie l'Holocauste", dit M. Briois. "Nous ne sommes rien de tout cela" .

Mohamed Zouaoui, un commerçant en produits de beauté, originaire d'Algérie, dit le contraire: " Nos enfants ressentent le racisme autour d'eux", dit-il. La dernière fois qu'il a bu un verre dans un bar, "les gens nous regardaient comme si nous nous préparions à lancer une bombe", ajoute-t-il.

"Les gens ne connaissent pas l'islam" affirme M. Zouaoui, 40 ans. "Nous ne sommes ni des délinquants, ni des voyous, mais l'islam fait peur au gens".

Hénin-Beaumont possède sa propre mosquée et plusieurs "fast-food" et boucheries hallal, et lors du marché hebdomadaire (AA: faux, il y en a 2), les foulards et les vendeurs de couscous (AA: je ne sais même pas s'il y en a un seul!) sont nombreux. Selon les études du bureau national des statistiques, INSEE, le Pas-de-Calais a parmi les plus hauts taux de citoyens marocains et algériens, en France (AA: je ne sais pas où le journaliste a trouvé cela: en 2007, suivant l'Insee, on recensait 41 600 Algériens et 36 100 Marocains dans le NPDC, dont une grande partie sur Lille/Roubaix/Tourcoing).

Mais comme la population immigrée a crû, que les emplois ont disparu, l'humeur a changé parmi les habitants, du fait de la colère contre le chômage, du ressentiment contre les aides de l'État aux Musulmans (quelle confusion entre Arabes et Musulmans! Comme si tous les Arabes étaient musulmans,  et tous les Français catholiques!), de la déception contre les principaux hommes politiques.

Marion Rohart, une caissière de 25 ans, pense que JM Le Pen, pendant longtemps leader du FN, était passé de mode, et impuissant parce qu'infréquentable. "Il était trop provocateur" ajoute Madame Rohart, électrice habituelle du parti de M. Sarkozy.

Mais lorsqu'elle a vu un groupe de Musulmans cracher sur quelques-uns de ses amis homosexuels (AA: rappelons que le FN est homophobe), elle décida de voter Front National (connu en France sous le sigle FN), au moins pour les élections locales. Le parti était le seul à dénoncer, à Hénin, "la croissance incontrôlable" (!) de la population musulmane, dénonce-t-elle.

"On ne se sent plus chez soi", dit-elle. "Il est temps maintenant que le FN gagne".

Lorsque M. Le Pen compara, récemment, les foules de Musulmans priant dans les rues hors des mosquées bondées, à l'occupation nazi en France, Mme Rohart dit que cela est juste.

Chantal Petit possède un restaurant, El Piccolo, avec son mari Didier. "Dites quelque chose à un Arabe qui jette un mouchoir en papier dans la rue, dit-elle amèrement, il ira immédiatement voir un policier". (AA: Moi, ce ne sont pas les Arabes qui réagissent mal quand je fais ce genre d'observation!).

Ici, continue-t-elle, le FN "défend les petites gens comme elle". Et les représentants du parti sont intelligents (?) et polis." Contrairement aux autres hommes politiques, ils se conduisent très bien". Ce sont des intellectuels de haut niveau (AA: sic!) et très compétents (!)

M. Le Pen a fait d'Hénin-Beaumont un bastion du parti, après avoir réussi, lors des législatives, il y a 4 ans, 29% au premier tour dans la ville et 24,4% dans la circonscription. Elle perdit, au second tour, quand le parti de M. Sarkozy vota contre elle. Mais son résultat final (44,5% à Hénin, 41,7% au total) lui assura une crédibilité au plan national.

Mais dans cette élection (AA: cantonale), le parti majoritaire (AA: UMP) était divisé sur le conseil à donner à ses électeurs quand il s'est agi de choisir entre les socialistes et le FN, au second tour. M. Sarkozy indiqua que ses électeurs ne devaient voter ni pour les socialistes, ni pour le FN, tandis que son Premier Ministre, François Fillon, les encourageaient à voter contre le Front National.

"Si Hénin-Beaumont est devenu une terre frontiste, dit Bernard Dolez, politologue, c'est principalement le fait de M. Le Pen".

Madame Le Pen fut suffisamment intelligente, dit B. Dolez, pour s'imposer dans une ville où les socialistes étaient divisés et l'UMP presque invisible.

Elle a pris des voix chez les électeurs sarkozystes, comme Mme Rohart et Bernard Lefrère, 62 ans, un enseignant retraité. "Elle a raison concernant la sécurité et l'immigration", dit M. Lefrère. Mais il a des doutes sur sa position sur l'euro: "Sa volonté de revenir au franc me fait peur".

M. Zouaoui a un point de vue plus large. La vie est difficile à Hénin-Beaumont et les gens ont peur pour leur avenir: c'est pourquoi ils votent pour le FN.

"Si, demain, on leur donne quelque chose à manger, ils oublieront le racisme", conclue-t-il.

 

Social Ills Feed Rise of Far-Right Party in France

Alice Dison for The New York Times

The market in Hénin-Beaumont, a poor, formerly industrial city in northeast France that has a large Muslim population and tensions over immigration.

Le marché d'Hénin-Beaumont, une ville pauvre et anciennement industriel du Nord-Est (!) de la France, pourvue d'une importante population musulmane (!) et de tensions concernant l'immigration...

By MAÏA DE LA BAUME and STEVEN ERLANGER

HÉNIN-BEAUMONT, France — The far-right National Front, under the new leadership of Marine Le Pen, is sending shivers through France’s political world in the maneuvering for the 2012 presidential elections. Ms. Le Pen, a more telegenic and less cheerfully divisive figure than her father, Jean-Marie Le Pen, is getting around 20 percent in early opinion polls, putting her about even with the main parties of the right and left.

Alice Dison for The New York Times

Steeve Briois, the local leader of the National Front in Hénin-Beaumont.(S. Briois, le leader local du FN à HB)

Samuel Bollendorff for The New York Times

Marine Le Pen with her father, Jean-Marie Le Pen. As the leader of the National Front, she is getting around 20 percent in early opinion polls, putting her about even with the main parties of the right and left.

The New York Times

The National Front polled well in Hénin-Beaumont.

The party’s strength depends on the general dislike for mainstream politicians. But it also feeds off the social unease felt by people in poor, formerly industrialized cities like this one, near Lille in northern France. Jobs are scarce, immigrants are many, and France seems submerged in a larger world of competition from China, India, Brazil and even the new member states of the European Union.

Ms. Le Pen has played down criticism of the Jews, a hallmark of her father, in favor of criticizing Muslims and their supposed unwillingness to assimilate into French society and accept French values, including secularism. She has also attacked the power of the European Union and its “shared sovereignty,” presenting Brussels as an enemy and vowing to pull France out of the euro, restoring the franc.

In last Sunday’s first round of municipal elections for local councils, the National Front did well nationally, aided by a record abstention rate of more than 55 percent. The party got some 15 percent of the votes, up from 12 percent in 2004, while President Nicolas Sarkozy’s Union for a Popular Movement got about 17 percent, and the Socialists, who are traditionally strong locally, got about 25 percent.

Here in this city of 26,000, however, the National Front got 43.2 percent, beating even the Socialists, with 21 percent, who used to dominate the industrialized north. The local front leader, Steeve Briois, 38, is likely to win the party’s first seat in a local council in the department of Pas-de-Calais, a former coal-mining area near the Belgian border. In Hénin-Beaumont, unemployment hovers around 16 percent.

Mr. Briois was born in nearby Seclin to a Communist father, but became a member of the National Front at 15. “I’ve converted everyone in my family,” he said. “They all have their party membership cards.”

Mr. Briois retains youthful looks and a cheery smile, but also has a talent for organization. The party has built close ties with the population through door-to-door visits, regular meetings, and a willingness to listen and to address people’s problems directly, including concerns over affordable housing and tensions with Muslims, who came to the area from northern Africa after World War II to work in the factories and mines.

“We’ve been presented as an extremist, racist, anti-Semitic, sexist movement that denies the Holocaust,” Mr. Briois said. “We aren’t any of that.”

Mohamed Zouaoui, an Algerian-born salesman of beauty products, begs to differ. “Our children feel the racism around them,” he said. The last time he had drinks at a bar here, “People stared at us as if we were preparing to bomb the place,” he said.

People are ignorant about Islam, Mr. Zouaoui, 40, said. “We aren’t delinquents or thugs, but Islam is a religion that scares people.”

Hénin-Beaumont has its own mosque and several halal fast-food restaurants and butchers, and at the weekly market head scarves and couscous vendors are all around. According to studies by France’s national statistical bureau, Insée, Pas-de-Calais has among the highest percentages in France of Algerian and Morocco citizens.

But as the immigrant population has grown and jobs have disappeared, the mood has shifted among the residents here, built on anger over unemployment, resentment of state aid to the Muslims among them, and disappointment with mainstream politicians.

Marion Rohart, a 25-year-old cashier, used to think that Jean-Marie Le Pen, the longtime leader of the National Front, was outmoded and essentially harmless, because he was beyond the pale. “He was too provocative,” said Ms. Rohart, a regular voter for Mr. Sarkozy’s party.

But when she saw a group of Muslims spitting on some of her homosexual friends, she said, she decided to vote National Front, known in French as the “F.N.,” at least in the local elections. The party was alone in Hénin-Beaumont in denouncing the “uncontrollable growth” of the Muslim population, she said.

“We don’t feel at home here anymore,” Ms. Rohart said. “Now, it’s time for the F.N. to win.”

When Marine Le Pen recently compared crowds of Muslims praying in the streets outside overcrowded mosques to the Nazi occupation of France, Ms. Rohart said she was correct.

Chantal Petit owns a restaurant, El Piccolo, with her husband, Didier. “Say something to an Arab who throws a tissue in the street,” she said bitterly, “he’ll go to a police officer right away.”

Here, she said, the National Front “always defends the little people” like herself, Mrs. Petit said. And the party’s representatives are smart and polite, she said. “Contrary to other politicians here, they’re extremely well-behaved,” she said. “They’re high-level intellectuals and extremely competent.”

Ms. Le Pen has made Hénin-Beaumont a party stronghold after she did so well in parliamentary elections four years ago, winning 29 percent of the city’s vote in the first round and 24.4 percent over all in the constituency. She lost in the runoff when Mr. Sarkozy’s party voted against her party, but her result — 44.5 percent in the city and 41.7 percent over all — gave her national credibility.

But in this election, the ruling party has been divided over its advice to voters for the second round if the choice is between the National Front and the Socialists. Mr. Sarkozy has said his party supporters should vote for neither the Socialists nor the National Front, while his prime minister, François Fillon, has encouraged them to vote against the National Front.

“If Hénin-Beaumont has become F.N. territory,” said Bernard Dolez, a political scientist, “it is mostly because of Marine Le Pen.”

Ms. Le Pen was clever enough, Mr. Dolez said, to impose her views on a city where the Socialists were divided and the Union for a Popular Movement almost invisible.

She has picked up support among Sarkozy supporters like Ms. Rohart and Bernard Lefrère, 62, a retired teacher. “She’s right on security and immigration,” Mr. Lefrère said. But he said he has his doubts about her stand on the euro: “Her will to get back to the franc scares me.”

Mr. Zouaoui takes a longer view. Life is hard in Hénin-Beaumount and people are afraid for their futures, which is why they vote for the National Front.

“If we give these people something to eat tomorrow,” he said, “they will forget about racism.”