mercredi 6 avril 2011

A un an des élections présidentielles (2)

Si la droite est face à l'impopularité de son leader unique, la gauche se trouve en panne de leader.
Bien entendu, un héraut de la gauche peut émerger au soir du premier tour...

Le Parti Socialiste a fait un pas important en présentant son projet. Rappelons qu'une élection se gagne par la conjonction de 2 impulsions: susciter un espoir et faire émerger un homme incarnant cet espoir.
Le projet, qui a le mérite d'exister, face au bilan négatif du Président sortant, ne prendra toute sa force que quand il sera porté par un homme (ou une femme, bien sûr). Or, la procédure de désignation de ce candidat n'aboutira qu'en octobre et le prétendant socialiste aura 7 mois pour convaincre. Suffisant ou pas? Certains pensent qu'une campagne trop longue sature l'image du candidat, d'autres qu'une campagne trop brève est artificielle. S'il est vrai que le temps court ne permet pas un contact personnel (la Présidentielle, c'est "la rencontre d'un homme et du peuple"), à l'inverse, les moyens audio-visuels permettent de toucher beaucoup de monde...
Les primaires, cette désignation démocratique du candidat, si elles présentent l'avantage de constituer une pré-campagne et en même temps de jauger les styles et les hommes, bien en avant, elles font courir un grand risque au PS, celui des déchirements publics néfastes à l'image lisse que doit porter tout candidat..
Rapide tour d'horizon des candidats potentiels du PS:

- Dominique Strauss-Kahn (DSK): brillant, charmeur, crédible pour la fonction, son éloignement géographique depuis quelques années peut présenter un avantage, à savoir apparaître comme "nouveau" ou plutôt comme au-dessus de la mêlée, qualité demandée à un Président de la République. Mais l'inconvénient, son absence auprès des Français, fait que ces derniers ont l'impression de ne pas le connaitre ou, au contraire, que l'on essaye de leur faire croire que l'on fait "du neuf avec du vieux". N'oublions pas non plus que son crédo économique, le social-libéralisme, ne passe pas auprès de la gauche de la gauche...Par contre, DSK séduit au-delà de la gauche, surtout vu la déficience de celui qui est censé représenter la droite.

- Martine Aubry: après une élection controversée à la tête du parti, elle a réussi à imposer son leadership. Mais le parti souffre de beaucoup de déficiences auxquelles elle n'a pas voulu (pu?) mettre fin: un système clanique dans certaines Fédérations (Bouches-du-Rhône, mais d'autres encore...), des valeurs socialistes pas toujours respectées, une insuffisante prise en compte de l'écologie, etc.
Plus le temps passe, et malgré son autorité naturelle, on sent bien qu'elle ne veut pas "y aller". Il a été dit que DSK et elle se sont promis de ne pas concourir l'un contre l'autre...Je pense probable qu'ils se sont mis d'accord pour se répartir les rôles: à l'un, la Présidence (il rassemble large), à l'autre le poste de Premier Ministre (les mains au charbon...). L'un ratisse vers la droite, l'autre vers la gauche. DSK a une réputation internationale sur le plan économique, la Maire de Lille est connue pour sa fibre sociale. Ce ticket innovant (le principe n'existe pas dans notre constitution) pourrait être efficace: il évite les conflits, il entérine une certaine forme de parité, le couple est compétent...

- François Hollande: relooké physiquement, il a changé d'image. Loin du personnage niais qu'ont colporté les Guignols, alors qu'il est intelligent, cultivé et plein d'humour, il a pâti du temps passé à la tête du PS où il lui a fallu gérer le "bal des égos". De consensuel mou, il est devenu homme de décision et sûr de son fait, si ce n'est de sa destinée. Il a des attitudes "gaulliennes", ce qui ne devrait pas déplaire à ceux qui se sentent orphelins d'un chef...Il pourrait être la surprise de ces Primaires...

- Ségolène Royal: l'égérie de 2007 a perdu beaucoup de ses soutiens, au sein du parti. Martine Aubry l'a parfaitement  neutralisée. Retranchée dans son Poitou-Charentes qu'elle gère bien (et autoritairement), elle semble moins en phase avec la base, son point fort, pourtant. Ne parait pas en situation de l'emporter ...

- Arnaud Montebourg: le Bourguignon a des qualités qui en font un bon candidat...pour l'avenir: excellent orateur, fin juriste, franc, déterminé au nettoyage du parti...Un défaut, pourtant, qui pourrait lui coller longtemps à la peau: lui, le pourfendeur du cumul de mandats (créateur de "Pour une VI ème République"), lui, le député, il n'a pas su résister à l'appel de la Présidence du Conseil Général de la Saône-et-Loire (il est également Secrétaire National du PS en charge de la Rénovation)...

- Manuel Valls: le Député-Maire d'Evry ne devrait pas pouvoir se mêler à la bataille des "éléphants" et comme son "jumeau" Montebourg (ils ont 48 ans tous les 2) il se prépare pour des échéances futures...

A suivre

7 commentaires:

  1. J'avais raison d'attendre la suite. Je fais la même analyse que toi, Alain, concernant le potentiel de François Hollande.

    A suivre donc. En tous cas, le PS a de nombreuses atouts en main. C'est l'unité du parti qui permettra de convaincre et de gagner. Bref, ce n'est justement pas gagné ... A moins que ?

    LB

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  2. Le DSK dont tu parles, c'est bien celui qui a inventé les stock option et leur régime fiscal, celui qui a dit qu'il était contre le dogme de la retraite à 60 ans, que la France avait indiscutablement besoin de travailler plus, que la retraite par répartition était néfaste pour la capacité d'épargne du pays parce qu'elle créait de la sécurité dans le corps social ? C'est bien celui qui dirige le FMI qui "aide" les pays écrasés par leur dette et le pillage de leur ressources en exigeant toujours l'abandon des cultures vivrières et le recours aux monocultures coton ou soja pour nos tee-shirts ou nos bio-carburants, la diminution de leurs dépenses sociales et d'éducation, en exigeant jamais la baisse de leurs dépenses d'armement ? Celui qui est favori de la droite ?

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  3. Oui, oui c'est bien celui-là...
    Et parfois j'essaye d'anticiper: pour qui voter en cas de second tour:

    - DSK/Sarkozy
    - DSK/Le Pen

    Et bien, dans ces 2 cas là, il n'y aura pas photo...
    Et je préfère ces dilemmes à celui-ci:

    Sarko/Le Pen

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  4. Ah, oui, tu veux voir loin! Alors peux-tu dire en quoi un néo-libéral serait en capacité de conduire une politique qui change la vie de nos concitoyens sans se donner les moyens de remettre un tant soi peu en cause les prédations de toutes sortes du capitalisme ?

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  5. Alouille

    Il y a 2 principes en réal-politique:

    - le principe de conviction et je suis d'accord concernant le social-libéral DSK

    - le principe de réalité. Que fait-on dans les cas évoqués, au second tour?

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  6. Je ne fais pas l'impasse sur le 1er tour et je refuse d'enfermer les gens, comme tu le fais, dans le piège du vote utile. Y'en a marre !! Sans jouer la montre jusqu'en 2012 et sans jouer du désarroi des gens, comme le fait le PS y compris avec l'annonce de son programme riquiqui, je continue de faire le maximum au quotidien, pour que se confirme la présence d'un(e)candidat(e) de gauche au second tour, dans tous les cas de figure.Enseignement des cantonales : l'électorat FN ou UMP (suivant le candidat éliminé au 1er tour) se reportera à 50% sur le (la) candidat(e) de gauche au second tour, et les républicains de progrès aussi...à condition que ce(tte) candidat(e) soit porteur(se) d'une réelle alternative de changement, ce qui ne peut être le cas de DSK. C'est en réponse aux attentes de l'électorat populaire que la gauche gagnera, pas avec un DSK candidat carpette du capitalisme ne visant qu'à "assurer au centre"..Toi,moi et beaucoup d'autres savons ce que cela veut dire ! Je veux une gauche qui, enfin, gouverne à gauche, dans les intentions comme dans les faits !!

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  7. Mais moi non plus je ne fais pas l'impasse sur le 1er tour! Il me semblait pourtant avoir été clair...
    moi non plus je ne voterai pas DSK (s'il est candidat) au 1er tour. Mais les hypothèses que j'avançais étaient différentes et, je le répète, elles concernent les duels évoqués, au second tour, que l'on ne peut éluder d'un revers de main.

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