mardi 24 mai 2011

DSK: Avons-nous été l'objet d'une illusion... d'une hallucination?




DSK est un homme politique classique qui hante les allées du pouvoir depuis une trentaine d'années. Plusieurs fois ministre, personnalité du Parti Socialiste, il fut battu très largement aux Primaires du PS en 2007: on ne peut pas dire qu'il émergeait alors par son charisme parmi les "éléphants" socialistes. Inspirateur des 35 heures et des emplois-jeunes, sous le gouvernement Jospin, son libéralisme économique (il a une formation économique classique) l'a rendu partisan des privatisations de l'ère Jospin et il a voté pour le Traité Européen: c'est un vrai social-démocrate; social libéral, diront d'autres. Après son cuisant échec à la primaire socialiste, il est nommé Directeur général du FMI, soutenu par Sarkozy. Jusque là, il est un homme politique comme en possède beaucoup le PS. Et puis, son éloignement de France, sa réserve due à ses fonctions font qu'il est totalement absent de la scène politique française... Curieusement, d'après les sondages, les opinions favorables en sa faveur montent en flèche. Plus il est absent, plus élevée est sa côte. Moins il en dit et plus la presse en parle. Bien sûr, parallèlement, ses fonctions le font côtoyer les grands de ce monde. Les images de DSK avec Obama, Medvedev et Poutine, Hu Jintao, Merkel, Blair et Cameron, lui font de la publicité en France, d'autant plus que, par la force des choses, il n'est mêlé à aucune polémique...C'est comme si les médias et les instituts de sondage, de cet homme politique "normal", ont fabriqué une star. Vous auriez demandé, il y a 3 mois, aux Français qui se prononçaient pour lui, quand ils étaient interrogés, quelques éléments sur sa vie antérieure au FMI, plus de 95% des personnes interrogées auraient été incapables de vous citer la moindre de ses activités passées. Une partie de son auréole provient également du fait qu'il avait épousé Anne Sinclair, très appréciée par les Français et les...magazines people

Je ne sais si tout cela était prémédité, mais le fait est que la communication de DSK a su saisir la balle au bond: plus il était silencieux et plus il posait avec les élites politiques mondiales, plus les Français le plébiscitaient. Au point qu'il valait mieux attendre le plus tard possible pour annoncer sa candidature. Il est d'ailleurs fort probable que, si les évènements du 14 mai (heure US; 15 mai, heure française) ne s'étaient pas produits, devoir de réserve oblige, DSK serait resté silencieux jusqu'à a sa démission du FMI, en septembre, probablement, et, ce, afin de bénéficier encore un peu plus de cette popularité allant crescendo...Il est fort à parier que, à ce moment-là, il serait apparu comme le sauveur de la France.

Et l'on peut penser que, dès qu'il se serait à nouveau immergé dans les réalités politiques françaises, il serait redevenu un homme politique français "basique", avec ses qualités et ses défauts. Mais l'avance qu'il aurait conquise pendant sa période de silence aurait été suffisante pour sortir vainqueur des primaires du PS et, fort probablement, des élections présidentielles. 

J'ai donc fait abstraction des idées qu'aurait développées DSK et de la campagne  qu'il aurait menée. Il est possible de dire que c'est uniquement son image, entièrement fabriquée, qui lui aurait permis de gagner ces élections. C'est une manipulation dans toute sa splendeur qui sera reprise, n'en doutons pas, dans les cours de communication et de sciences politiques. En partant d'un homme politique certes intelligent, cultivé, compétent, mais pas beaucoup plus que d'autres (quand on pense à l'envergure d'un Fabius, par exemple), le marketing (les spécialistes parleraient de mix-marketing) aura développé un produit, je veux dire un homme, "nouveau", sans que l'on connaisse ses qualités intrinsèques. On aura mis en avant l'image plutôt que l'homme et ses idées (on ne les connait, d'ailleurs, pas!). Le summum de l'art  n'a pu être atteint pour les raisons que l'on connait. Mais il eut été intéressant de savoir jusqu'à quand sa courbe de notoriété aurait augmenté: je pense que l'effet FMI (c'est-à-dire l'absence de France) aurait continué, sur sa lancée, ses effets jusqu'à novembre/décembre 2011, puis l'image se serait stabilisée en début de campagne. Ensuite, il eut été intéressant de savoir si elle serait restée à haut niveau ou aurait décru en fonction d'autres éléments difficiles à prévoir et notamment d'éventuelles multiples candidatures à droite...

DSK ne sera pas candidat, on le sait, le calendrier judiciaire l'en empêchant. Mais imaginez maintenant un scénario qui le verrait être innocenté, pour quelque raison que ce soit (ce n'est pas l'objet de la présente réflexion). Si c'est avant l'élection présidentielle, cela constituerait un plus énorme pour le candidat socialiste qui, en cas de victoire, ne manquera pas de le propulser comme 1er ministre et le préparera pour les Présidentielles de 2017 (DSK n'aura "que" 68 ans). Si DSK est absout après le 5/6/2012 (second tour des Présidentielles), il pèsera lourdement, pendant le quinquennat, quelle que soit la couleur politique du Président...Nul doute que dans ces cas-là l'hallucination continuera à produire ses effets... 

J'ajoute que, jusqu'à présent, la manipulation médiatique, (oserais-je dire mentale?), dont nous avons été victime, a trouvé un écho extraordinaire: 57% des Français, interrogés la semaine dernière, pensent que DSK est l'objet d'un complot. Combien de ses amis politiques ont dit: "cela ne lui ressemble pas", alors que la moindre des prudences aurait été de dire: "j'attends des éléments pour me prononcer".  

Non, décidément, nous ne sommes pas sortis de cette illusion ou hallucination collective...

1 commentaire:

  1. Quand Jean-Marie Le Pen oublie qu'il a porté des menottes (Marianne 2).

    Jamais en reste quand il s'agit de décocher un uppercut à ses adversaires politiques, Jean-Marie Le Pen a fait honneur à sa réputation en déclarant au sujet de DSK : « C'est toujours une bonne nouvelle de voir un voyou avec des menottes ! » Sans doute a-t-il oublié que lui aussi s'est retrouvé menotté dans le même aéroport 24 ans plus tôt. Que la mémoire est joueuse (ou sélective) parfois...

    Debout au milieu du restaurant qui accueille les adhérents de la fédération FN de Paris ce mercredi 18 mai, Jean-Marie Le Pen, en verve et en forme, jette en pâture petites phrases et blagues graveleuses aux journalistes venus guetter d’éventuels dérapages. L’affaire DSK semble inspirer le président d’honneur, pour le plus grand plaisir de l’assistance. « C’est toujours une bonne nouvelle de voir un voyou avec des menottes ! », jubile le fondateur du Front. Rires, applaudissements, le public se régale et dès le lendemain, la saillie fait le tour du Net et des journaux.

    Jeudi 19 mai, invitée sur Radio Notre Dame, Marine Le Pen n’échappe pas à la question : « Est-ce que vous souscrivez à 100 % à cette déclaration ? » Apparemment embarrassée par la sortie audacieuse de son paternel, la présidente du Front prend ses distances en déclarant : « Non mais enfin personne ne souscrit à 100% à une déclaration qu’il n’a pas prononcée, chacun s’exprime avec sa sensibilité, son parcours et son positionnement. »

    Justement, Jean-Marie Le Pen aurait-il oublié « son parcours » ? En 1987, le leader frontiste participe à un voyage aux Etats-Unis avec ses compagnons de route de l’époque, Jean-Marie Le Chevallier, alors député européen, et Pierre Ceyrac, alors membre de la secte Moon et député du Nord. Objectif de cette petite escapade : rencontrer Edgar Bronfman, président du Congrès juif mondial, et ainsi normaliser les relations du Front national avec la communauté juive (ndlr : le voyage a lieu avant que Jean-Marie Le Pen ne déclare que « les chambres à gaz sont un point de détail de l’histoire de la Seconde guerre mondiale »).

    Pendant son séjour, Le Pen se fait offrir par un ami américain une statuette et un revolver. Le jour du retour, le président frontiste, également président de groupe à l’Assemblée nationale et au Parlement européen, glisse l’arme dans sa valise dans l’espoir de s’éviter les tracas de la procédure classique de rapatriement d'une arme. Mais malgré les précautions prises par son propriétaire, les douaniers de l'aéroport de New-York découvrent le revolver. « Ils ont interpellé Le Pen, l'ont jeté au sol et menotté, rapporte un ancien proche. Après 24 heures passées au commissariat, il a retrouvé sa liberté grâce à l’intervention du consul de France. » De son côté, soucieux que la presse ne relate pas l’incident, Le Chevallier confisque l’appareil photo de Ceyrac contenant des clichés de Le Pen menotté.
    Voilà un épisode fâcheux que Le Pen a sans doute oublié… Dommage, les militants auraient certainement apprécié le récit des aventures fantastiques du « vieux lion » en Amérique.

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