mardi 17 mai 2011

Je ne sais plus...

Comme beaucoup, j'ai été KO debout, dimanche matin, en apprenant les accusations portées contre DSK.
48h que cette affaire me trotte dans la tête, de façon lancinante, perturbante et irrationnelle, à vrai dire.
J'ai de suite pris le parti de rester prudent, faute de preuve, bien sûr... Le bilan que nous pourrons faire, objectivement, plus tard, sur tout ce qui s'est passé, n'empêche pas de tenter d'analyser, dès maintenant, les premières réactions personnelles ou non.

Au préalable, je rappelle ici qu'il s'agit d'une affaire privée (avec toutes les conséquences politiques que l'on imagine, bien sûr). Qu'il n'y a pas lieu de faire de comparaison avec certaines affaires locales. Des allusions commencent à poindre, ici et là, sur le fait qu'il faille respecter une présomption d'innocence qui ne l'aurait pas été concernant des personnalités locales. 
Encore une fois, l'affaire DSK est strictement privée, alors que les accusations, portées contre l'ancien maire d'Hénin-Beaumont, ont fait l'objet de rapports et d'avis de la Chambre régionale des comptes, mettant en cause la gestion calamiteuse de la commune, lançant la justice sur la piste de malversations dont nous connaitrons les détails avant la fin de l'année. Il en est de même pour les rapports de la CRC concernant la gestion de sociétés financées par des fonds publics et dont les magistrats ne se sont pas privés de désigner, sans les citer, les auteurs de faits répréhensibles...

Ceci dit, en ce qui me concerne, je n'avais pas fait de DSK mon candidat préféré pour les Présidentielles, mais je m'attendais à devoir voter pour lui, au second tour, tant il apparaissait, un an avant, comme un vainqueur possible et un rempart contre Sarkozy. Le fait que, sauf retournement peu probable de la situation, il ne sera pas candidat, me fait craindre qu'il n'est pas impossible que le Président sortant soit réélu, surtout s'il règle ses problèmes de division à droite. L'éventualité d'un second tour "peste ou choléra" (NS/MLP) n'est pas fait, non plus, pour me rassurer. En dehors de ces supputations politiques, dérisoires face au drame humain que vivent DSK, sa famille et ses amis, je tente de rationaliser le pourquoi de mes propres réactions qui, je le répète, m'interpellent.

En dehors des raisons juridiques et morales (présomption d'innocence), j'essaye de comprendre pourquoi ces accusations sont mal venues. Ce n'est pas parce que l'on aime les femmes que l'on peut être violent avec elles: j'aurais même tendance à penser que tout Casanova doit se montrer attentionné avec elles s'il veut les séduire. DSK a 62 ans et, désolé pour ces détails scabreux, ce n'est pas un âge de violeur: les criminels coupables d'agressions sexuelles sont, la plupart du temps, au moins 10 ans plus jeunes: ceci, non seulement pour des raisons morales (la sagesse vient avec l'âge, dit-on) mais aussi et surtout pour des raisons physiologiques...Enfin, peut-on imaginer qu'un homme promis aux plus hautes destinées, avec ce que cela implique comme maitrise de soi et comme responsabilités, se laisse emporter pas ses pulsions? Tout cela ne colle pas...
Alors certes, il y a la victime présumée. Même si on a déjà vu des affabulations sur le sujet (elles sont rares), on ne peut qu'être interpellé par le drame qu'elle doit vivre et les souffrances qui s'en suivraient, si ses déclarations étaient confirmées. L'Histoire a tellement ignoré la Femme que nous ne pouvons traiter leur parole comme niaiserie.
D'un autre côté, je me demande toujours si l'Homme est capable de telles abominations et si oui, pourquoi: certes, il y a les guerres, les massacres, les tortures, les assassinats, mais on trouve toujours des raisons à ce qui ressemble trop à des comportements primitifs ou animaliers. Mais l'Homme ne peut pas vouloir le mal, il peut maitriser ses pulsions, il est responsable. Des personnes comme DSK, qui sont socialistes, ont des valeurs qui interdisent toute forme de violence; ils sont pour la fin des discriminations envers les femmes, ils sont humanistes et fraternels...Alors, je sais, tout cela est tellement naïf...
Bref, tout cela s'entrechoque dans ma tête: entre mes principes, la perception que j'ai de l'Homme et des faits présumés, difficile de rester calme et objectif, d'où ce sentiment, depuis 48 heures, d'insatisfaction, de conflit interne, d'embrouillamini. J'essaye de suivre, minute par minute, les évènements, à travers les médias et les blogs spécialisés, mais je sais que c'est vain car les informations sont répétitives et les interventions citoyennes ou politiques marquent le même désarroi que le mien. 

DSK coupable ou innocent? Ce n'est même plus la question...De quoi est capable l'être humain? De quoi sont capables les êtres humains? Dans quelle civilisation vivons-nous? Sommes-nous des voyeurs? Comment peut-on avilir ainsi? Quelle est cette société qui encense pour mieux enfoncer dans la minute suivante? Sommes-nous devenus des bêtes? Doit-on se poser des questions sur soi-même?

Je ne sais plus quelles sont les vraies valeurs, si cette société est malade, si nous-mêmes sommes malades, si cette affaire DSK est le révélateur de nos faiblesses, si nous devons tout remettre en cause...

6 commentaires:

  1. Merci: je me retrouve dans toutes ces interrogations

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  2. Alain, merci
    tu as mis des mots sur le malaise que je sessens! marie

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  3. A 9H52 et Marie

    Je viens de discuter avec quelqu'un qui ressentait cela d'une autre façon: pour elle, ce qui la perturbe c'est le comportement passé de DSK qui ressurgit. Elle s'interroge sur ce que représente la femme pour lui: un homme, qui a tout pour être heureux, est finalement un insatisfait qui trahit la confiance de son épouse et de ceux qui l'aiment (attention: il n'est pas question de l'éventuelle agression).

    Finalement, cela prouve que tout ce qui nous remue aujourd'hui vient, non pas du cas DSK en particulier, mais bien des questions qui nous sont posées: sur l'Homme en général, sur la Société, et sur ce que cela révèle sur nous: pourquoi sommes-nous si fortement interpellés, quelles que soient nos opinions politiques?
    Je pense que si un homme de droite était dans la même situation, on se poserait la même question philosophique. (A part, peut-être, la question angoissante du néant politique qui se profile)

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  4. Allons bon ! Te voilà tout retourné ! Tu n'avais vraiment pas besoin de ça...Si la vérité t'est insupportable ou inaccessible, tourne-toi vers la thèse du complot pour exorciser le mal qui te ronge ou trouve autre chose : concentre ton attention sur le festival de Kahn...Amicalement.

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  5. si les lois des states étaient appliquées en france,je connais beaucoup d'élus à H.B.T,dans la 14 é,dans la région,et en france,qui auraient récolté 200 ou 300 ans de prison.
    n'est-ce pas GEGE ???
    in bin non,le droit de cuissage n'est pas aboli en france.
    j'ai des noms ,des adresses et des numéros de phone.

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  6. Très bel exercice

    LB

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