samedi 28 janvier 2012

Les ressorts de la percée de François Bayrou

Lu sur le blog d'un journaliste du Monde (présentation légèrement revue par AA)

L’objet de l’étude Présidoscopie 2012 est d’ausculter la provenance et les motivations des « changeurs ». C’est-à-dire des électeurs qui, au cours de la campagne, modifient leur intention de vote, basculent d’un candidat vers un autre et contribuent ainsi à la dynamique de la campagne.


Remarque préalable: Entre début décembre 2011 et la mi-janvier, selon Ipsos, M. Hollande (en baisse de 3 points, avec 29 % des intentions de vote au premier tour) et M. Sarkozy (en baisse de 2,5 points, à 23 %) ont décliné dans des proportions comparables. Dans le même temps, le candidat centriste a décollé (+ 7 points, à 14 %), même s’il reste, pour l’heure, le « quatrième homme ». Marine Le Pen (+ 1 point, à 18 %) a connu une légère progression, à un niveau élevé. Jean-Luc Mélenchon est resté stable, à 7,5 %, et devance nettement Eva Joly (– 3 points, à 3 %), qui, elle, a décroché.
Une précaution, cependant, s’impose : cette enquête, réalisée du 12 au 16 janvier, correspond à une photographie prise avant le discours du Bourget de M. Hollande, le 22 janvier. Cet événement a pu, depuis, modifier la donne dans des proportions inconnues, notamment en ce qui concerne les électeurs initialement favorables à M. Hollande mais qui s’en étaient détachés au cours des dernières semaines.
Quoi qu’il en soit, M. Bayrou a su, après sa déclaration de candidature du 7 décembre 2011, créer un élan en sa faveur. Les 7 points de gain net que le président du MoDem enregistre correspondent, en réalité, à un gain brut de 8 points tempéré par une perte de 1 point.


Voici les principaux points de l’étude Présidoscopie 2012:

L'image du candidat progresse

Sur ces 7 points, 5,5 proviennent de transferts d’électeurs favorables jusqu’alors à un autre candidat : 2,5 points sont pris à M. Hollande, 1,5 point à M. Sarkozy et 0,5 point à des transfuges d’Eva Joly. Enfin, 1 point provient de tous les autres candidats. Une part plus faible des 7 points (1,5 point) correspond à des électeurs jusqu’alors pas encore sûrs de participer au vote.
L’enquête Présidoscopie 2012 permet de comprendre les ressorts qui amènent ces « changeurs » à modifier leur intention de vote. Tous les « traits d’image », comme disent les sondeurs, de M. Bayrou ont progressé entre décembre et janvier. Ainsi, la « bonne opinion général e » accordée au candidat centriste bondit (+ 9 points, à 56 %). Il est en outre jugé davantage « sincère » (+ 5 points, à 61 %), « compétent » (+ 6 points, à 51 %), capable de « comprendre les problèmes des gens comme vous » (+ 6 points, à 51 %), à même de « tenir ses engagements » (+ 8 points, à 44 %), « dynamique » (+ 6 points, à 42 %), et conforte sa « stature présidentielle » (+ 7 points, à 40 %).

Son profil, sur plusieurs de ces points, est désormais assez similaire à celui de M. Hollande. A gros traits, l’on observe le même défaut de stature présidentielle par rapport à M. Sarkozy. Mais l’on constate aussi un même avantage concurrentiel des deux hommes face au président de la République en ce qui concerne, cette fois, le caractère sympathique, honnête, sincère, ou à même de comprendre les gens.

Un vote encore fragile

Autre capteur de ce début de campagne, le jugement des sondés sur l’action et les déclarations récentes des candidats : M. Bayrou, en la matière, a plu à 43 % des Français, contre 33 % de mécontents. Il est le seul des six candidats principaux à afficher une balance positive. Mme Joly, sur ce point, est éreintée. Elle affiche 13 % de satisfaits, contre 73 % de mécontents. La candidate écologiste est la grande perdante de cette enquête. Ses traits d’image sont tous en nette baisse.

La percée de M. Bayrou reste cependant fragile. En effet, 77 % des électeurs qui ont actuellement l’intention de voter pour lui déclarent que leur choix n’est pas certain. Les entretiens réalisés auprès de ces nouveaux convertis permettent de mieux cerner leur attitude. Pour les uns, il s’agit d’adresser un avertissement à leur candidat « naturel », aujourd’hui décevant à leurs yeux. Et pour beaucoup, l’essai reste à transformer : les personnes interrogées attendent que M. Bayrou, au-delà des qualités personnelles qu’elles lui prêtent, nourrisse son discours et précise avec qui il gouvernerait, s’il était élu.



Pierre Jaxel-Truer

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