mardi 27 mars 2012

Ca sent le roussi pour N. Sarkozy



Affaire Bettencourt : l'opposition presse Sarkozy de "s'expliquer"

Le Monde.fr
27.03.2012 à 12h10
Par Alexandre Lemarié, avec AFP


Le Parti socialiste, les écologistes, le Front national... À 26 jours du premier tour de la présidentielle, la plupart des partis d'opposition pressent Nicolas Sarkozy de s'expliquer sur le financement de sa campagne de 2007, après des articles de presse évoquant le versement d'argent liquide provenant de la famille Bettencourt, et l'incarcération de Patrice de Maistre, le gestionnaire de la fortune de l'héritière milliardaire de L'Oréal. De son côté, le MoDem préconise "une modification des délais d'instruction".

Le juge Jean-Michel Gentil soupçonne désormais ouvertement M. Sarkozy d'avoir fait financer illégalement sa campagne de 2007. De nombreux documents judiciaires, dont Le Monde a eu connaissance, en attestent.
Le président-candidat doit "renoncer à son immunité et aller s'expliquer", a déclaré Eva Joly, candidate des écologistes, mardi 27 mars, sur Canal+. "Nous avons maintenant la preuve, dans l'ordonnance du juge Gentil, des retraits en espèces qui sont arrivés en France par Patrice de Maistre, de montant très important", a poursuivi l'ancienne juge d'instruction, à propos de l'enquête menée à Bordeaux sur ce dossier.

"DONNER LES MOYENS DE TRAVAILLER AU JUGE"
L'ordonnance du juge évoque des montants de 4 millions d'euros en liquide remontés des comptes en Suisse de Mme Bettencourt "du 5 février 2007 au 7 décembre 2009", selon des extraits publiés par le Journal du dimanche. Ces retraits "correspondent aux dates que François-Marie Banier avait indiquées comme remise d'espèces à Nicolas Sarkozy", a-t-elle poursuivi.
"Le scandale, c'est qu'il y a une enquête ouverte sur l'affaire Bettencourt, mais qui ne couvre pas le financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy de 2007", a poursuivi Mme Joly. "Le test de notre démocratie, c'est de savoir si on va donner les moyens de travailler au juge Gentil", selon elle.

"QUE LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PARLE"
M. Sarkozy "est aujourd'hui directement mis en cause. Il est présumé innocent bien sûr", mais "nous lui demandons de cesser de fuir, de s'échapper, de s'abriter derrière d'autres et qu'il s'explique sur la réalité de ces rendez-vous", a déclaré, la veille, le porte-parole du PS, Benoît Hamon. "Pour dissiper les doutes (...), il faut que le président de la République parle", a-t-il résumé.
Même son de cloche du côté de Marine le Pen. "Les soupçons sur la régularité du financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy existaient déjà. Ils sont considérablement renforcés", écrit le porte-parole de campagne de la candidate du FN, Wallerand de Saint-Just. Pour ce dernier, "Nicolas Sarkozy doit maintenant avoir à répondre, avant le premier tour, à la question suivante : 'Avez-vous reçu, pour la campagne de 2007, de l'argent liquide, notamment en provenance de la famille Bettencourt ?"

"UNE MODIFICATION DES DÉLAIS D'INSTRUCTION"
Tandis que le PS, le FN et Europe Ecologie-Les Verts pressent le candidat UMP de s'expliquer, le parti centriste juge "un peu vain de demander à M. Sarkozy des explications", constatant que ce dernier "botte en touche à chaque fois que des journalistes l'interrogent sur ce sujet", explique, mardi 27 mars, le porte-parole du MoDem, Yann Wehrling, interrogé par Le Monde.fr.
Le MoDem souhaite que "le juge [Jean-Michel Gentil] puisse travailler jusqu'au bout" pour faire la lumière sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Constatant que l'affaire des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris visant Jacques Chirac a été jugée "bien trop tard", le parti de François Bayrou préconise avant tout "une modification des délais d'instruction" pour que "les enquêtes visant une personnalité politique puissent démarrer même si elles sont en exercice, dès que des faits sont établis".

En raison de son immunité, le chef de l'Etat ne peut être mis en cause ou "faire l'objet d'une action, d'un acte d'information, d'instruction ou de poursuite" durant son mandat, comme le prévoit l'article 67 de la Constitution, modifié en février 2007.
Le 18 mars, la socialiste Ségolène Royal a estimé que Nicolas Sarkozy veut remporter l'élection présidentielle car "il a peur [de] perdre son immunité", soulignant que cette perte d'immunité pourrait, selon elle, "permettre à la justice de poursuivre un certain nombre d'investigations sur un certain nombre de problèmes", citant notamment l'affaire Woerth-Bettencourt ou celle de Karachi.

DEUX VERSEMENTS ÉVOQUÉS EN 2007
Sur l'affaire Bettencourt, l'hebdomadaire Marianne et le journal Sud-Ouest ont évoqué le versement à deux reprises de 400 000 euros en liquide, en pleine campagne électorale de 2007. Le premier versement aurait eu lieu le 5 février 2007, soit à un moment où Eric Woerth, alors trésorier de l'UMP, et M. de Maistre se sont effectivement rencontrés. M. Woerth a d'ailleurs été mis en examen dans cette affaire.
Le second versement daterait du 26 avril 2007, entre les deux tours de la présidentielle. Sud-Ouest affirme "qu'une heure après ce versement, Liliane Bettencourt aurait eu une conversation avec le photographe François-Marie Banier", à qui elle aurait déclaré : "De Maistre m'a dit que Sarkozy avait encore demandé de l'argent, j'ai dit oui." Epoux de Liliane Bettencourt, André Bettencourt, ancien ministre du général de Gaulle et ex-sénateur républicain indépendant, est mort en novembre 2007.
Du côté de l'UMP, l'une des seules réactions est venue d'Alain Juppé. Interrogé sur l'affaire Bettencourt, le ministre a déclaré lundi "faire toujours confiance à Eric Woerth, qui est un garçon droit et honnête".






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