vendredi 31 août 2012

La filière nucléaire fournit une énergie d'un autre temps

Tribune d'un collectif, parue dans Le Monde du 30 août


Allô, la Terre? Il est urgent que les ministres Arnaud Montebourg et Manuel Valls posent enfin le pied dans l'univers de la société civile et de la majorité de la communauté scientifique qui défendent des scénarios de sortie progressive du nucléaire. L'Allemagne, la Belgique, l'Italie, les Etats-Unis, la Chine et le Japon considèrent tous que le nucléaire n'est pas une industrie d'avenir: tant d'inconvénients et si peu d'avantages !

Tellement d'inconvénients. Les ministres socialistes ne semblent pas croire au risque... et pourtant André-Claude Lacoste, président de l'Autorité française de sûreté nucléaire, déclarait il y a quelques mois: " Je l'ai toujours dit, personne ne peut garantir qu'il n'y aura jamais un accident grave en France." Au cours des vingt dernières années, nous avons frôlé la catastrophe majeure en France à plusieurs reprises, notamment à la centrale du Blayais (Gironde) en 1999. Si l'on appliquait la carte des zones irradiées de Tchernobyl sur un fond de carte de France, ce serait près d'un quart du territoire qui serait inhabitable pour plusieurs générations, plus d'une dizaine de millions de personnes déplacées et exposées à des risques sanitaires majeurs. La probabilité des risques augmente avec le vieillissement des centrales et le dérèglement climatique.

Et que dire des déchets qui représentent le cadeau empoisonné le plus lourd que nous allons léguer aux générations futures? Des tonnes de déchets dont les durées de vie dépassent les 100 000 ans !

Et, si l'on revient sur Terre, comment M. Montebourg peut-il défendre une industrie qui nous rend dépendants des ressources et des industries étrangères? Du combustible (l'uranium nécessaire au nucléaire en France est importé) à l'acier (nécessaire pour la construction des réacteurs) en passant par les licences d'exploitation de la filière PWR de Westinghouse venues des Etats-Unis (54 réacteurs français sur 58 sont sous licence Westinghouse).

Et si peu d'avantages. Non, contrairement à une idée reçue, le nucléaire ne permet pas de lutter contre le dérèglement climatique. D'abord, il n'existe aucune analyse comparative sérieuse qui prenne en compte l'ensemble du cycle de vie d'une centrale (l'extraction de l'uranium, le transport, la construction, le stockage des déchets pendant des milliers d'années, le démantèlement...). Ensuite, rappelons que le nucléaire ne produit "que" de l'électricité et que les émissions de CO2 proviennent de l'agriculture, des transports, de l'industrie... Se passer du nucléaire n'a donc aucun impact sur les émissions de gaz à effet de serre.

De même, les pronucléaires mettent en avant une énergie au coût très faible. Mais le coût facturé est "arbitré" par le gouvernement et la facture n'intègre pas la totalité des coûts d'investissement initiaux, de recherche, du démantèlement, du stockage des déchets ou de l'assurance. Le nucléaire n'est donc pas "en soi" une énergie peu chère.

Quant à la question de la sauvegarde de l'emploi, la position d'Arnaud Montebourg est un mystère... De nombreuses études montrent que sortir du nucléaire créerait de 2 à 3 fois plus d'emplois que la filière nucléaire: une production en unités de taille modeste, décentralisée et à productivité moindre. On est à peu près dans le même cas de figure que pour l'agriculture biologique ou paysanne par rapport à l'agriculture intensive. En Allemagne, on estime que 340 000 emplois ont été créés en dix ans dans le domaine des renouvelables et de l'efficacité énergétique suite à la décision de sortie du nucléaire.

Alors le nucléaire, une filière d'avenir ou du passé ? Après tout, la plupart des pays, y compris dits développés et bénéficiant du confort énergétique, n'ont pas recours à cette énergie. Il existe de nombreuses autres manières de produire de l'électricité ainsi que des scénarios alternatifs. L'industrie nucléaire est donc une industrie du passé et la sortie du nucléaire débarrasserait à coup sûr l'humanité de l'une des plus grandes folies humaines de ce siècle.


Franck Pupunat, porte-parole du mouvement Utopia ; Nicolas Pagnier, porteur de la contribution générale PS " socialistes, altermondialistes, écologistes " ; Pierre Lucot, membre des instances nationales d'EELV ; Myriam Michel, Parti de gauche







2 commentaires:

  1. Allo, Mme Duflot?
    Si vous n'êtes pas capable de faire entendre la voix de la raison à vos petits copains socialistes: démissionnez!!! Vous serez plus honnête et ne discréditerz pas plus longtemps un électorat soucieux de l'avenir des générations futures!

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  2. En même temps, ce n'est pas avec 2% des voix qu'elle peut se faire entendre !!

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