jeudi 2 août 2012

Retour sur Babou

Vous avez pu lire, comme moi, dans l'article d'hier, dans la série, en cours, de La Voix du Nord, cette ahurissante affaire Babou. Ahurissante par ce en quoi elle consiste, mais aussi par ce qu'elle implique et notamment par ses silences, non-dits et implications.
Souhaitant aller plus loin dans cette histoire, je reprends, ci-dessous, le texte de P. Wallart, agrémenté de commentaires personnels, mais surtout de ce que j'ai pu lire dans la Voix du Nord et Nord-Matin (Nord-Eclair) de l'époque, le journaliste n'ayant pas pu tout reprendre, vu la concision à laquelle il est astreint.


Au coeur du mois de mai 2002, l'affaire explose comme une bombe à fragmentation au coeur de la campagne législative. Une histoire qui paraît alors incroyable, et que, dix ans plus tard, tout le monde a intégré comme le scénario le plus rocambolesque qu'ait connu la vie politique héninoise. Qui est pourtant déjà bien perverse...
AA: je ne suis pas sûr que cette affaire ait eu le retentissement qu'elle aurait dû avoir. En effet, on en a très peu parlé, les années suivantes, et surtout pendant les élections suivantes, comme si personne n'en avait tenu rigueur à Dalongeville. Rendez-vous compte qu'aucun des "démocrates" présents sur la liste de 2001 n'a regimbé à la suite des révélations. La liste Dalongeville 2008 s'est constituée sans que personne ne tienne compte de "Babou"...Le plus surprenant est que Briois n'en ait jamais parlé alors qu'il avait là un moyen extraordinaire de montrer ce qu'était réellement Dalongeville. On ne m'ôtera pas de l'idée que Dalongeville faisait du chantage, avec des éléments qui "tenaient" Briois. Quant à tous ces politiques qui ont accompagné GD pendant 8 années, que dire? Couardise, peur...je ne comprends pas, sauf à imaginer que l'attrait et l'exercice du pouvoir étaient plus importants que leur conscience...
Tout commence dans la foulée du grand numéro de claquettes anti-FN de Gérard Dalongeville pendant l'entre-deux tours de la présidentielle  : manif, banderole au fronton de la mairie, grandes déclarations la main sur le coeur (AA: d'après Briois, c'est ce qui aurait attisé son courroux et lui aurait fait lâcher sa "petite phrase")... Une mobilisation payée cash lors du premier conseil municipal ayant suivi le scrutin. Lors d'une passe d'armes verbale, Steeve Briois, à la tête d'une opposition frontiste alors uniquement forte de trois élus, se dresse et pointant l'index vers Gérard Dalongeville lui lâche une petite phrase qui paraît alors sibylline pour tout le monde: "Vous voulez que je raconte à tout le monde ce qui s'est passé sur le parking de Babou !"
Visage empourpré en retour du maire qui balbutie et, dans un état second, improvise une suspension de séance pour retrouver ses esprits. L'anecdote intrigue, amuse sur le coup, mais est vite oubliée par tout le monde... Enfin pas tout à fait puisque, la curiosité aidant, à notre demande, Steeve Briois accepte finalement de décrypter cette petite phrase énigmatique. Et là, on en reste comme deux ronds de flanc... Le conseiller régional FN héninois nous explique tout simplement comment, en mars 1999, il reçoit un coup de fil de Gérard Dalongeville, fraîchement parti avec ses cliques et ses claques du cabinet de Pierre Darchicourt. AA: Nord-Matin (18/5/2002) ajoute que, dès 1996, Dalongeville, alors directeur de cabinet du Maire, Darchicourt, aurait tenté de faire "copain copain" avec Briois, notamment en l'invitant à boire le café dans son bureau. Et Briois d'ajouter: "avant l'installation du Conseil municipal, en 1995, il a approché un mes colistiers pour lui dire: "si vous ne faites pas de vague, on s'arrangera pour vous donner une place à l'Agglo"! Et ce que le socialiste propose au frontiste est tout bonnement ahurissant puisqu'en substance, il lui fait savoir qu'il préfère voir un Steeve Briois devenir maire d'Hénin plutôt que Pierre Darchicourt (AA: "l'essentiel, c'est qu'on se débarrasse de P. Darchicourt). Et lui propose de lui faire parvenir aussi régulièrement que discrètement certains documents embarrassant pour le maire d'Hénin, soustraits au cabinet avant son départ. AA: il lui propose également des révélations sur la vie privée de Darchicourt. Briois précise: "il m'a régulièrement téléphoné pour me livrer des informations et, régulièrement, je recevais des lettres anonymes anti-Darchicourt dont je connaissais l'origine... Une conversation qui pourrait être juste sortie des fantasmes de Steeve Briois... si elle n'avait été précieusement captée par l'élu frontiste sur un mini-enregistreur. Le précieux document original dormant depuis lors dans le coffre de son camarade Freddy Baudrin... Une affaire dont on soupçonne le côté éminemment vénéneux que l'on teste, le 17 mai, devant Gérard Dalongeville, dans l'intimité de son bureau majoral.
Et le moins que l'on puisse dire est que cette histoire lui fera de l'effet puisque, débordant de rage, les yeux injectés de sang et les joues rougies par un psoriasis fulgurant, le maire vitupère et entre dans une rage folle. Jusqu'à bousculer tout ce qui lui tombe sous la main. « Moi aussi, je peux raconter n'importe quoi et dire que je possède un enregistrement prouvant qu'Albert Facon a rencontré des extra-terrestres!», hurle-t-il, voyant là le signe d'une manipulation et d'une entente Darchicourt-Briois. AA: il parle de complot: "c'est Darchicourt qui est derrière S.Briois. Et puis, si Briois ne détenait qu'un début de vérité, pourquoi ne s'en est-il pas servi lors de la campagne municipale pour me démolir?" Sauf que lui, GD, pense (ou tente de faire croire) que c'est une invention, et que moi je pense que Briois et Dalongeville se neutralisent... 
De plus, il met en cause, plus directement, Darchicourt: "c'est lui qui a signé, en 1995, les certificats de domicile d'inscription sur les listes électorales de Briois qui lui ont permis de se présenter. Briois s'était, pourtant, à cette époque, domicilié chez les parents de Brice".
L'affaire devient publique et met Dalongeville au plus mal, le paroxysme étant atteint le 30 mai lors d'un débat télévisé sur les ondes de C9 lorsqu'Albert Facon, excité comme une puce par la révélation de cette histoire, sort sur la table un lecteur de cassettes et toise avec un sourire malicieux son ami Gérard pour lancer à la cantonade « Est-ce qu'il a ramené la cassette ? » et de poursuivre, goguenard, « Vas-y Gérard, fais-nous écouter la cassette ! » Dalongeville, au comble de la fureur, arrache alors son micro-cravate. Avant de tirer des salves en série contre le député sortant et faire la sourde oreille aux provocations estampillées « Babou ». Il jure ses grands dieux qu'il portera plainte pour diffamation. Mais ne le fera pourtant jamais ! 
AA: Dalongeville, pour contrer l'effet désastreux de Babou sur sa propre majorité (certains adjoints, anonymement,  s'étaient laissés aller à des états d'âme auprès de P.Wallart), tente de resserrer les liens internes. Pour ce faire, il fait paraître un communiqué (rédigé par G Bouquillon!): "le bureau municipal réaffirme son entier soutien à G. Dalongeville (aucun des adjoints ne s'est dénoncé...)
Le lendemain, il ne faut sans doute y voir qu'un méchant hasard, notre agence de La Voix du Nord est cambriolée. Heureusement, seules des cassettes audio et des CD gravés sont emportés par ces monte-en-l'air mélomanes dont on n'a jamais su qui ils pouvaient être. •

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