mardi 4 août 2015

Une vie politique (23)...


La vie d'écologiste comprend, principalement, un volet "militant". J'ai déjà raconté comment nous luttions contre les transports de déchets nucléaires, en pleine obscurité (aux sens propre et figuré)...
Une autre lutte fondamentale est celle contre la prolifération non contrôlée des OGM. Ce combat est toujours d'actualité, puisque, même si la culture de plantes OGM est interdite en Europe (sous l'influence, notamment, de la France, elle-même sous pression des Faucheurs volontaires), nous mangeons de la viande d'animaux nourris de soja argentin et brésilien, principalement. Les conséquences, mal connues , d'une telle alimentation posent problème...
Le 15 septembre 2001 (je n'étais plus élu et nous en reparlerons), Dominique Plancke, figure historique du mouvement vert français (il fut secrétaire national du parti), secrétaire régional, me téléphone pour me donner rendez-vous dans la journée à Avelin, pour une manifestation anti-OGM. Il me dit de me munir d'une bêche que j'empruntais à mon ami Yves S (ne t'en fais pas, Yves, il y a prescription...). J'embarquai deux militants béthunois et rejoignîmes une soixantaine d'autres personnes de tous bords politiques et syndicaux. Et nous étions là pour faucher une parcelle expérimentale de betteraves OGM. Nous dénoncions l’absence de protection de la parcelle. L’essai OGM a eu lieu à moins de 50 mètres d’un champ de betteraves conventionnelles, alors que les protocoles d’essais prévoient 100 mètres. Nous dénoncions également la dissémination organisée (des betteraves montées ont été retrouvées dans les parcelles génétiquement modifiées) et mettions en cause l’Etat, qui ne surveille pas des essais sous son contrôle, confiés à des entreprises privées.
Quelques années plus tard, Dominique Plancke me mit sous le nez le livre d'histoire de son fils (première ou terminale?) qui faisait état de l'action des Faucheurs volontaires (nous fûmes, d'ailleurs, parmi les premiers à médiatiser notre action). Une photo montrait un faucheur en action avec sa bêche. Et devinez qui était ce délinquant en puissance, photographié à des dizaines de milliers d'exemplaires (je n'ai jamais pu récupérer l'original de cette photo où j'apparaissais dans une activité aussi inédite pour moi)?  Les gendarmes, appelés à la rescousse par l'exploitant, se contentèrent de relever les plaques minéralogiques des véhicules, dont la mienne, bien sûr. Nous furent dix à être mis en examen. Je fus le premier, le 3/9/2003, après une garde à vue médiatisée (j'étais, en effet, assistant parlementaire de la très connue sénatrice, Marie Blandin, présidente de région de 1992 à 1998). Quelques mois plus tard naissait le "comité de soutien aux onze d'Avelin" (une onzième personne avait été retrouvée, dans l'intervalle) qui fut très actif en organisant des manifestations (je me souviens d'un fest-noz), où la Confédération paysanne (dont plusieurs militants connus étaient impliqués : Hubert Caron, Gabriel Dewalle, Bernard Coquelle) faisait festoyer les sympathisants. "Marcel est son orchestre" et les "Fatals Picards" se produisirent gratuitement pour nous... De toute la France venaient des soutiens et de nombreux autres fauchages eurent lieu dans le pays (D. Plancke y était souvent présent ainsi que quelques autres militants nordistes).
Le procès eut lieu à Lille les 29 et 30 septembre 2005 et, devant le tribunal, sur l'avenue du Peuple belge, fut organisée une magnifique fête. De nombreux journalistes étaient présents, notamment du fait de la présence de José Bové, venu témoigner de son soutien, en particulier à D. Plancke, son ami très proche et familier depuis longtemps du Larzac). Notre défense était assurée par Maître Antoine Comte, avocat de toutes les causes de ce genre, assisté par Maître Emmanuel Riglaire, bien connu dans notre région...

Jugement rendu le 3/11/2005 :
Au pénal : les 3 élus "Verts" (D. Plancke, conseiller régional et conseiller municipal à Lille, Eric Quiquet, adjoint à Lille et VP à la communauté urbaine de Lille, AA, VP du conseil régional) sont condamnés à 2 mois de prison avec sursis. Les huit autres prévenus écopent eux d'un mois de prison avec sursis. 
Au civil : les 11 d'Avelin doivent se "partager" solidairement 5.000 euros de dommages et intérêts ainsi que 300 euros chacun au titre de remboursement des frais de justice de la partie adverse. 
Compte tenu des peines encourues pour cet arrachage d’OGM (5 ans de prison, 75.000 euros d’amende et 250.000 euros de dommages et intérêts), les "11 d'Avelin" s'en sortaient bien. Par contre, cela pouvait paraître sévère par rapport à de précédents procès (amendes, dommages et intérêts plus bas, voire faits amnistiés). Nous ne fîmes pas appel...

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