jeudi 18 août 2016

Réinventons le monde...


Si vous n'avez pas vu le film "Demain", vous êtes impardonnable... Il est sorti en DVD. Il existe le livre... Non franchement, on ne vous pardonnera pas cette ignorance ! Et même si vous lisiez ce qui suit, cela ne suffira pas ! 


LE MONDE |  Par 

Auteur, réalisateur et militant français, Cyril Dion est cofondateur du mouvement Colibris avec Pierre Rabhi en 2006. Il a publié en 2015, chez Actes Sud, Demain. Un nouveau monde en marche et Demain, les aventures de Léo, Pablo et Lou en quête d’un monde meilleur. Il écrit et coréalisé avec Mélanie Laurent le film Demain, César du meilleur documentaire en 2016.



Certes il y aurait de quoi désespérer un peu. Et même de quoi se demander si mettre des enfants au monde dans le contexte actuel était bien raisonnable… Car la plupart d’entre nous le savent désormais (à moins d’être atteints de déni aigu), la situation ne va pas s’améliorer. Du moins pas toute seule.
Pour la première fois dans l’histoire, nous sommes confrontés à une conjonction de problèmes qui, en s’additionnant, pourraient conduire à la disparition d’une partie de notre espèce. On pourrait croire à un mauvais scénario de science-fiction. Malheureusement tout cela est en train de se produire. Sous nos yeux.
Il serait long et fastidieux d’énumérer tous ces troubles. Pour une partie, nous en voyons les symptômes chaque jour dans les médias : migrants, terrorisme, chômage, changement climatique, scandales politiques et financiers… Oui, ça va mal. Pourtant, il existe aussi de bonnes raisons d’espérer, comme nous le verrons plus loin. Mais commençons par les mauvaises nouvelles.
Si nous devions résumer, nous sommes confrontés à deux enjeux majeurs : l’un concerne l’augmentation intenable des inégalités (aujourd’hui, 85 personnes possèdent autant que 3,5 milliards d’autres) ; l’autre, la disparition des ressources naturelles et des espèces vivantes à une vitesse étourdissante, qui ne leur permet plus de se renouveler. Ce sont d’ailleurs ces deux facteurs qui, lorsqu’ils se combinent, précipitent la chute des civilisations. C’est ce que nous apprenait une étude américaine retentissante il y a quelques années.

Cocktail explosif

L’augmentation des inégalités résulte d’un système économique qui concentre mécaniquement les richesses dans un nombre toujours plus réduit de mains.
Schématiquement, plus vous avez d’argent et plus vous en aurez. « The poor stay poor and the rich get rich, that’s how it goes », chantait Leonard Cohen. On pourrait dénombrer un certain nombre de causes à cette situation : le mécanisme de création monétaire fondé sur la dette, l’évasion fiscale (au cœur du scandale des « Panama papers »), la spéculation effrénée, l’ultralibéralisme économique, l’hégémonie des multinationales…

Contrairement à ce que certains économistes prétendent, ce modèle ne crée pas d’emplois, au bout du compte il ne cesse d’en détruire. Il déstructure des économies entières, démantèle des services publics et jette des populations dans la pauvreté. Certes, il génère énormément de richesses mais qui sont très peu partagées. Ce qui attise la convoitise, exacerbe les tensions sociales et géopolitiques, fait le lit du terrorisme…
Assez logiquement, la crise écologique résulte, elle aussi, de ce modèle économique. La recherche effrénée de croissance matérielle, de profits immédiats nous a conduits à bâtir une société mondialisée, nourrie au consumérisme de masse.
Pour continuer à produire et à consommer sans relâche, nous rasons les forêts, vidons les océans, épuisons les sols, massacrons les animaux, polluons l’air et l’eau, tout en envoyant des quantités considérables de gaz dans l’atmosphère et en empilant les déchets.
De nombreuses études pointent désormais le risque d’un effondrement écologique sans précédent, susceptible de déclencher conflits, migrations de masse, ruptures alimentaires, cracks économique et financier… Et il pourrait intervenir dans les vingt à trente ans.
Face à cette situation, notre réponse est faible. Pour ne pas dire inconsistante. Une grande part d’entre nous attend patiemment que quelqu’un résolve le problème à notre place : nos dirigeants politiques (qui ne semblent pas décidés), de brillants ingénieurs qui inventeraient des technologies miraculeuses, des patrons d’entreprise qui verraient soudain la lumière, des activistes qui nous dérangent ou nous donnent bonne conscience selon les situations…

« Veillée d’armes »

Mais un système aussi global et complexe que le nôtre ne pourra pas changer de cette façon. Comme le répète souvent l’astrophysicien Hubert Reeves, « nous vivons une veillée d’armes ». Ce qui signifie que nous devrions être mobilisés, unis, comme à l’aube d’une guerre mondiale. Les problèmes que nous affrontons sont énormes et ils nécessitent que nous soyons ensemble pour les relever.
D’abord en mettant en œuvre dans notre vie de tous les jours, tout ce qui est en notre pouvoir pour inverser la tendance. Les possibilités sont nombreuses mais là encore nous pourrions les résumer en quelques gestes simples : manger bio, local et moins de produits animaux, économiser l’énergie, choisir un fournisseur d’électricité renouvelable, acheter tout ce qui peut être fabriqué localement à des entrepreneurs locaux et indépendants, choisir une banque qui n’a pas de filiale dans les paradis fiscaux et ne spécule pas sur les marchés, systématiquement recycler, réutiliser, réparer, composter, acheter moins et mieux (des produits bios, équitables, fabriqués dans des conditions sociales et environnementales satisfaisantes)…
Mais la société ne changera pas simplement en additionnant des gestes individuels. Il est également nécessaire de transformer nos entreprises, nos métiers, pour qu’ils contribuent à résoudre ces problèmes.
Ce que la spécialiste du développement durable Isabelle Delannoy appelle l’économie symbiotique (concept réunissant les innovations économiques de ces dernières années telles que l’économie circulaire, du partage, sociale et solidaire, bleue, le biomimétisme…) permet aujourd’hui d’envisager un monde où nos activités ne détruiraient plus les écosystèmes mais les régénéreraient tout en répartissant plus équitablement les richesses. Elle encouragerait la formation de sociétés plus autonomes et donc plus libres, tout en étant reliées les unes aux autres.
Mais cela suppose une véritable métamorphose de notre vision du monde : passer de l’avidité et de la recherche de sécurité par l’accumulation, du culte matérialiste et de la peur de manquer à un monde de coopération, de partage, où le bonheur d’être remplacerait la frénésie d’avoir.
La bonne nouvelle est que ces changements nous demanderont une immense créativité. Or, être créatif est l’une des choses les plus excitantes qui soient pour un être humain. Particulièrement lorsqu’il peut créer dans un champ qui le passionne et pour lequel il est doué.
Pour moi, c’est ici que la révolution peut commencer : renoncer au servage du travail moderne, à un certain conformisme, qui nous contraint à vendre notre temps, notre énergie, notre inventivité en échange d’un salaire, et embrasser des vocations. Des activités dont la finalité n’est plus de faire tourner la machine infernale, mais qui participent à créer une société plus épanouissante, plus en équilibre.
Certes, renoncer à une certaine sécurité nous demandera du courage. Mais que préférons-nous ? Souffrir à petite dose pendant des années, rationnellement nous asseoir sur nos rêves tandis que le bateau se dirige vers l’abîme ou connaître une existence vibrante, donner du sens, nous réaliser, avoir la satisfaction d’être utile ? Et peut-être l’emporter…

Réinventer la politique

Enfin, des mesures politiques devraient être prises. D’abord en termes de fiscalité et de régulation : taxer le carbone pour accélérer la transition énergétique vers les renouvelables, alléger la fiscalité du travail, taxer les transactions financières à caractère spéculatif, réorienter les subventions agricoles pour stimuler une agriculture biologique, vivrière, locale, qui ne détruit ni les écosystèmes ni les emplois, transformer le mécanisme de création monétaire pour progressivement se libérer de la dette.
Ainsi pouvoir consacrer des fonds aux activités d’intérêt général et pouvoir aider les plus fragiles : santé, éducation, culture, services publics…
Selon les calculs que nous avons faits pour le film Demain, nous pourrions, au bas mot, créer 1,5 million d’emplois en adoptant une ambitieuse transition énergétique, en relocalisant une grande part de notre alimentation et en montant notre taux de recyclage à 80 % (contre 25 % aujourd’hui).
Nous connaissons la plupart des solutions à nos problèmes. Et elles fonctionnent. Nous savons régénérer les sols, ralentir le dérèglement du climat, sortir des populations entières de la pauvreté, fabriquer des produits neufs à partir de déchets, produire de l’énergie à partir du soleil, de l’eau, du vent…
En quelques décennies, nous pourrions redresser la barre et sauver une bonne partie de l’humanité. Et lui permettre de vivre mieux. A condition de favoriser la coopération entre droite et gauche, citoyens et élus, législatif et exécutif. De nous unir. Et de cesser les petites guéguerres politiciennes et les stratégies électoralistes.
Aujourd’hui, nous sommes nombreux à ne nous retrouver ni dans ce que propose la droite, ni dans ce que propose la gauche. Et encore moins dans le Front national. Nous n’appartenons souvent à aucun parti. Nous sommes de simples citoyennes et citoyens. Mais nous ne pouvons plus regarder la situation se dégrader de la sorte. Il nous faut amorcer le mouvement. Et tout réinventer, y compris la politique. Nous en avons les moyens et, encore une fois, qu’y a-t-il de plus enthousiasmant ?


7 commentaires:

  1. Un nanar bien faible. Tout est prévisible, mal joué, mal filmé, mal écrit.
    Mauvais film.

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    1. Soit vous n'avez pas vu le film, soit...
      Je rappelle que ce documentaire a été vu par des centaines de milliers de spectateurs. Ce qui pour un nanar est surprenant...

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  2. Cela ne veut pas dire qu'à la fin du documentaire, tous les spectateurs ont aimé. Parfois après une projection, on est bien déçu.

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  3. J'ignore si les affirmations suivantes sont fondées, mais si elles le sont, on nous prend vraiment pour des c.ns !

    Coucou : On a l'air malin avec nos diesels qui font du 5 l au 100 !
    > Juste pour situer le degré de paranoïa des plus virulents détracteurs du véhicule diesel, il faut leur révéler les données de l'’industrie maritime que les 15 plus gros navires-cargos du monde polluent autant que l’'ensemble du milliard (en 2010) d’'automobiles de la planète.

    > Vous savez ces jolis porte-conteneurs qui nous alimentent en produits que l’on fabriquait dans nos usines délocalisées aujourd’hui, ils brûlent chacun 20.000 tonnes de carburant (10t /h) pour un aller et retour entre l’Asie et l’Europe.

    > Ces malheureux 15 navires font partie d’'une flottille de 3.500, auxquels il faut ajouter les 17.500 tankers qui composent l’ensemble des 100.000 navires qui sillonnent les mers.

    > Pour ne pas quitter le domaine maritime, rappelons que la flotte de plaisance française est d'’environ 500.000 unités, dont 5.000 yachts de plus de 30 mètres, et que le plus moyen de ceux-ci brûle environ 900 litres de fuel en seulement une heure; alors que les 24 % de foyers français qui se chauffent au fioul ont du mal à remplir leur cuve pour l'’hiver.
    Pour continuer sur le chemin de la schizophrénie paranoïde, prenons en compte
    toute la flottille de pêche et les 4,7 millions de poids lourds en transit à travers la France.
    Les 15.000 avions qui sillonnent le ciel en permanence et dont la consommation moyenne est de 5 tonnes par heure est 3 fois plus

    nocive pour le climat que l'’automobile.

    Pour compléter cette petite fable, n’'oublions pas l’'indispensable domaine agricole où la consommation moyenne d’'énergie est de 101 litres de fuel par hectare.

    > Mais pas d'’affolement, notre chère Ségolène va certainement sauver la planète en collant une nouvelle taxe sur les seuls véhicules diesel et affaiblir un peu plus notre industrie automobile, ce qui augmentera le chômage dans la foulée…

    La paranoïa du diesel...Quelques VERITES qui FACHENT !!!!!

    Comme vous le savez bien, en payant une taxe sur le gas-oil, celui-ci ne polluera plus…

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    1. Sources exactes 8H30 ,hélas!
      Enfumage de la part des décideurs politiques.

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    2. Je parie que 8:30 et 9:39 sont possesseurs de véhicules diesel...

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    3. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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